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Billet

Alstom : le patron de la SNCF en mode «no comment, no commandes»

Présentant son nouveau TGV, Guillaume Pépy a préféré éviter la question du site de Belfort, alors que l'Etat tente de lui forcer la main.
par Jean-Christophe Féraud
publié le 14 septembre 2016 à 15h33

Ambiance surréaliste mercredi matin à la gare Montparnasse: venu présenter la future rame de TGV Euroduplex «L'Océane» qui mettra Bordeaux à 2h05 de Paris le 2 juillet 2017, le patron de la SNCF Guillaume Pépy s'est obstinément refusé à faire «le moindre commentaire» sur la situation d'Alstom Belfort... l'usine qui a pourtant construit la motrice de ce nouveau TGV, aujourd'hui menacée de fermeture. «Les pouvoirs publics se sont saisis de la question du site de Belfort et le ministre des Transports Alain Vidalies est en première ligne», a-t-il martelé, en réponse aux multiples relances de la presse.

Si Pépy l'avait mauvaise, opposant aux questions sur Alstom l'air fermé d'un contrôleur face à une meute de contrevenants, c'est qu'il était venu vendre son beau TGV qui «rétrécira la carte du Sud-Ouest en faisant gagner 1h10 aux voyageurs», à la vitesse de 320 km/h, WiFi à bord en prime. Mais c'est surtout qu'il était furieux de l'oukaze d'Alain Vidalies intimant l'ordre à la SNCF de passer de nouvelles commandes à Alstom pour dissuader l'industriel de fermer son usine de Belfort. Le ministre des Transports a affirmé mardi que «si on veut sauver Alstom, il faut que tout le monde s'y mette». A commencer par la SNCF, entreprise publique qui «appartient aux Français, pas aux syndicats, ni à la direction». Une manière de signifier à Pépy, «l'Etat commande, passez commandes» pour donner du travail aux 450 salariés d'Alstom Belfort.

Après les 40 rames de L’Océane qui ont déjà coûté 1,2 milliard d’euros à la compagnie, Vidalies voudrait que le SNCF achète illico six TGV pour la ligne Paris-Turin-Milan. Et qu’elle commande à Alstom une bonne centaine de «TGV du futur» dès la fin 2017 pour un montant de 2,5 milliards, là où ses besoins se chiffrent à 50 rames maxi. Mais avec une dette de 44 milliards, la SNCF ne peut et ne veut pas se faire tordre le bras pour acheter des trains dont elle n’aurait pas besoin. D’autant qu’elle soupçonne un méchant chantage à la fermeture de Belfort de la part d’Alstom pour lui forcer la main...

On comprend pourquoi Pépy était en mode «no comment, no commandes» malgré «l’ambiance zen» des nouvelles rames de L’Océane.

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