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Banques : les raisons de la défiance boursière

¤ Les valeurs bancaires ont perdu 74 % depuis la crise de 2007. ¤ C'est encore l'un des secteurs les plus malmenés en Bourse cette année. ¤ Les banques du Nord s'en tirent mieux que celles du Sud.

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Par Pierrick Fay

Publié le 15 sept. 2016 à 01:01

Elles font figure de victimes expiatoires sur les marchés financiers. En période de stress, les valeurs bancaires et financières sont souvent dans le peloton de tête des plus fortes baisses. Cela s'est vérifié depuis le début de l'année et cela se lit dans les indices. Au sein de l'Euro STOXX 50, qui regroupe les 50 principales capitalisations de la zone euro, la finance occupe les six dernières places en termes de performance. Pour le Stoxx Europe 600, le bilan est encore pire, avec neuf financières dans le flop 10 ! Rien de surprenant alors que la composante banque de cet indice plonge de 22 % cette année.

« Carnage » boursier

Mais il faut remonter au début de la crise de 2007 pour prendre la mesure du « carnage » boursier. La chute impressionnante de 22 % depuis le début de l'année n'est finalement que la troisième plus mauvaise performance depuis le déclenchement de la crise des « subprimes ». En 2008, l'indice Stoxx Europe 600 Banks avait en effet perdu les deux tiers de sa valeur. Et en 2011, au démarrage de la crise de la dette dans la zone euro, il avait encore perdu 32,5 %. Conséquence, depuis le plus haut atteint le 20 avril 2007, le secteur bancaire européen a plongé de 74 %, onze valeurs ayant même perdu plus de 95 % en Bourse, telles UniCredit, Royal Bank of Scotland, Commerzbank, Banco Popolare, Bank of Ireland ou Alpha Bank.

Rares sont les entreprises ayant échappé à la vindicte d'investisseurs qui ont eu tendance à jeter le bébé avec l'eau du bain. Pour autant, il apparaît que les investisseurs ont commencé à faire le tri. Et, à l'image de la crise de la zone euro qui a concerné en premier lieu les pays périphériques, c'est un peu le Nord contre le Sud. Depuis avril 2007, seules six banques sont dans le vert, dont le suédois Handelsbanken, le suisse Julius Baer, le norvégien DNB et le hollandais ABN AMRO. Parmi les cinq autres valeurs ayant limité les dégâts (moins de 25 % de baisse), on retrouve pour l'essentiel des banques nordiques. La Suède et la Norvège ont en effet profité d'une croissance supérieure à la moyenne européenne. Surtout, les banques nordiques avaient déjà subi une lourde restructuration après une crise immobilière dans les années 1990. Ce qui leur a permis de mieux rebondir. En revanche, les banques allemandes sortent fragilisées de la crise malgré une croissance économique respectable. Commerzbank a perdu 35 % de sa valeur en 2016 et Deutsche Bank 41 %. Les investisseurs s'inquiètent notamment de l'endettement des deux groupes, dont les résultats semestriels ont déçu.

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Sans surprise, les banques espagnoles, italiennes, portugaises et bien sûr grecques ont payé le plus lourd tribut à la crise financière. Pour les investisseurs, les efforts de restructurations bancaires, notamment en Italie et au Portugal, ne sont pas encore suffisants, alors que le poids des créances douteuses a enfoncé un peu plus les cours des banques italiennes dans le rouge.

Une chute exagérée

Les banques françaises n'ont pas été épargnées. Crédit Agricole, Natixis, Société Générale perdant plus de 63 % depuis 2007, quand BNP Paribas plonge de 45 %. Enfin, une banque britannique s'en sort mieux, à l'image de HSBC (-31 % en sept ans, mais +4,33 % cette année), malgré le risque que fait peser le Brexit sur la prospérité de la City. Très internationale, elle est en effet moins dépendante du marché domestique britannique et moins pénalisée par la chute du sterling.

« La chute des cours boursiers des banques de la zone euro se comprend », juge Patrick Artus chez Natixis, mais elle est aujourd'hui « exagérée », alors que « la valorisation de marché ne correspond pas à la réalité de la profitabilité des banques ou de leur solidité financière ». Les investisseurs semblent d'ailleurs revenir à de meilleurs sentiments. En témoigne, la bonne tenue du secteur ces derniers jours. Alors que l'indice CAC 40 vient de perdre 4,11 % en cinq jours dans un contexte de remontée de l'aversion au risque, la Société Générale et Crédit Agricole SA ont ainsi limité leur repli à moins de 1,6 %. Le rebond des rendements sur les marchés obligataires et les espoirs de hausse des taux aux Etats-Unis n'y sont sans doute pas étrangers, tant l'avenir des banques est dépendant de la remontée des taux d'intérêt.

P. Fay

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