Le nouvel ennemi du genre humain : l'algorithme

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Ce matin, le rectorat de Paris a annoncé vouloir utiliser un algorithme pour déterminer l'affectation des lycéens. L'utilisation massive de cet outil va-t-il modifier en profondeur nos existences ?

Avec
  • Guillaume Erner Docteur en sociologie et producteur des Matins de France Culture

Tout se complique… Par exemple, il fût un temps où les photos cochonnes que l’on retirait de la circulation étaient retirées par la censure. Autrement dit, une dame ou un monsieur regardait des images et en retoquait certaines. Mais aujourd’hui, la censure, c’est un algorithme qui s’en charge. Sur Facebook, c’est un algorithme qui décide que l’origine du monde c’est la fin des haricots ou qu’une photo de la guerre du Vietnam doit être censurée parce que l’on y voit un enfant nu. Toutefois, les algorithmes doivent encore un peu s’améliorer. Ils confondent encore la photo historique et photo pédophile. Mais au-delà de cet exemple, en l’espace de quelques années, l’ennemi c’est devenu l’algorithme. Il ne se passe plus une semaine sans que l’on accuse un algorithme d’avoir mal agi. A la bourse, avec le day trading, il est accusé de mettre le souk en provoquant des mouvements pendulaires. A l’école, c’est un algorithme qui prend en charge l’orientation scolaire post-bac, et demain, c’est un algorithme qui veillera à la mixité sociale dans les collèges et les lycées. Le mot est choisi pour faire peur. Il est largement plus inquiétant que le terme de programme, alors même qu’il s’agit en réalité de la même chose. Un algorithme, ça fait bien plus trembler … comme l’incarnation ultime de la modernité glaçée et du froid calcul bureaucratique. Jadis, on attribuait cela à un processus humain sans visage … Voici incriminé un processus non humain sans visage.

En somme l’algorithme est devenu un élément central de nos sociétés, une entité inquiétante, à la fois non humaine et inhumaine ... Si bien qu’aux prochaines présidentielles, un candidat dira peut être, « mon ennemi il n’a pas de visage, mon ennemi c’est algorithme ».

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