DANS LE RETRO. Il y a 30 ans, une série d'attentats semait la terreur à Paris

LES ARCHIVES DU PARISIEN. Le 17 septembre 1986, l’explosion de la rue de Rennes clôt une vague d’attentats sanglante à Paris, dont six en moins de deux semaines.

Les Unes du «Parisien» au lendemain de trois des terribles attentats qui ont touché Paris au mois de septembre 1986.
Les Unes du «Parisien» au lendemain de trois des terribles attentats qui ont touché Paris au mois de septembre 1986. (LP archives.)

    17h25, le 17 septembre 1986, deux hommes à bord d'une BMW noire lancent une bombe devant le magasin Tati, rue de Rennes (Paris VIe). C'est un mercredi, jour des enfants, dans une des artères les plus commerçantes de la capitale. L'explosion fait sept morts et plus de cinquante blessés. «J'ai été projetée en l'air (...) c'était un spectacle d'horreur : des bras, des jambes, des mutilations terribles… puis je me suis regardée et j'ai vu que je n'avais plus que la moitié d'une jambe et que mon sang coulait.» Deux minutes auparavant, Colette Bonnivard* flânait encore insouciante devant les vitrines des magasins. Mais comme tant d'autres Parisiens, elle avait tout de même en tête les images d'horreur qui inondaient les médias cette année là.

    Depuis l'explosion de plusieurs bombes dans les Galeries Lafayette et au Printemps le 7 décembre 1985, Paris essuie en effet une série d'attentats sanglants, dont six dans le seul mois de septembre 1986. Ces derniers sont tous revendiqués par le Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient, pour le compte du Hezbollah libanais. Leur but est de faire pression sur la France pour qu'elle cesse d'apporter son soutien à l'Irak dans le conflit qui l'oppose à l'Iran. Retour sur la chronologie d'un «septembre noir» qui a plongé Paris dans la terreur.

    4 septembre : carnage évité dans un RER bondé

    Depuis les bombes dans les Grands magasins, d'autres attentats ont eu lieu sur les Champs-Elysées, près de la Tour Eiffel et dans le forum des Halles. Mais jamais autant n'ont eu lieu dans un laps de temps si court, soufflant un véritable vent de panique sur la capitale. La première alerte du mois de septembre est une attaque manquée, dans le RER, à la station Gare de Lyon. Le 4 septembre au soir, heure de pointe dans les transports en commun, un détonateur explose entre les jambes d'un passager à 18h32. Si le système n'avait pas failli, les 13 pains de plastic laissé dans un sac, sous une banquette, auraient fait un «carnage».

    8 septembre : 1 mort et 20 blessés à l'Hôtel de Ville

    Jacques Chirac l'assure, «c'est la guerre». Le Premier ministre promet «fermeté et rigueur à l'égard de la lutte contre le terrorisme». Alors qu'il tient à Matignon un conseil de sécurité sur ce sujet précis, une bombe explose dans le bureau de poste qui se trouve dans le bâtiment de l'Hôtel de Ville de Paris. L'explosion fait un mort et vingt blessés.

    12 septembre : 41 blessés à La Défense

    Après le centre ville, c'est le quartier d'affaires de Paris qui est visé. Les «fous d'Abdallah», du nom des commanditaires présumés, ont encore frappé. Trois fois en moins de huit jours. Plus d'un millier de personnes se trouvent autour de la cafétéria du centre commercial Les Quatre Temps lorsqu'à 12h30, une bombe explose. Bilan : une quarantaine de blessés, dont une vingtaine dans un état grave. La charge aurait largement pu être meurtrière mais l'engin, placé près de la grande verrière du bâtiment, s'est majoritairement dispersé vers l'extérieur.

    14 septembre : les Champs Elysées encore touchés

    C'est la troisième fois dans l'année que la célèbre artère de Paris est visée. Le 14 septembre, deux jours seulement après l'attentat de La Défense, une bombe fait un mort et deux blessés dans le Pub Renault des Champs Elysées. Les trois victimes se sont sacrifiées pour sauver les 300 clients de l'établissement : les deux policiers et l'employé du pub ont réussi à descendre la bombe dans le garage avant qu'elle n'explose. Dans le même temps, Jacques Chirac annonce les mesures prises dans la matinée en conseil de sécurité : le retour des visas pour les étrangers et l'armée aux frontières.

    15 septembre : la préfecture de police visée

    C'est l'escalade infernale. Quelques heures seulement après l'attentat des Champs Elysées, une bombe explose au coeur même de la préfecture de police ! «Il pleuvait ce matin, le terroriste a pu dissimuler l'engin sous un imperméable», tente d'expliquer un policier. La bombe était dans la salle des permis de conduire, accessible au public. Un attentat qui coûte la vie à une personne et en blesse cinquante. Soit trois morts et plus de 110 blessés en onze jours.

    17 septembre : l'attentat le plus meurtrier de la série

    «Ils ont encore tué...» En Une, notre journal affiche la désolation, le sentiment d'impuissance face au carnage désormais quasi quotidien. Il s'agit cette fois du plus meurtrier des six attentats de ce «septembre noir» : 7 morts et 52 blessés dans la rue de Rennes. Soit 10 morts et plus de 160 blessés en moins de deux semaines. Et au moins 14 morts et plus de 300 blessés attribués aux actions du Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient (CSPPA).

    C'est à l'époque un bilan extrêmement meurtrier sur le sol français qui, dans une période très courte, a marqué les Parisiens qui y ont été confrontés. Cet enchaînement sanglant s'est achevé avec l'attaque de la rue de Rennes et, définitivement, avec l'arrestation de Fouad Ali Saleh, l'organisateur présumé des actions du réseau pour le Hezbollah, le 21 mars 1987.

    VIDEO. Extrait du documentaire «Attentats de 1986, la guerre cachée»*

    * Documentaire «Attentats de 1986, la guerre cachée» diffusé en novembre 2011 dans l'émission La Case du siècle (France 5).