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Nicolas Hulot : « Rien n’est pire que de renoncer »

En septembre 2016, pour « La Matinale du Monde », l’ancien reporter-producteur de l’émission « Ushuaïa » devenu militant écologiste se confiait sur son parcours. Un an avant d’entrer au gouvernement comme ministre de la transition énergétique, il assurait qu’il avait toujours « l’intention de peser » dans le débat politique.

Propos recueillis par 

Publié le 18 septembre 2016 à 07h31, modifié le 30 novembre 2017 à 14h57

Temps de Lecture 12 min.

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Je ne serais pas arrivé là si…

… si je n’avais pas compris, très jeune, que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, que rien n’est jamais acquis, que tout est aléatoire, et qu’il y a urgence à profiter intensément de chaque instant sans remettre au lendemain.

Une histoire familiale perturbée est-elle la source de cette leçon ?

Je suis né dans une famille bourgeoise : mon premier domicile se situait rue du Ranelagh, dans le 16e arrondissement de Paris, et mon école était Saint-Jean-de-Passy. Mon arrière-grand-père maternel était issu d’une des deux cents familles les plus fortunées de France, mon grand-père paternel – qui inspira Jacques Tati – était lui-même un grand architecte, ancien Prix de Rome. Cela aurait pu faire de moi un gosse de riches, ce qui n’est certes pas une tare mais ne facilite pas l’émancipation ni l’innovation. Seulement voilà : avant que je n’intervienne et prenne moi-même mille chemins de traverse, des ruptures et accidents de parcours avaient déjà ruiné ce bel agencement.

Mon père, aventurier, avait « emprunté » les bijoux de sa mère pour aller chercher de l’or au Venezuela avec une bande de loustics qui allait de Clouzot, l’auteur du Salaire de la peur, à celui qu’on appelait Papillon. Il en revint persona non grata dans sa famille dont l’héritage lui échappera. Quant à mon grand-père maternel, joueur invétéré, il a dilapidé toute sa fortune au casino et fut donc banni par les siens. On m’avait même raconté, enfant, qu’il était mort ! Quand ma mère allait lui rendre visite, elle nous laissait dans la voiture en prétextant aller voir un ami. C’est vous dire combien le silence prévalait dans cette famille qui, même ruinée, s’efforçait de sauver les apparences. Jusqu’à ce que tout s’accélère avec la mort précoce de mon père, seul et déprimé, quand j’avais 15 ans, puis le suicide de mon frère quand j’en avais 19. Tout cela vous balance dans la vie brutalement. Et vous oblige à prendre seul votre envol.

Lesté d’un poids certain…

J’ai à vie un poids dans l’estomac et dans l’esprit. Et, au plus profond de moi, un manque, une tristesse, une solitude. Que je m’efforce d’occulter parce que je ne vis pas dans le souvenir. Les photos chez moi sont enfouies. Je ne les regarde pas car elles me sont insupportables. Le passé m’est insupportable.

Le passé douloureux ?

Tous les passés. Heureux ou malheureux. D’abord, et par définition, parce qu’on n’a pas de prise dessus. Et quand il s’agit de souvenirs heureux, je ne veux pas céder à la nostalgie que Victor Hugo décrit si bien comme « le bonheur d’être triste ». Revoir les visages qui ne sont plus là… Non. Il y a des tiroirs et des dossiers que je ne souhaite pas ouvrir. Je suis un homme du présent.

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