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Farida B., fichée S, bientôt libérée de prison pour "vice de forme"?

La prison de Lyon-Corbas, où est détenue Farida B., fichée S.

La prison de Lyon-Corbas, où est détenue Farida B., fichée S. - Jean-Philippe Ksiazek - AFP

Info BFMTV - En détention provisoire à Lyon pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte terroriste", Farida Bekhaled, 36 ans, pourrait très vraisemblablement être remise en liberté ce lundi. La faute à un fax, qui n'est jamais arrivé à destination.

Un simple fax qui ne passe pas. Et une présumée jihadiste, fichée S, remise en liberté? C'est bien ce qu'il risque de se passer, ce lundi, selon les informations de BFMTV. Farida Bekhaled, 36 ans, est actuellement incarcérée en détention provisoire à la prison de Lyon-Corbas pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte terroriste". A la suite d'un vice de forme, elle pourrait tout simplement retrouver sa liberté en ce début de semaine.

Une éventualité qui inquiète fortement les autorités, tant la famille de Farida Bekhaled possède de lourds antécédents en matière de jihad: trois de ses petits-frères, Mohamed (33 ans), Farid (29 ans) et Rafik (31 ans) sont actuellement en Syrie, faisant l'objet de mandats d'arrêt. Deux autres, Karim (24 ans) et Reda (21 ans) étant, eux, également incarcérés dans le même dossier que leur soeur, en lien avec Forsane Alizza.

Une convocation adressée trop tard

Que s'est-il passé? Mercredi 14 septembre, Farida B. est convoquée à une audience devant le juge des libertés et de la détention, qui doit statuer sur la prolongation de son incarcération préventive. Contre toute attente, cette dernière est refusée à la suite d'un vice de forme.

Dans le détail, l'avocate de la jihadiste présumée, Me Vincent, n'a pas été convoquée à cette audience dans le délai légal, qui est de cinq jours ouvrés avant le rendez-vous en question. Bien consciente de la brèche qui vient de s'ouvrir, l'avocate n'assiste pas à l'audience en question. Quant au juge, il n'a d'autre choix que de remettre en liberté la trentenaire.

Rapidement averti, le parquet de Paris ne l'entend pas de cette oreille et a immédiatement fait appel de cette demande de remise en liberté. Le sort de cette affaire est désormais entre les mains de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris, dont la décision est attendue dans les prochaines heures. Si l'appel est rejeté, ce qui ne serait pas du tout surprenant pour ce genre de cas de figure, Farida Bekhaled pourrait être libre le soir même.

Un fax qui ne passe pas, et un recommandé en retard

Comment une telle erreur a pu être commise? Tout commence le mardi 6 septembre, à midi, quand le greffe du juge en question envoie la convocation de Farida B. à son conseil. Problème: le fax ne passe pas, "impossible d'atteindre la destination" affiche l'appareil vieillissant.

Le temps pressant, le greffe change son fusil d'épaule et poste le précieux document en pli recommandé, avant 15 heures. Techniquement, il doit alors arriver le lendemain, mercredi 7, chez Me Vincent, respectant ainsi le délai légal. Il n'en sera rien.

Pour une raison inexpliquée, la lettre ne part que le lendemain, et tout est décalé d'une journée: l'avocate de Farida Bekhaled ne reçoit la convocation que le jeudi 8 septembre. Le délai légal étant calculé à partir du jour où le pli est reçu, seuls quatre journées séparent la convocation de l'audience, au lieu des cinq nécessaires (puisqu'il s'agit de jours "ouvrés", le week-end n'est pas compté). C'est un vice de forme.

Le ministère de la Justice très attentif

Un cadeau inespéré pour la présumée jihadiste. Qui ne fait pas du tout rire au ministère de la Justice, le cabinet du garde des Sceaux ayant été alerté. Une affaire suivie de très près, jusqu'au ministre.

Jé. M. avec Dominique Rizet