Eleves de confession musulmane dans une école musulmane à Aubervilliers, le 19 septembre 2013

L'école musulmane Al Badr, qui accueillait 95 élèves, a été créée en 2013 dans la zone sensible du Grand Mirail, à Toulouse. Photo d'illustration.

afp.com/Lionel Bonaventure

"Harcèlement administratif" ou non respect "du droit de l'enfant à l'instruction"? Début septembre, l'école musulmane Al Badr à Toulouse, en Haute-Garonne, a fermé sur décision de l'inspection académique.

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Côté Toulousea révélé la semaine dernière qu'une lettre, envoyée le 20 juillet par l'académie de Toulouse aux parents d'élèves, les enjoignait à ne pas inscrire leurs enfants au sein de cet établissement créé en 2013 dans la zone sensible du Grand Mirail. Les 95 élèves, de la maternelle à l'élémentaire, ont dû trouver une autre école, sous peine d'être sanctionnés de six mois de prison et 7500 euros d'amende.

Un "enseignement déficitaire"

Motif: l'établissement ne respecterait "ni le droit de l'enfant à l'instruction, ni l'objet de l'instruction obligatoire". L'inspection académique explique que "l'enseignement paraît très déficitaire dans tous les domaines en dehors de l'enseignement de l'arabe" et reproche "un défaut de planification des apprentissages".

Contactée par L'Express, l'académie de Toulouse ne souhaite pas communiquer. La préfecture de Haute-Garonne précise, elle, que "des vérifications sont en cours".

Le directeur de l'école, l'imam Abdelfattah Rahhaoui, dénonce ce lundi dans Le Parisien un "acharnement administratif sans aucun fondement" évoquant notamment de la "pure persécution". "Oui je suis religieux, oui je suis musulman, oui je suis barbu mais cela ne fait pas de moi pour autant un radicalisé (...) Tous ceux qui ont rejoint les rangs de Daech sont passés par l'école publique et jamais par une école religieuse", ajoute-t-il dans le quotidien.

Abdelfattah Rahhaoui, une personnalité controversée

Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) suggère dans un communiqué "un véritable harcèlement administratif de la part des autorités locales". "Ce sont de multiples visites de l'inspection académique, de l'inspection du travail et de la police qui se sont succédé depuis trois ans", indique le collectif. Le Défenseur des droits devrait être saisi de l'affaire, selon Le Parisien.

Personnalité controversée, Abdelfattah Rahhaoui, connu pour ses positions conservatrices, est souvent décrit comme proche des salafistes. Imam et ingénieur de formation, il a fondé le collège privé musulman Alif à Toulouse et donnait des cours de religion à Souad Merah, soeur de Mohamed Merah, qui serait actuellement en Syrie.

Depuis quelques mois, l'Education nationale tente de remettre de l'ordre dans le maquis des 1300 établissements hors contrat, dont une quarantaine se revendiquent comme musulmanes. Après les attentats du 13 novembre, une série d'inspections "surprise" avait été lancée dans une vingtaine d'établissements considérés comme "problématiques". Verdict: huit d'entre eux, s'ils n'infléchissaient pas le niveau et leurs pratiques, pouvaient faire l'objet d'une fermeture.

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