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Musulmans de France : les questions que pose l'étude de l’Institut Montaigne

Dans les colonnes du JDD ce dimanche 18 septembre, une étude menée conjointement par l’Ifop et l’Institut Montaigne s’intéresse aux comportements et pratiques des musulmans de France. Une étude qui fait polémique.

Par Samuel Chalom

Publié le 19 sept. 2016 à 16:56

Elle ne cesse de faire réagir le microcosme politique et les médias. Baptisée "Un islam français est possible", l’étude menée par l’Ifop et l’Institut Montaigne est une première dans son genre. Et qui dit pionnier, dit aussi prudence. "Il convient d’utiliser ses résultats avec précaution et mesure. Les enseignements qu’elle indique reflètent un état de l’opinion à l’instant de sa réalisation et non pas une prédication", prévient l’Institut. Mais malgré ces mises en garde, l'étude suscite des réactions. Les questions qu'elle pose.

1. Quelle méthodologie ?

L’étude se base sur un panel de 15.459 personnes de 15 ans et plus, se voulant représentative de la population musulmane de France métropolitaine. "Nous nous sommes ensuite concentrés sur un petit échantillon de 1.029 personnes, dont 874 se définissent comme musulmans", explique Antoine Jardin, docteur en science politique, ingénieur de recherche au CNRS et coauteur de l’étude. Dès le départ, l’Institut Montaigne et l’Ifop sont partis avec une difficulté de taille : il est interdit, en France, de réaliser des statistiques ethniques. C’est pourquoi, les recensements de l’Insee ne permettent pas de disposer de chiffres précis sur la population musulmane française.

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L’Institut lui-même reconnaît les limites de son exercice. "La marge d’erreur moyenne d’un sondage effectué auprès d’un échantillon de 1.000 personnes est d’environ 3%", et peut monter jusqu’à "6 à 8%" pour un sous-groupe, catégorie dans laquelle se range la population musulmane. Alors que faire pour améliorer la fiabilité des chiffres ? "Nous défendons la possibilité de réaliser des statistiques religieuses , qu’il faut distinguer des statistiques ethniques", répond Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, "il est toujours plus intéressant de bénéficier de résultats robustes".

2. 28% de musulmans "rigoristes", ça veut dire quoi ?

Depuis la publication de l’étude dans les colonnes du JDD dimanche, médias et politiques reprennent en cœur le chiffre de 28% de musulmans dit "rigoristes". Un chiffre qui se révèle, en fait, être la contraction de 2 catégories de musulmans plus complexes qu’elles n’y paraissent. Il y a d’abord les "autoritaires", 13% des sondés, qui se définissent comme tel :

Il y a ensuite les "durs", 15% des sondés, aux pratiques religieuses définies comme suit :

A l’Institut Montaigne, on se reconnaît moins dans l’expression "rigoriste", qui n’est d’ailleurs pas utilisée pour qualifier les différentes catégories de musulmans français, que dans le terme "autoritaire", "souvent utilisé en science sociale, et que nous préférons puisqu’il est plus universel et pourrait s’appliquer à d’autres types de population", précise Laurent Bigorgne.

3. Et après, qu’est-ce qu’on fait ?

L’étude ne s’arrête pas à un panorama de la population musulmane française. Elle propose aussi des pistes de réflexion, des recommandations pour améliorer l’intégration de l’Islam en France. Parmi les quelques mesures-phares évoquées, la création d’un poste de grand imam de France, censé représenter l’ensemble de la communauté musulmane française face au manque de légitimité du Conseil français du culte musulman (CFCM), mais aussi l’enseignement de l’arabe classique à l’école, plutôt que dans les mosquées ou les écoles coraniques, ou encore la création d’un secrétariat d’État chargé des affaires religieuses et à la laïcité, rattaché au Premier ministre.

"Sur le modèle de ce qui se fait déjà avec le casher, il faut établir une redevance sur le halal , pour financer la construction de lieux de culte et les salaires des imams", continue Laurent Bigorgne. L’argent récolté via cette "taxe halal" serait alors centralisé via la création de l’Association musulmane pour un islam français, organe chargé de redistribuer l’argent perçu. Plus original encore : l’élargissement du concordat d’Alsace-Moselle, qui permet à l’Etat de salarier les ministres de cultes, aux musulmans de France. A voir si les politiques s’empareront ensuite de ces propositions.

Samuel Chalom

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