La sortie sur les écrans américains du film d’Oliver Stone sur Edward Snowden coïncide avec de nouveaux appels pour que Barack Obama accorde son pardon au lanceur d’alerte.

Mais cette idée divise la presse américaine. The New York Times a ainsi ouvert ses colonnes aux organisations de défense des droits de l’homme Human Rights Watch et Amnesty International, prenant fait et cause pour le lanceur d’alerte à l’origine des révélations sur les programmes de surveillance de la NSA, la puissante agence de renseignement américaine.

La sécurité nationale avant tout

The Washington Post a, de son côté, publié un éditorial appelant à ne pas pardonner à Edward Snowden.

Dans cet éditorial, le quotidien de la capitale américaine souligne que le lanceur d’alerte a “violé la loi ainsi que ses serments et obligations contractuelles lorsqu’il a décidé de copier 1,5 million de documents classifiés, puis a pris la décision de les rendre publics en les faisant fuiter à la presse”.

Le journal reconnaît cependant que la fuite orchestrée par le lanceur d’alerte sur la collecte de métadonnées à ouvert la voie à une réforme utile des agences de renseignement américaines, mais il reproche à l’ancien sous-traitant de la NSA d’avoir également fait fuiter des informations sensibles autour du programme de surveillance Prism, “causant ainsi des dommages importants à la sécurité nationale des Etats-Unis”.

Pour The Washington Post, la meilleure solution pour régler la situation d’Edward Snowden serait que celui-ci accepte “une transaction dans laquelle il reconnaîtrait sa culpabilité tandis que le gouvernement américain pourrait faire preuve de clémence à son endroit”. En revanche, le quotidien souligne qu’“un pardon pur et simple accordé au lanceur d’alerte donnerait un mauvais signal”.

Non-assistance à source en danger

Cet éditorial a fait du bruit dans le landerneau médiatique puisque, comme le souligne le site The Intercept, c’est la première fois qu’un journal prestigieux demande que l’une de ses sources soit jugée.

Trois des quatre médias qui ont reçu et publié une large partie des documents dévoilés par le lanceur d’alerte Edward Snowden – à savoir The Guardian, The New York Times et The Intercept“ont demandé au gouvernement américain que le lanceur d’alerte puisse revenir sur le sol américain sans être poursuivi”, rappelle The Intercept.

Soit “un comportement normal pour des médias qui ont le devoir de protéger leurs sources ; tandis que The Washington Post a, lui, fait preuve de couardise et d’hypocrisie”, assène le signataire de cet article qui n’est autre que Glenn Greenwald, un ancien avocat, cofondateur du site The Intercept et l’un des tout premiers journalistes à avoir eu accès au lanceur d’alerte Edward Snowden lorsqu’il était en cavale à Hong Kong.