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Souffrance animale : comment changer les méthodes des abattoirs

+ VIDEO - La commission d’enquête sur les conditions d’abattage des animaux a rendu ses conclusions ce mardi. L'association L214 a publié une nouvelle vidéo choc dans un abattoir de moutons.

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Plusieurs problèmes ont été constatés dans les abattoirs français, notamment un rythme d’abattage trop élevé dans certaines entreprises.

Par Marie-Josée Cougard

Publié le 20 sept. 2016 à 07:05

« Il n’y a pas de bons ou de mauvais abattoirs. Il y a des problèmes partout. Et incontestablement des solutions », estime après des mois d’enquête sur les conditions d’abattage des animaux en France, Olivier Falorni, député radical de gauche de Charente-Maritime. L’homme préside la commission créée après la diffusion des vidéosde l’association L214 dénonçant la souffrance animale. Cette commission a présenté ce mardi ses préconisations pour améliorer le fonctionnement des abattoirs.« Rien de ce qui a été ainsi montré n’est faux. Le montage des vidéos renforce la barbarie stigmatisée, mais les gestes sont là », explique Olivier Falorni. « La grande diversité de personnes auditionnées, ainsi que les visites que nous avons effectuées sur place nous ont permis de recouper les éléments à charge. »

La commission d’enquête s’est aussi appuyée sur l’audit des abattoirs« très complet, témoignant d’une réelle volonté de transparence », effectué par le ministère de l’Agriculture et les services vétérinaires. Le député de La Rochelle affirme avoir « pu pousser toutes les portes », malgré l’existence d’une « omerta » et de « bunkers ».

Des contrôles vidéos obligatoires

Pour Olivier Falorni, les problèmes rencontrés dans les abattoirs ont plusieurs origines. Le rythme des abattages, de 800 à 900 porcs par heure dans certaines entreprises, pointé comme une « dérive de l’industrialisation » par certaines personnes lors de l’enquête, en est une. Les dysfonctionnements matériels aussi. La formation est un autre point qui pose problèmeet qui doit être profondément repensée.

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Nous espérons que les préconisations des enquêteurs seront financièrement supportables par la filière.

Parmi les 65 propositions avancées par la commission pour améliorer la situation figurent l’installation obligatoire de caméras dans les endroits « critiques » des abattoirs, là où les animaux sont tués par exemple. Autre mesure phare : l’augmentation des effectifs des services vétérinaires pour permettre la présence obligatoire d’un agent vétérinaire dans les établissements de plus de 50 employés.

L’abattage rituel décrié

La commission veut aussi encourager la pratique d’un étourdissement préalable à l’égorgement qui serait compatible avec les méthodes d’abattage rituel des cultes juif et musulman. L’abattage sans étourdissement préalable, pratiqué dans le cadre d’abattage rituel musulman, a été abondamment décrié. Les scientifiques reconnaissent un niveau de souffrance extrême des animaux ainsi abattus. Mais la question embarrasse le pouvoir politique. L’association L214, qui en fait un point dur de ses revendications, n’a pas l’intention de relâcher la pression à cet égard. Elle a diffusé ce mardi une vidéo réalisée pendant les fêtes musulmanes de l’Aïd montrant l’abattage de centaines de moutons sans étourdissement dans une entreprise de Nouvelle-Aquitaine. L214 en a profiter pour lancer une pétition contre cette pratique.

La vidéo de L214 dans un abattoir de moutons (attention, certaines images peuvent choquer)

Pas de nouvelle loi mais des sanctions renforcées

Les changements à opérer pour réduire la souffrance animale ne requièrent pas nécessairement de nouvelles lois, juge Olivier Falorni. Dans la plupart des cas, « les textes existent ». La commission d’enquête propose cependant de requalifier les actes de malveillance en délit en cas de récidive, afin de « mettre fin au sentiment de quasi-impunité de certains opérateurs » dans les abattoirs.

Les propositions du rapport n’entraîneront pas tous de gros investissements. Le niveau des dépenses à engager est une crainte majeure du monde de l’élevage, qui rappelle sa situation très précaire. « En tant qu’éleveurs, nous ne pouvons que dénoncer la souffrance animale, mais nous espérons que les préconisations des enquêteurs seront financièrement supportables par la filière », a déclaré Jean-Pierre Fleury, président de la FNB. Sollicitées par « Les Echos », les entreprises ont refusé de s’exprimer avant la présentation des ­conclusions de la commission d’enquête.

Marie-Josée Cougard

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