Sarkozy-Buisson, la fin de l'histoire
Pourquoi Nicolas Sarkozy a mis de la distance avec Patrick Buisson, l'inspirateur de sa campagne de 2012.

Info ou intox? Patrick Buisson a beau démentir qu'il n'a jamais enregistré ses conversations avec Nicolas Sarkozy, le sulfureux conseiller de l'ancien président ne parvient pas à dissiper le malaise. Révélée par l'hebdomadaire Le Point dans un bref article non signé, l'information, aussitôt démentie par Me Gilles-William Goldnadel, l'avocat du président de la chaîne Histoire, a plongé la droite dans un silence où se mêlent embarras chez certains, soulagement chez d'autres.
Nicolas Sarkozy n'a pas souhaité que son entourage et ses amis politiques commentent cette annonce. En réalité, cette drôle d'affaire arrive peut-être à point nommé. La présence du chantre de la fusion des droites dans le premier cercle sarkozyste commençait à devenir embarrassante au moment où l'ex-futur retraité de la politique envisage de revenir sur un positionnement plus modéré et rassembleur que droitier et clivant.
"Il a enfin compris que Buisson est radioactif"
Nicolas Sarkozy, qui a rencontré Patrick Buisson mardi avant son départ pour Singapour, n'aurait pas évoqué ces enregistrements. Ses proches jouent le détachement. "À ma connaissance, la police n'a pas les bandes", confie un intime de Sarkozy, faisant allusion à l'enquête portant sur la commande de sondages par l'Élysée dans laquelle Buisson est cité. La police a d'ailleurs été amenée à perquisitionner le domicile du conseiller.
Depuis la défaite de 2012, Sarkozy se serait peu à peu éloigné de son ancien inspirateur. "Il a enfin compris que Buisson est radioactif", se félicitait un autre visiteur du soir au printemps dernier après la fatwa lancée par Buisson contre la candidature de NKM, chouchoute de Sarkozy, à la primaire parisienne. "Il ne le voit plus très souvent et il doit vraisemblablement être un peu vexé", rapporte un sarkozyste. L'ex-patron de Minute aurait été reçu seulement cinq fois en un an et demi dans les bureaux de l'ancien chef d'État, rue de Miromesnil. Autant dire que l'opération "débuissonisation" a commencé.
Prudent, un ami précise que Patrick Buisson "n'est pas blacklisté", mais que "Nicolas Sarkozy n'a jamais été 'gourouisé' par qui que ce soit". Avoir Buisson comme ennemi, ce serait sans doute pire que tout. Tout se passe donc comme si l'ancien conseiller était "débranché" en douceur. Un grand classique, selon un fin connaisseur de l'homme de la rupture. "Le sarkozysme, c'est d'abord le cimetière des anciens favoris", explique ce dernier, citant notamment le nom de l'éphémère porte-parole de l'Élysée, David Martinon.
Les Français ne croient pas encore au nouveau Sarkozy
Et puis, la fameuse ligne Buisson ne peut, à elle seule, lui garantir une remontée dans les sondages de second tour, sésame pour s'imposer sans primaire, face à ses rivaux à droite en 2017. "Nicolas Sarkozy ne peut pas être l'homme d'une seule ligne. Il ne va pas se limiter à la France de Maurras", abonde un autre en se référant au modèle de l'ancien conseiller. Pour son retour, Sarkozy préfère Charles de Gaulle plutôt que Charles Maurras. Et du coup, veut redessiner aux yeux des Français, le paysage sarkozyste. "Vous passez votre temps à citer des personnes qui ne sont pas mes proches et que je ne vois jamais", faisait remarquer l'ex de l'Élysée il y a deux semaines aux journalistes qui l'accompagnaient en Charente-Maritime. Il n'a pas prononcé de noms. Du coup, dans cette guerre de position, tout le monde s'observe du coin de l'œil. "C'est d'abord une bataille d'entourage", veut croire Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet de Jean-François Copé, très apprécié rue de Miromesnil. Beaucoup se demandent ce qu'il adviendra de la Droite forte, courant ultrasarkozyste, inspiré au départ par Buisson.
Un de ses deux leaders qui est proche de l'ancien conseiller, Guillaume Peltier, continue à dialoguer avec l'ex-président. "C'est tout Sarkozy ça, plus il s'éloignera de Buisson, plus il se rapprochera de Peltier", s'amuse un observateur avisé de ce fait de cour. L'autre chef de la motion arrivée en tête au congrès de l'UMP, Geoffroy Didier, issu, lui, de la branche Hortefeux de la famille sarkozyste, fait remarquer que "Sarkozy est dans une phase d'addition, pas de rejet. Il veut s'ouvrir et il a raison".
Reste que ses derniers messages envoyés ne partent que dans une seule direction : déplacement récent en Charente-Maritime en compagnie des figures centristes (Raffarin et Bussereau), et cette semaine, soutien appuyé à NKM à Paris et à David Lisnard, l'un des deux candidats UMP à la mairie de Cannes. Celui qui a évidemment le profil le plus modéré. Et qui de plus, cela ne gâche rien, est catalogué filloniste. Mais il va lui falloir encore s'activer. Les Français ne croient pas encore au nouveau Sarkozy. Selon un sondage CSA pour Nice Matin, 69 % d'entre eux assurent qu'ils ont toujours la même image de lui depuis sa défaite.
Source: JDD papier

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