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Un site pour « démystifier » le discours de Marine Le Pen sur le féminisme

Une coalition d’associations, de syndicats et de partis politiques a lancé une plate-forme Internet pour dénoncer « l’instrumentalisation du discours féministe » par la présidente du Front national.

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Publié le 22 septembre 2016 à 18h07, modifié le 23 septembre 2016 à 06h38

Temps de Lecture 3 min.

Marine Le Pen, féministe ? Non, répond une vingtaine d’organisations, qui a lancé, jeudi 22 septembre, le site Internet Droits des femmes contre les extrêmes droites.

Le noyau de cette coalition est constitué d’associations féministes de sensibilités diverses (Collectif national pour les droits des femmes, Osez le féminisme !, Femmes solidaires, Les Effronté-e-s, Coordination pour le droit à l’avortement et à la contraception, Marche mondiale des femmes, etc.), auxquelles se sont joints des syndicats, associations et partis politiques de gauche (CGT, FSU, Vigilance syndicale antifasciste, Ligue des droits de l’homme, Europe Ecologie-Les Verts, PCF, etc.), habitués à faire alliance (c’était par exemple le cas contre la loi travail).

Les militantes observent que le vote Front national (FN) rassemble de plus en plus de femmes, même si elles continuent à lui accorder moins de suffrages que les hommes. « L’écart se réduit, il était de 6 points en 2002 et seulement de 2 points en 2012, dit Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes, à l’origine de l’initiative. Mais il n’est pas stabilisé. Pour Mme Le Pen, capter l’électorat féminin est un enjeu important. »

« Notre objectif est de démasquer le discours des extrêmes droites, en particulier du FN », explique Mme Rojtman. Pourquoi cibler en particulier la présidente du parti, Marine Le Pen, alors que s’ouvre une campagne électorale au cours de laquelle tous les candidats prendront position sur le sujet ? « Parce qu’elle se pose en défenseuse des droits des femmes, répond Suzy Rojtman. Elle cite Simone de Beauvoir. En tant que féministes, nous avons une responsabilité. Nous devons nous exprimer. »

Violence au sein de la famille et avortement

Manifestation en face de la cathédrale de Cologne (Allemagne), le 9 janvier 2015, suite aux agressions sexuelles qui ont eu lieu le soir du réveillon du Nouvel an.

C’était le cas notamment dans une tribune publiée en janvier par L’Opinion à la suite d’agressions de centaines de femmes à Cologne, en Allemagne, agressions auxquelles des migrants avaient largement pris part, et qui a particulièrement fait bondir.

En tant que « femme française libre, qui a pu jouir toute sa vie durant des libertés très chères, acquises de haute lutte par nos mères et nos grands-mères », la présidente du FN redoutait que « la crise migratoire signe le début de la fin des droits des femmes ».

Selon le collectif, Mme Le Pen n’est pas ce qu’elle prétend être. « Le discours féministe est instrumentalisé au service du racisme et de la xénophobie, analyse Mme Rojtman. Selon elle, seuls les étrangers seraient auteurs de violences. Comment le savoir quand aucune statistique ethnique n’existe ? Nous condamnons ce qui s’est passé à Cologne. Nous sommes aux côtés des victimes, mais nous disons que d’autres violences existent, notamment dans les chambres à coucher. Dans le discours du FN, la famille est toujours présentée comme une protection, alors que c’est au sein de la famille que se déroulent la plupart des violences. »

L’autre grand motif d’inquiétude est le droit à l’avortement. Même si elle se positionne aujourd’hui pour le maintien en l’état de la loi Veil, les déclarations passées de Marine Le Pen ont marqué les esprits. « C’est extrêmement ambigu, analyse Mme Rojtman. Elle dit qu’elle est pour l’interruption volontaire de grossesse [IVG], mais en 2011 elle était favorable à son déremboursement. En 2012, elle réclamait la liberté de ne pas avorter et préconisait l’adoption prénatale, qui est proche de la gestation pour autrui [GPA]. »

Décrypter les prises de parole

S’agissant de la famille, les militantes se reportent au programme de 2012, qui prônait la création d’un revenu parental, potentiellement attractif pour les femmes précaires, mal payées, employées à temps partiel, mais soupçonné d’être un instrument du retour des mères au foyer, dans la lignée du discours du « vieux » FN.

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Le site Internet entend consigner, analyser et mettre en relation les prises de parole des responsables nationaux, les votes des élus FN à l’Assemblée nationale et au Parlement européen et les politiques menées dans les municipalités FN. Il sera alimenté pendant la campagne et au-delà.

Il vise également « les mouvements traditionalistes et familialistes qui instrumentalisent le discours féministe ». La Manif pour tous, très engagée dans le combat contre la loi sur le mariage pour tous, mais aussi contre la GPA (comme de nombreuses féministes de gauche) en fait partie, selon ces militants.

« L’idée est de produire des articles les plus lisibles possible pour que le plus grand nombre puisse y avoir accès, explique Luz Mora, du collectif Vigilance syndicale antifasciste. Les militants associatifs, politiques et syndicaux y trouveront aussi des arguments pour s’opposer à un discours qui se diffuse de plus en plus dans la société. »

Jusqu’à présent, associations et personnalités s’étaient exprimées sur ce sujet en ordre dispersé. Cette union suppose de mettre sous le boisseau des divergences. « Sur la laïcité, nous avons des sensibilités différentes, constate Mme Rojtman. Là, il s’agit d’être ensemble, nous cherchons le compromis. »

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