En Colombie, on fait tout pour effacer la mémoire du seul président noir du pays

Jeunes femmes près du sanctuaire San Pedro Claver à Carthagène des Indes ©Maxppp - Ricardo Maldonado Rozo
Jeunes femmes près du sanctuaire San Pedro Claver à Carthagène des Indes ©Maxppp - Ricardo Maldonado Rozo
Jeunes femmes près du sanctuaire San Pedro Claver à Carthagène des Indes ©Maxppp - Ricardo Maldonado Rozo
Publicité

Il s'appelait Juan José Nieto Gil. C'est vrai qu'il n'a pas été président bien longtemps : six petits mois entre janvier et juin 1861.

  • En Colombie, on fait tout pour effacer la mémoire du seul président noir du pays

C'est vrai aussi que la Colombie a longtemps eu d'autres chats à fouetter qu'à compter le nombre exact de ses présidents.

Nieto Gil était le 14ème. Mais ce qui est étonnant, c'est qu'aucun livre d'histoire du pays n'a conservé la mémoire de cet homme, descendant d'esclaves et donc seul président noir du pays. C'est comme si il avait été délibérément effacé de la mémoire collective.

Publicité

Pourquoi, il n'a pas démérité : c'est tout de même à lui qu'on doit le premier texte abolissant l'esclavage en Colombie. C'est même lui qui a écrit le premier roman vraiment national, c'est-à-dire écrit en Colombie : une bluette intitulée La Fille de Calamar.

Il existe un seul et unique portrait de lui. Un portrait que l'on a retrouvé dans les caves des archives de Carthagène, sur la côte caraïbe colombienne.

Un portrait rongé par l'humidité, mais où on reconnaît bien le président Nieto Gil ceint de l'écharpe tricolore présidentielle. Mais il y a un problème : son visage et ses mains ont été blanchies. Et on sait même où : à Paris, lors d'une restauration plutôt maladroite.

En fait, il était tellement insupportable à l'élite blanche et descendante d'Espagnols d'avoir eu, ne serait-ce que six mois, un président noir, qu'elle a envoyé son seul portrait officiel se faire blanchir la peau en France.

Comme le résultat n'était pas encore assez probant, les caciques de l'époque ont décidé d'être plus radicaux encore : le portrait a été remisé dans les caves, la tombe du président Nieto Gil a été saccagée et le son seul buste connu, détruit.

L'opération d'effacement a presque réussi : pendant 150 ans, personne n'a jamais rien su du président noir Nieto Gil, pas plus les historiens que les Noirs colombiens, qui de toutes façons, sont les grands oubliés de l'histoire du pays.

Saviez-vous qu'il y a 10% de Noirs en Colombie, tous descendants d'esclaves ? Mais aussi des Afro-Péruviens, des afro-équatoriens et des Afro Boliviens (respectivement 4 et 7% de la pop.) Non, personne ne s'en doute et croyez-moi pas pour de bonnes raisons.

Enfin, une bonne nouvelle : l'actuel président colombien, Juan Manuel Santos, a rapatrié le seul tableau de son prédécesseur noir. Il figurera désormais dans la galerie de portraits officiels des présidents colombiens. Il a retrouvé sa couleur d'origine.

  • On reste en Amérique latine pour la revue de presse

On va commencer par le Mexique et l'un des titres les plus amusants qu'il m'ait été donné de lire ces derniers temps à la une du quotidien Excelsior : « Trump monte, le peso baisse ». Le quotidien y voit un rapport évident de cause à effet :

La possibilité croissante d'une élection de Donald Trump fait plonger notre monnaie nationale : les marchés sont nerveux à l'idée que, lui président, il remette en cause le traité de libre-échange entre les Etats-Unis et le Mexique.

Dans la presse new-yorkaise, c'est évidemment l'arrestation de cet afghano-américain, suspecté d'être le poseur de bombe du New Jersey et de Manhattan qui fait fait la une partout, avec une mention spéciale pour le New York Daily News, qui se permet l'humour.

Le titre : « Martyr Dump » joue avec le terme « martyrdom », dont la traduction est « martyr » comme croient l'être les djihadistes, et « dump », stupide, crétin... Parce qu'on l'a trouvé endormi à la porte d'un bar. Faire de l'humour avec le terrorisme, il fallait oser.

L'équipe

pixel