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Le MI6 recrute « 1 000 geeks » spécialistes du traçage en ligne

Les services secrets britanniques augmentent de 40 % leurs effectifs, qui seront notamment chargés du traitement du flot de données et du repérage des menaces.

Par  (Londres, correspondant)

Publié le 23 septembre 2016 à 10h20, modifié le 23 septembre 2016 à 11h14

Temps de Lecture 3 min.

Le siège des services de renseignements électroniques britanniques (GCHQ), à Cheltenham (sud-ouest de l’Angleterre).

« Recherche 1 000 geeks disponibles pour missions secrètes à l’étranger. » Telle est en substance l’annonce de recrutement que vient de publier Alex Younger, le chef des services secrets extérieurs britanniques, le MI6. Lors d’une rare prise de parole publique, M. Younger a confirmé, mardi 20 septembre, le spectaculaire coup de pouce budgétaire donné aux services de renseignement par le « plan de défense stratégique et de sécurité » rendu public en novembre 2015.

Le plus gâté des trois organismes britanniques spécialisés sera le MI6, qui devrait passer d’ici à 2020 de 2 500 à près de 3 500 employés, soit une hausse de 40 %, la plus forte depuis la fin de la guerre froide. Quelque 900 autres recrutements sont également programmés au profit du MI5 (renseignement intérieur, 4 000 salariés) et du Government Communications Headquarters (GCHQ, le « Service de surveillance des communications », 6 000 salariés).

Il s’agit de répondre aux conséquences de la révolution Internet et de la dissémination des techniques de surveillance, qui compliquent le travail des services officiels. Les multiples traces que tout un chacun laisse désormais sur la Toile rendent difficile la création de fausses identités nécessaires à la couverture des agents, a expliqué Alex Younger.

Le patron du MI6 a pris la parole lors d’une conférence à l’université George Washington, à Washington, en présence du directeur de la CIA, John Brennan, et de leurs homologues australien et afghan. Les nouveaux bataillons d’agents que les Britanniques veulent recruter devraient notamment être employés au traitement du flot de données laissé sur la Toile et au repérage des menaces.

Contexte fondamentalement modifié

Répandues, les techniques de reconnaissance faciale permettent d’identifier les espions grâce aux traces qu’ils ont laissées sous leur véritable identité avant leur recrutement. « La révolution de l’information modifie fondamentalement le contexte dans lequel nous travaillons, a déclaré le Britannique. Dans cinq ans, il y aura deux types de services secrets : ceux qui l’auront compris et qui se seront développés ; et les autres. Et je suis déterminé à ce que le MI6 se trouve dans la première catégorie. »

En 2010, la révélation du « clonage » des passeports de douze ressortissants britanniques par le Mossad israélien lors du passage de la douane à Tel-Aviv, et leur utilisation par des agents secrets chargés d’assassiner un militant palestinien à Dubaï, avait causé un grand émoi au Royaume-Uni.

Les agents des services secrets de Sa Majesté craignent d’être découverts par des services concurrents ou des organisations non étatiques de plus en plus compétents dans le maniement des techniques informatiques et des réseaux sociaux. La révolution numérique « représente une menace, car nos adversaires, qui agissent sans contrainte légale ou de proportionnalité, peuvent utiliser ces capacités pour améliorer leur connaissance de nos activités, ce qui signifie que nous devons complètement changer la façon dont nous faisons les choses », a ajouté M. Younger.

Trois poudrières potentielles

Mais l’Internet, a-t-il reconnu, constitue aussi « une occasion rêvée car (…) l’accès aux données et la technologie sont une aide énorme pour identifier les menaces avant qu’elles se manifestent, mais aussi pour saisir les occasions de renseignement ». Bien dans son rôle de directeur d’une agence officielle, il a insisté sur le « haut degré de moralité » que devaient avoir les nouvelles recrues. Pas question pour le Royaume-Uni de défendre ses valeurs tout en les compromettant, a-t-il assuré.

Selon le patron du MI6, la tâche est plus compliquée depuis la rupture de la coopération étroite entre les agences de renseignement et les géants de l’Internet, au lendemain des révélations, en 2013, d’Edward Snowden sur l’existence d’un système de surveillance mondiale des communications électroniques et d’Internet. Alors que les proches de l’ancien analyste de l’Agence nationale de sécurité (NSA) américaine réfugié en Russie plaident pour qu’il bénéficie d’une grâce présidentielle, Alex Younger a estimé que ces révélations avaient « fait du tort et affaibli la confiance qui doit exister » entre agences d’Etat et firmes technologiques. « C’est hautement problématique », a-t-il conclu.

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Au cours de la même réunion à Washington, des responsables de la CIA ont désigné ce qu’ils considèrent comme les trois principales poudrières potentielles de la planète : l’Ukraine, la Corée du Nord et le sud de la mer de Chine. Ils ont enfin mis en garde les simples citoyens contre les objets connectés en permanence à l’Internet. Le public devrait « tout simplement dire non » aux appareils ménagers connectés, a conseillé Chris Inglis, ancien directeur adjoint de la NSA, qui sait de quoi il parle.

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