CARTE. Primaire à droite : cette France que les candidats ignorent

«Le Parisien» a analysé les déplacements des candidats de la primaire de la droite et du centre depuis le 1er janvier. Il apparaît qu'ils ont oublié, pendant la pré-campagne, les départements de la fameuse « diagonale du vide », chère aux géographes.

CARTE. Primaire à droite : cette France que les candidats ignorent

    Entre le 1er janvier et le début de la campagne officielle, lancée mercredi, les sept candidats de la primaire de la droite et du centre ont effectué 445 déplacements en France. « Le Parisien » a réalisé une carte de ces rencontres publiques, dont il ressort qu'elles n'ont pas été organisées de manière homogène sur le territoire. Une partie du pays a été totalement oubliée par Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Jean-Frédéric Poisson et Nicolas Sarkozy. Une bande qui s'étend du Nord-Est au Sud-Ouest, des Ardennes au Tarn-et-Garonne, en passant par le Massif central.

    En géographie, cette zone est appelée « diagonale du vide ». Dépeuplée, peu attractive économiquement, elle abrite de nombreux « déserts médicaux » et de « zones blanches ». Elle est assez peu visible dans les médias et, selon toutes vraisemblances, attire peu les politiques.

    Au global, c'est plus d'un département sur cinq* (21 sur 101) qui n'a reçu aucun candidat de droite, cette année. Dans les anciennes régions Auvergne et Champagne-Ardenne, ils sont trois sur quatre à avoir été snobés. L'Auvergne a dû se contenter d'une seule visite, celle d'Alain Juppé. Quant à Champagne-Ardenne, elle pâtit de l'évolution de sa démographie : « C'est la seule des 22 ex-régions qui perdait en population lors des deux derniers recensements », souligne Sébastien Oliveau, maître de conférence en géographie à l'Université Aix-Marseille.

    Dans le Limousin, seule la Corrèze a été épargnée par la désaffection des candidats. Jean-François Copé et François Fillon se sont certainement souvenus que l'actuel président, François Hollande, et l'un de ses prédécesseurs, Jacques Chirac, en avaient fait leur fief.

    A l'inverse, les sept postulants de la primaire ont effectué 87 déplacements à Paris depuis le 1er janvier. « Les politiques ne se posent pas de question, ils veulent toucher le plus de gens possible », résume Sébastien Oliveau. Au-delà de la primaire à droite, il ne fait aucun doute que les candidats des autres sensibilités opèrent les mêmes calculs.

    Le constat que nous faisons était-il déjà valable lors des précédentes élections ? Selon Sébastien Oliveau, le désintérêt pour les territoires les moins peuplés est plus marqué depuis le redécoupage des circonscriptions législatives de 2010. Cette réforme qui visait à prendre davantage en compte le poids démographique des départements a ôté des représentants à l'Assemblée à un quart des départements français. Le centre de la France a été particulièrement touché.

    *Les 21 départements non visités : Ardennes, Ariège, Aube, Cantal, Haute-Corse, Creuse, Drôme, Eure, Gers, Lot, Lozère, Haute-Marne, Mayenne, Meuse, Nièvre, Puy-de-Dôme, Tarn, Tarn-et-Garonne, Haute-Vienne, Yonne, Mayotte.

    Avec Olivier Beaumont