Depuis cette semaine, un hashtag associé à une chaîne YouTube vise à pointer du doigt le programme politique du PJD et son projet sociétal à la veille du lancement officiel de la campagne électorale, prévu ce samedi. Mercredi 21 septembre, dans une vidéo visiblement tournée à Rabat, le slogan «Bghina taghyir» scandé ça et là sur la Toile invite les Marocaines à se rendre aux urnes pour contrer un «mouvement» islamiste mené par le parti de la Lampe.
La vidéo montre un jeune homme arborant une barbe à bord d’un bus qui refuse de s’écarter pour laisser sortir une femme «moderne». Cette dernière s’impatiente et insiste pour qu’il la laisse passer, quand il finit par lui répondre que sa place est «à la maison, pas à l’extérieur». La passagère rétorque alors qu’elle n’est pas «un lustre», en référence aux propos qu’avait tenu en 2014 le chef du gouvernement et secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, que les féministes marocaines avaient trouvé «insultants» et «humiliants» à l’égard de leurs concitoyennes.
La quinquagénaire descend ensuite du bus et s’adresse à la première jeune femme qu’elle croise sur son chemin : «Ma sœur, va voter pour que tu puisses vivre ta vie et être libre», lui dit-elle. Un conseil auquel celle-ci répond par un sourire un brin narquois.
La chanson «Ana bghit Taghyir» de Mobydick
Rebelote jeudi soir, lorsque la même chaîne YouTube publie une nouvelle vidéo. Cette fois, il s’agit d’une chanson du rappeur marocain Mobydick, alias Lmoutcho, qui laisse les internautes assez perplexes. Et pour cause, le rappeur plutôt underground qui a toujours évité d'être dans le sytème (enfin c'est le système qui ne voulait pas de lui comme il le dit dans une de ses chansons) semble avoir rejoint le mouvement. On reconnaît à ses côtés plusieurs artistes marocains à l’instar de la jeune chanteuse Karima Ghayt, la comédienne Sahar Seddiki et des présentateurs d’émissions télévisées comme Oussama Benjelloun.
Contacté ce vendredi à maintes reprises, Mobydick n’a pas donné suite à nos sollicitations. Difficile donc de se faire une idée précise sur les personnes qui sont à l'origine de cette campagne. Le360 est quant à lui catégorique : la vidéo est «diffusée par un collectif de progressistes pro-PAM» (Parti de l'authenticité et de la modernité). Une offensive médiatique qui risque de s'accentuer dans les jours à venir.