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Le « Ramayana », fenêtre sur l’Inde d’aujourd’hui

Composé au début de notre ère, le « Ramayana » est le récit légendaire du voyage du prince Rama. Un poème épique que chaque Indien porte en lui, selon le photographe Vasantha Yogananthan.

Par  (New Delhi, correspondance)

Publié le 22 septembre 2016 à 08h52, modifié le 25 septembre 2016 à 17h22

Temps de Lecture 2 min.


L’épopée du Ramayana contient l’Inde tout entière. Ou, comme l’écrivait André Malraux dans ses Anti­mémoires, le Ramayana « emplit encore le rêve de l’Inde comme l’Olympe a empli jadis celui de la Grèce ». Les quarante-huit mille vers répartis sur sept chants, composés au début de notre ère par le poète Valmiki, racontent bien davantage que la vie exemplaire du prince Rama. « C’est une fenêtre sur l’Inde contemporaine », explique Vasantha Yogananthan, auteur d’un travail photographique au long cours sur le sujet.

  • Le photographe français d’origine tamoule Vasantha Yogananthan a choisi de marcher dans les pas de Rama, héros mythique du « Ramayana », épopée vieille de deux millénaires, et de saisir entre réalité et vision onirique les contours de l’Inde d’aujourd’hui. « Guptar Ghat », Ayodhya, 2013.

    Le photographe français d’origine tamoule Vasantha Yogananthan a choisi de marcher dans les pas de Rama, héros mythique du « Ramayana », épopée vieille de deux millénaires, et de saisir entre réalité et vision onirique les contours de l’Inde d’aujourd’hui. « Guptar Ghat », Ayodhya, 2013. Vasantha Yogananthan

  • « The Missing », Trivandrum, 2013.

    « The Missing », Trivandrum, 2013. Vasantha Yogananthan

  • « Lakshmana Rekha », Chitrakoot, 2013.

    « Lakshmana Rekha », Chitrakoot, 2013. Vasantha Yogananthan

  • « Hanoman Opening his Heart », New Delhi, 2014.

    « Hanoman Opening his Heart », New Delhi, 2014. Vasantha Yogananthan

  • « Young Warriors », Sitamarhi, 2015. Tirage noir et blanc repeint à l’aquarelle par Jaykumar Shankar.

    « Young Warriors », Sitamarhi, 2015. Tirage noir et blanc repeint à l’aquarelle par Jaykumar Shankar. Vasantha Yogananthan

  • « Sita Falling in Love », Bombay 2015. Tirage noir et blanc repeint à l’aquarelle par Jaykumar Shankar.

    « Sita Falling in Love », Bombay 2015. Tirage noir et blanc repeint à l’aquarelle par Jaykumar Shankar. VASANTHA YOGANANTHAN

  • « Door to Unknown », Ramtek, 2015. Tirage en noir et blanc avec dessins additionnels de Mahalaxmi & Shantanu Das.

    « Door to Unknown », Ramtek, 2015. Tirage en noir et blanc avec dessins additionnels de Mahalaxmi & Shantanu Das. Vasantha Yogananthan

  • « Hanuman Dhara », New Dehli, 2015. Tirage en noir et blanc avec dessins additionnels de Mahalaxmi & Shantanu Das.

    « Hanuman Dhara », New Dehli, 2015. Tirage en noir et blanc avec dessins additionnels de Mahalaxmi & Shantanu Das. Vasantha Yogananthan

  • « The Golden Deer », Ayodhya, 2015. Tirage en noir et blanc avec dessins additionnels de Mahalaxmi & Shantanu Das.

    « The Golden Deer », Ayodhya, 2015. Tirage en noir et blanc avec dessins additionnels de Mahalaxmi & Shantanu Das. Vasantha Yogananthan

  • « Kaushalya and Young Rama », Maheshwar, 2015.

    « Kaushalya and Young Rama », Maheshwar, 2015. VASANTHA YOGANANTHAN

  • « What a Princess Should Wear », Chitrakoot, 2014.

    « What a Princess Should Wear », Chitrakoot, 2014. Vasantha Yogananthan

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Le conte épique n’en finit pas d’être célébré dans le sous-continent. Des hommes politiques l’invoquent pour interdire l’ouverture d’une exploitation minière, à l’endroit même où le héros Rama serait passé pour libérer son épouse. Au Parlement, on le brandit pour défendre le vote d’une loi. Le jeune photographe français, lui, a retracé l’itinéraire du prince. Il est parti d’Uttar ­Pradesh, dans le nord de l’Inde, où il a réalisé les ­photographies d’Early Times, son premier ouvrage, et finira son périple au Sri Lanka avec la publication de son septième et dernier livre prévu en 2019. Une re­lecture de l’épopée à l’aune de l’Inde contemporaine.

De multiples interprétations

Comme un cinéaste, Vasantha Yogananthan a préparé un story-board. Dans chacun des lieux visités, il a discuté du conte avec ceux qu’il souhaitait photographier. Ils ont décidé ensemble du décor et de la mise en scène, pour que « les personnages projettent, eux aussi, leurs images du Ramayana ». Certains considèrent ce conte épique comme une simple légende, d’autres comme un récit historique. Les photographies mêlent, elles aussi, la fiction et le réel. Elles sont intemporelles, nimbées d’une lumière diaphane presque irréelle. « Une manière de produire de l’incertitude dans ­l’esprit de celui qui les regarde », explique Vasantha Yogananthan.

Le Ramayana appartient à ceux qui l’écoutent comme à ceux qui le récitent. Il est ­soumis à de perpétuelles interprétations en fonction des époques ou des régions. ­Certains clichés en noir et blanc de Vasantha ­Yogananthan ont donc été donnés à un artiste qui les a peints, en y apposant une interprétation supplémentaire. Une fois sortis de la chambre grand format, ils ont été transmis à un peintre qui les a colorisés, dans la grande tradition née au XIXe siècle des studios ­photographiques indiens. Libre à lui de ­projeter son imaginaire sur le négatif. La ­narration photographique finale contient ainsi de multiples interprétations.

Enfin Vasantha Yogananthan a voulu perpétuer la grande tradition picturale du poème épique. Il a étudié les miniatures mogholes, peintes du XVIe au XIXe siècle, illustrant le Ramayana pour s’inspirer de leur compo­sition. Et le résultat photographique est proche de l’art de la miniature. On y retrouve la même attention aux détails. Comme ces personnages minuscules, parfois figés, ­perdus dans un paysage… On y retrouve surtout la même poésie du réel.


Early Times, photographies de Vasantha Yogananthan, texte d’Anjali Raghbeer, 104 p. Editions Chose Commune.
Vasantha Yogananthan est le lauréat 2016 du Prix Levallois de la jeune création photographique internationale. Exposition à la Galerie de L’Escale, 25, rue de la Gare, Levallois-Perret (92), du 6 octobre au 26 novembre. prix-levallois.com

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