Depuis le début de l’année 2016, la filière biologique voit son essor exploser. Au 30 juin 2016, l’Agence bio recense 31 880 producteurs engagés en production bio, ou en phase de conversion. Soit une hausse de 10,4 % par rapport à fin décembre et donc en seulement six mois. « C’est une croissance historique de la bio en France », ont expliqué, satisfaits, Didier Perreol, le président de l’Agence bio, et Florent Guhl, le directeur de la structure, qui a succédé à Elisabeth Mercier.
En 2016, l’établissement de promotion et de suivi de la filière biologique enregistre un rythme de « 21 nouvelles fermes bio chaque jour », alors que ce rythme était deux fois moins élevé en 2015.
« La hausse de la production biologique est assez uniforme au sein des filières », précise Florent Guhl. Ceci dit, le nombre de conversions de producteurs de lait connaît une hausse significative. Plus de 560 producteurs spécialisés se seraient orientés vers le bio au cours des six premiers mois de l’année, soit une hausse de 25 % du nombre de fermes laitières bio. Un phénomène que confirme Christophe Baron, le président de Biolait. « La filière attend un développement de l'ordre de 30 % de la collecte de lait bio d'ici 2018. »
En grandes cultures, 740 producteurs se sont installés ou se sont convertis en bio au cours des huit premiers mois de l’année, contre 759 sur la même période l’an passé.
Au total, la surface en production biologique devrait atteindre 1,57 Mha, soit environ 5,8 % de la SAU française.
La croissance de nombre de fermes bios n’est pas en reste en production de bovins viande. La hausse est de l’ordre de 8 %, mais, comme en grande culture, le nombre de conversions ou installations au premier semestre 2016 n’est pas plus élevé qu’à la même période en 2015.
En revanche, d'un point de vue géographique, le niveau et la croissance de la production bio reste très inégal. Le Sud et l'Ouest de la France restent les principaux secteurs privilégiés.
Privilégier la durabilité plutôt que la rapidité
Les très bons chiffres dévoilés par l’agence bio pour le premier semestre 2016 ne sont pas sans précédent. En 2009 et 2010, déjà, la filière biologique avait connu un regain de croissance évident. Ce regain observé depuis 2015 démontre lui aussi un « effet crise agricole ». En témoignent les chiffres pour les filières laitières et céréalières.
Du côté de l’agence bio, on veut rester prudent. « Il ne faut pas que les filières grandissent trop vite, il faut qu'elles grandissent bien pour que tout le monde s'y retrouve », souligne Didier Perreol. D’autant que la production biologique reste confrontée à plusieurs difficultés. Outre les problématiques techniques d’une conversion, les céréaliers bios subissent, comme leurs collègues en conventionnels, une année 2016 noire. « Les rendements en bio devraient être de 40 à 50 % inférieurs à l’année passée », estime le président de l’Agence bio.
Surtout, à la laborieuse régionalisation des aides du second pilier de la Pac s’ajoutent d’importantes difficultés à soutenir la forte croissance de la production. Non seulement les dynamiques de soutien à la conversion ne sont plus les mêmes d’une région à l’autre. Mais dans certaines, « les enveloppes sont épuisées ».
La politique de soutien au développement du bio sera logiquement un des thèmes à aborder lors des 9e Assises de la bio, organisées le 14 novembre prochain à Paris. « Il faudra cibler les priorités et les filières pour lesquelles le développement du bio est le plus à encourager. »