Les citernes de cette station-service, installée à 3 650 mètres d’altitude, dans la région de la Puna, sont marquées d’un W. Intrigués, des touristes venus faire le plein interrogent le pompiste. “Mais c’est le W des Warmi !”, s’exclame-t-il comme si cette marque était mondialement connue.
Il faut dire que dans la province de Jujuy [dans le nord ouest de l’Argentine, près de la Bolivie], ces femmes sont, de fait, devenues une marque [Warmi signifie “femme” en quechua, et c’est aussi le nom de l’association qu’elles ont créée].
Un réseau de 3 600 membres
Grâce à la détermination de la fondatrice de l’association, Rosario Quispe, issue de l’ethnie kolla, elles forment un réseau de 3 600 membres, qui, entre autres, accordent des prêts aux particuliers.
La crise de 2001 [récession brutale, impayés de la dette, dévaluation…] n’a pas touché les Warmi : elles venaient de recevoir un financement en dollars de la Fondation [sud-américaine] Avina, les comptes de tous les projets qu’elles soutenaient étaient positifs et elles avaient les moyens d’investir.
La station-service était abandonnée et en vente ; elles ont décidé de la reprendre. Rosario Quispe se souvient :
Pour nous, c’était comme acheter un avion. Nous étions des chefs d’entreprise ! Nous étions heureuses. Nous n’imaginions pas les maux de tête que ça allait nous donner, mais nous étions lancées.”
Dans la liste des projets initiés par les Warmi, il y a le premier cybercafé de Abra Pampa [une ville d’environ 10 000 habitants], aujourd’hui reconverti en centre de formation, et une tannerie qu’elles ont finalement fermée pour des “questions de principes”.
Après avoir dénoncé le lourd passif environnemental de l’ancienne fond
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