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Le tchador est de retour



La ministre Stéphanie Vallée s’apprête à rouvrir le débat sur le port du tchador par les employées de l’État avec le «projet de loi 62: Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l’État et visant notamment à encadrer les demandes d’accommodements religieux dans certains organismes».

De la neutralité religieuse de l’État, ce projet de loi n’en a que le nom. Il s’agit en fait d’une version réchauffée du Projet de loi 94 — Loi établissant les balises encadrant les demandes d’accommodement dans l’administration gouvernementale et dans certains établissements — introduit il y a 6 ans et demi par Kathleen Weil, et qui est mort au feuilleton après avoir été battu en brèches en commission parlementaire, sans jamais être rappelé pour étude par le gouvernement Charest. La montagne a donc accouché d’une souris.

Cela nous renvoie aussi à cet épisode où, pendant des mois, par souci de loyauté envers mon parti et par solidarité avec mes collègues députés d’alors, j’ai gardé le silence sur ma divergence profonde avec Philippe Couillard, sur le principe même de la neutralité religieuse de l’État.

Une neutralité de façade

Il avait alors poussé l’intransigeance jusqu’à m’interdire de soumettre au caucus libéral, pour discussion, le Projet de loi 491, Loi sur la neutralité religieuse de l’État et la lutte contre l’intégrisme religieux, que j’avais rédigé avec l’appui d’éminents juristes, dont l’ex-juge de la Cour suprême, Claire l’Heureux-Dubé, et que j’ai fini par déposer à l’Assemblée nationale, le 12 février 2014, à titre de députée indépendante. Comble de l’hypocrisie, quand le vote a été appelé, Philippe Couillard s’est levé et a voté pour le dépôt. https://bit.ly/1Ld9iDy

Pas pour les employées de l’État

La goutte qui a fait déborder le vase, c’est quand Marc Tanguay, député de Lafontaine, s’est fait la voix de son maître, en déclarant à la Presse canadienne, le 12 novembre 2013, que des candidates portant le tchador seraient les bienvenues dans l’équipe libérale et qu’il était «tout à fait à l’aise avec l’idée de côtoyer un jour des élues (dans l’Assemblée nationale) dont tout le corps serait [...] caché sous un épais voile noir.»

Le 14 novembre, je lui ai répliqué par une lettre qui a forcé Philippe Couillard à reculer sur le tchador, dès le lendemain, lors d’un point de presse pathétique. https://bit.ly/1MwBqht

Or, voilà, le tchador est de retour. Et quoi de mieux que l’argument insidieux du «visage découvert» pour nous faire avaler la pilule. Le 12 juin 2015, la ministre Vallée a mis la table en disant au Devoir: « Évidemment, le tchador, pour bien des gens, constitue un signe d’oppression de la femme [...] Il y a des femmes qui sont forcées de le porter, mais il y a des femmes qui le portent d’une façon volontaire. Et ça aussi, on doit respecter ça.»

Le tchador pour les employées de l’État, c’est NON!

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