Devant la Mairie d'Houdan, une des villes de France où le taux de chômage est le plus faible de France

La mairie d'Houdan (Yvelines), une des villes de France où le taux de chômage est le plus faible de France.

Flickr / Jean-Marie Tétart / Conseil départemental Yvelines

Dans une France toujours en panne de reprise économique franche, où la courbe du chômage peine à s'inverser, il existe des villages irréductibles qui défient les statistiques. Ou plutôt "un bassin d'emplois" comme aime à le rappeler le député-maire (LR) d'Houdan, Jean-Marie Tétart. Parce que si cette petite bourgade des Yvelines (3400 habitants) et ses environs affichent un insolent taux de chômage de 4,6% (en hausse de 1,4 point depuis 2008), le plus bas de toute la France, la commune à elle seule ne fait pas de miracle avec ses 8%.

Publicité

En somme, c'est une dynamique collective, sur tout le territoire, qui permet un tel score.

40% des habitants résident et travaillent sur place

Mais peut-on parler pour autant de plein-emploi? "La notion est très relative. C'est en effet la zone qui possède le plus faible taux de chômage de France, mais d'un point de vue statistique on se rend compte que les gens ne travaillent pas forcément là où ils habitent", précise à L'Express Olivier Léon chef du service Etudes et Diffusion de l'Insee Ile-de-France.

LIRE >> Chômage sous les 10%: François Hollande tient-il le bon bout?

D'après les chiffres officiels consultés par L'Express, le bassin d'emplois d'Houdan (soit 24 128 habitants au total) compte environ 40% de personnes dites "stables", c'est-à-dire qu'elles résident et travaillent dans la même zone. Lors du dernier recensement effectué en 2013, on dénombrait ainsi 17 000 travailleurs actifs pour seulement 11 500 emplois sur la zone.

Jean-Marie Tétart

Le député-maire de Houdan Jean-Marie Tétart lors de l'inauguration du Donjon de Houdan en avril 2016

© / Flickr / Jean-Marie Tétart / Conseil départemental Yvelines

"En fait, Houdan est assez peu peuplé, même si le secteur est très résidentiel. On y trouve beaucoup de cadres qui ont choisi de s'installer ici et partent travailler tous les jours à l'extérieur de la zone, à Saint-Quentin-en-Yvelines, Versailles voire Paris", indique Olivier Léon. D'ailleurs ce n'est pas un hasard si Jean-Marie Tétart a mené d'importantes discussions il y a trois ans avec la SNCF pour augmenter la fréquence des trains qui desservent la gare parisienne de Montparnasse en moins d'une heure. Les infrastructures et l'accessibilité sont souvent la clé de l'attractivité.

Des terrains "trois fois moins chers" pour les entreprises

Tout comme le prix des terrains. Et sur ce plan, l'édile sait y faire. Les entreprises qui s'installent sur l'une des cinq zones d'activité du bassin, se voient proposer des tarifs très avantageux. "Grosso modo, le foncier est entre deux et trois fois moins cher que dans certaines villes voisines, précise à L'Express Patrick Mitchell, le patron de l'entreprise Satinox Assemblage, qui a créé un réseau associatif de chef d'entreprises locaux (APHIE) rassemblant aujourd'hui plus de 120 entrepreneurs du Pays Houdanais.

satinox houdan

Siège de l'entreprise Satinox à Houdan

© / satinox // lexpress.fr

"Je pense qu'une grande partie du succès économique est politique. Nous avons un maire qui a décidé de privilégier ici l'installation d'entreprises du secteur tertiaire plutôt que de grands dépôts. Il a limité leurs tailles en se focalisant sur des PME et des PMI. Ainsi, quand une entreprise s'installe ici, elle vient avec les familles". Autre preuve de la vigilance de l'élu: même le directeur du centre commercial Intermarché a dû offrir un espace publicitaire dans son enceinte pour assurer la promotion des petits commerces du centre-ville. Avec succès: ils existent encore 120 commerçants à Houdan!

"Il y a 18 ans, il n'y avait ici qu'une petite zone artisanale. Nous avons essayé de développer des zones équilibrées, avec l'industrie d'un côté, les commerces de l'autre. Le tout en respectant une taille de 35 à 40 emplois par hectare, précise le maire à L'Express. Mais il faut aussi savoir offrir des emplois peu qualifiés. On ne peut pas avoir que des clusters et des startups. Nous avons un abattoir (150 personnes), un hôpital local avec des infirmiers et des brancardiers (400 emplois). Tout le monde ne peut pas être docteur ou professeur".

Lutter contre les centres commerciaux

A l'extérieur d'Houdan, petit à petit, les dernières grandes entreprises sont parties (comme Biapharm qui fabriquait la célèbre crème Biafine) et ont laissé place à des acteurs à taille humaine. A vrai dire, il ne reste que Krys, le fabriquant d'optique qui emploie 400 personnes sur le site de Bazainville dont 150 pour la production. Mais les relations n'ont pas toujours été faciles avec la mairie, notamment en 2012 quand le groupe a voulu s'agrandir pour relocaliser une partie de sa production thaïlandaise.

Il a aussi fallu se battre pour empêcher l'arrivée d'un grand hypermarché le long de la RN 12 à une dizaine de km de là.

houdan (illustration)

houdan, rue de l'Enclos

© / Google Maps / Street View

En fait, sur les 28 communes qui composent le bassin d'Houdan, avec un taux de chômage aussi faible, il y a bien une entreprise qui fait un peu grise mine. C'est l'agence d'intérim. "Nous avons la chance de ne pas travailler qu'avec Houdan, confie à L'Express Véronique Sollet, directrice de clientèle chez Adecco pour le secteur Sud Yvelines. Sur cette zone, les gens sont plutôt sédentaires, fidèles à leur entreprise, il y a peu de turnover. On nous sollicite pour des missions très courtes, comme un remplacement maladie, ou pour les soldes".

Et les intérimaires viennent très souvent des départements voisins. Comme les entreprises d'ailleurs. Houdan se trouve à deux pas de l'Eure et de l'Eure-et-Loir. Dernièrement, Patrick Mitchell a vu débarquer un de ses concurrents de l'aéronautique pour une simple histoire de numéro de téléphone. "Il m'a dit qu'avec son "02", il faisait 20% de chiffre d'affaires en moins qu'avec un "01". Apparemment, être en Ile-de-France ça rassure les décideurs de notre secteur (Thales, Airbus...) qui sont nombreux dans l'Ouest parisien", explique le patron qui vend ses vis et ses boulons de haute technologie à Dassault, Safran, Airbus et cie.

A Houdan, le chômage n'est pas un miracle mais un équilibre entre incitations financières, situation géographique et volonté politique. L'air frais de la campagne en prime.

LIRE >> Le chômage devrait repartir à la hausse dès 2017, selon l'Unédic

Publicité