Ecoutez le plus vieil enregistrement de musique jouée par ordinateur

Au début des années 50, Alan Turing programme son ordinateur pour jouer de la musique. Trois morceaux furent captés par la BBC, et le disque vient d'être restauré.

Publié le 26 septembre 2016 à 13h11

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 03h02

En 1951, une équipe de la BBC se rend dans le laboratoire d'Alan Turing, le pionnier de l'informatique (connu notamment pour avoir mené le travail de déchiffrement des messages de la machine nazie Enigma). Muni d'un enregistreur portatif, elle grave sur un disque acétate de douze pouces trois mélodies générées par un ordinateur : l'hymne britannique God Save the King (à l'époque, George VI est roi d'Angleterre), une comptine, Baa Baa Black Sheep, et In The Mood, le standard de Glenn Miller. A l'époque, cela fait quelques années que Turing a programmé sa machine – qui emplit quasiment tout l'espace du rez-de-chaussée de son labo – pour jouer des notes de musique. Cela lui permet de savoir où en est l'ordinateur dans ses tâches assignées. Mais un jour, un jeune professeur et pianiste amateur, Christopher Strachey, qui a lu un manuel d'instruction écrit par Turing, se présente au labo et propose de programmer un vrai morceau de musique. Le mathématicien lui laisse l'usage de l'ordinateur pour une nuit. « Je me suis assis devant l'énorme machine et ses quatre ou cinq rangs de plus de vingt commutateurs, dans une pièce qui donnait l'impression de prendre les commandes d'un vaisseau de combat », racontera plus tard Strachey. Le matin, il fit entendre l'hymne national à Turing, qui le félicitera d'un : « Good show ».

Conservé au National Sound Archive, le disque fut ressorti en 2008 à l'occasion du soixantième anniversaire de l'un des premiers ordinateurs, Small-Scale Experimental Machine. Mais ce n'est que très récemment que deux chercheurs, néo-zélandais, Jack Copeland, professeur de philosophie à l'université de Canterbury et directeur d'un fonds d'archive sur Alan Turing, et le compositeur Jason Long, ont réussi à restaurer l'enregistrement. Dans un post de blog publié sur le site de la British Libray, ils racontent que l'enregistreur avait des problèmes de vitesse, et que les fréquences ne pouvaient être celles vraiment jouées par l'ordinateur. Ils ont donc recalculé les bonnes tonalités, et tout nettoyé, pour que l'on puisse enfin entendre ce qui était « le vrai son de l'ordinateur de Turing ».

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