Assumer collectivement des dépenses au nom de la cohésion sociale, c’est le principe du modèle social français. Souvent décrié pour son coût – la dépense publique représente 57 % du produit intérieur brut (PIB) –, ce système profite directement aux particuliers en diminuant la part qu’ils doivent débourser pour divers services : frais de santé, aides au logement, garde d’enfant, accueil des handicapés…
Selon une récente étude de l’Insee, l’ensemble de ces activités, appelées « dépenses socialisées », s’élève à 384 milliards d’euros, ce qui représente l’équivalent d’un quart (24,9 %) de la consommation des ménages en 2015. Cette part n’a cessé d’augmenter depuis le début des années 1960.
La santé et l’action sociale parmi les plus pris en charge
C’est dans le secteur de la santé que les dépenses prises en charge par le secteur public ont augmenté le plus nettement, avec l’élargissement des offres médicales et le vieillissement de la population, dès les années 1970, avant que la maîtrise des dépenses de santé devienne un objectif, dans les années 1990.
Pour le logement, la part des aides publiques a augmenté par palier : l’allocation de logement familiale, créée en 1948, a été complétée en 1971 par l’allocation de logement social (ALS), avant la création de l’aide personnalisée au logement (APL) en 1977. En moyenne, les loyers des Français sont désormais pris en charge à 22 % par l’argent public (contre 10 % en 1960),
Quant à l’action sociale en faveur des populations les plus fragiles (jeunes enfants, personnes âgées, handicapés), elle a été davantage financée par l’Etat avec l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et des aides à la garde d’enfant au début des années 2000. Les caisses d’allocations familiales et les collectivités locales contribuent également, de même qu’une grande quantité d’associations et autres institutions à but non lucratif.
Dans ces trois domaines, la part de financement publique s’est désormais stabilisée, quand elle ne s’érode pas lentement.
Si l’action sociale est pour les deux tiers financée par la collectivité, on constate une grande disparité en fonction des publics : la quasi-totalité des soins et de l’accueil aux personnes handicapées est prise en charge, de même que les trois quarts des frais de garde des petits (crèches, assistantes maternelles) mais les maisons de retraite restent encore un poste de dépense important pour les particuliers.
Un rôle d’« amortisseur » de crises
L’étude s’est limitée à certains secteurs où la consommation est tangible et a une valeur marchande pour l’individu, excluant les dépenses générales (justice, police) ou les indemnités qui ne sont pas liées à un bien ou un service prédéfini (allocation-chômage, allocation de rentrée scolaire). Elle évoque d’autres domaines où les individus profitent de la dépense publique : l’enseignement, financé à 90 % par l’Etat et les activités culturelles et de loisir, dont les ménages ne supportent finalement que 17 % du coût.
En règle générale, les dépenses publiques sont pointées du doigt en période de crise économique. Il est vrai en effet qu’elles augmentent lorsque le PIB diminue, alors qu’elles « s’effacent » lorsque la croissance revient. Mais l’Insee rappelle que ces sommes, qui contribuent à maintenir le pouvoir d’achat des ménages, donc leur niveau de consommation, jouent un véritable rôle d’« amortisseur social ».
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