Aquarius, film de résistance façon David contre Goliath

Les films les plus intéressants sont toujours ceux qui traitent en douce d'un sujet sans immédiatement s'en vanter. A première vue, Aquarius est le portrait d'une femme brésilienne, Clara, la soixantaine, bien décidée à rester chez elle, à Recife, alors que des promoteurs veulent l'expulser pour reconstruire l'immeuble.

Portrait d'une battante, la liberté en bandoulière, qui trouve, ici, un combat à livrer, elle qui a toujours mené sa vie comme elle l'entend - sexuellement, professionnellement... Aquarius pourrait s'en tenir là, et chacun serait heureux de retrouver, dans le rôle de Clara, la magnifique Sonia Braga, célébrée grâce à Dona Flor et ses deux maris, en 1976, et devenue, depuis, star chez elle et aux Etats-Unis.

Mais, comme il l'avait fait dans son film précédent, Les Bruits de Recife, Kleber Mendonça Filho contourne son intrigue pour mieux dénoncer les dérives de l'époque. Petit à petit, Aquarius se transforme en oeuvre de résistance, façon David contre Goliath, dans un pays qui laisse fleurir la corruption et les passe-droits.

Toujours porté par Clara, Aquarius prend alors des allures de thriller social et intimiste qui lui redonnent de la vigueur. La scène finale, critique acide de l'ultralibéralisme, est un modèle du genre

AQUARIUS, DE KLEBER MENDONÇA FILHO. AVEC SONIA BRAGA, MAEVE JINKINGS, IRANDHIR SANTOS... 2H2 5 .