Bachar el-Assad, libre d'écraser Alep

Les Occidentaux ont beau pousser des cris d'orfraie, le président syrien et son allié russe imposent un déluge de feu aux zones tenues par la rébellion.

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Le 28 septembre, l'armée de Bachar el-Assad a repris aux rebelles le contrôle du quartier de Farafira, un secteur d'Alep situé sur la ligne de front.
Le 28 septembre, l'armée de Bachar el-Assad a repris aux rebelles le contrôle du quartier de Farafira, un secteur d'Alep situé sur la ligne de front. © AFP

Temps de lecture : 4 min

Horizontal ©  AFP/HO/SANA
Photo transmise par l'agence officielle Sana, montrant Bachar el-Assad dans un secteur de Daraya contrôlé par l'armée syrienne, le 12 septembre.   © AFP/HO/SANA

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Sa « parade » organisée à la mi-septembre dans la ville de Daraya présageait déjà de la tragédie à venir. Chemise ouverte, Bachar el-Assad traverse fièrement les décombres de l'ancienne cité rebelle damascène, « libérée » après quatre années de siège. Sourire aux lèvres, il promet de reprendre l'ensemble du territoire syrien aux « terroristes ». Comprenez, tous ses opposants confondus : le Front Fateh al-Cham (groupe djihadiste lié à Al-Qaïda), les salafistes d'Ahrar al-Cham, mais aussi les « modérés » de l'Armée syrienne libre.

Le plan d'Assad va pourtant subir un contrecoup inattendu, à la faveur d'un cessez-le-feu inespéré arraché par Washington et Moscou. À Alep (nord-ouest), l'un des derniers verrous de la guerre, le fracas des bombardements laisse peu à peu place aux cris de joie des enfants prenant d'assaut les dernières balançoires en état. Un rare moment de répit qui n'aura pas duré une semaine. Au cinquième jour de la trêve, une énorme bavure de la coalition internationale dirigée par les États-Unis vient relancer les hostilités. Dans la province de Deir Ezzor, aux mains de Daech, des avions américains, britanniques, danois et australiens abattent par erreur 90 soldats syriens qui combattaient les djihadistes de l'État islamique.

« Don du ciel »

« Les Américains ont visé l'armée syrienne en connaissance de cause », dénonce un diplomate moyen-oriental proche de Damas. « Cela montre qu'ils ne sont pas sérieux dans leur lutte contre Daech. Ils font tout pour déstabiliser la région ». Un véritable « don du ciel » pour Bachar el-Assad, qui n'en demandait pas tant. Deux jours plus tard, des frappes aériennes visent un convoi humanitaire de l'ONU et du Croissant-Rouge syrien dans l'ouest de la province d'Alep, tuant au moins 20 civils. Les regards se tournent vers Damas et Moscou. Le régime syrien décrète la fin du cessez-le-feu.

Désormais libre d'achever ses opposants, Bachar el-Assad déclenche alors un déluge de feu sur les quartiers rebelles d'Alep. Aidé de l'aviation russe, il largue une pluie de bombes (barils de TNT et bombes antibunker) sur la partie orientale de la ville, où 250 000 civils sont pris au piège. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), au moins 248 personnes ont perdu la vie dans ces bombardements. Parmi les victimes, en majorité des civils, une fillette de cinq ans environ, dont le corps a été découvert coincé dans les décombres d'un immeuble, a constaté sur place le correspondant de l'Agence France-Presse (AFP). Lorsque les sauveteurs ont réussi à le dégager, son père s'est effondré, a pris la dépouille et a refusé de la rendre en répétant : « Elle est juste en train de dormir, elle est juste en train de dormir. »

REGARDEZ la ville détruite d'Alep filmée par un drone

« S'il vous plaît, président Assad »

« Des crimes de guerre sont commis à Alep », a dénoncé à l'ONU l'ambassadeur de France, François Delattre, citant l'utilisation de « bombes incendiaires et de munitions perfectionnées » dans ces zones densément peuplées. Mais les Occidentaux ont beau pousser des cris d'orfraie, le président syrien reste droit dans ses bottes. Après avoir pilonné sans relâche l'est de la ville une semaine durant, il a dépêché au sol ses soldats en vue de reprendre les zones aux mains des rebelles. Mardi, l'armée syrienne a s'est emparée du quartier de Farafira, situé sur la « ligne de front » qui s'est dessinée au début du conflit à Alep en juillet 2012.

À en croire Raed Saleh, chef des « Casques blancs », une organisation humanitaire et apolitique participant aux secours en territoire rebelle, la partie est d'Alep ne tiendra « pas plus d'un mois ». « Il n'y aura plus d'eau, plus d'électricité, plus de carburant et les hôpitaux ne pourront plus continuer à fonctionner », s'alarme-t-il dans un entretien à l'Agence France-Presse. Ce mercredi, l es deux plus grands hôpitaux de la zone ont été touchés par des frappes aériennes. Bachar el-Assad peut jubiler. « On n'entend plus de position crispée et ferme de la France sur son départ », se félicite le diplomate moyen-oriental. « S'il vous plaît, président Assad », s'est même laissé aller la semaine dernière un responsable onusien, implorant le maître de Damas de laisser entrer en Syrie des convois humanitaires dramatiquement bloqués à la frontière.

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Commentaires (22)

  • Manex

    L'Europe est absente
    La France est muette
    Le monde laisse faire
    Un jour il faudra payer
    Il ne faut pas oublier que tout ça à commencer avec la première guerre du golfe

  • DU BETON 33

    L'Uncompétence. Depuis la Bosnie, n'avons nous pas compris ?

  • Aphroditechild

    F. Hollande s'est contenté d'un "ça suffit" et voilà le travail de la France... Pour le reste, que dire puisque aucun Etat étranger ne désire vraiment porter secours à ce pays et des innocents meurent tous les jours sous des bombardements difficilement supportables. A quoi sert la décoration qu'il a eu aux U. S. A. , si ce n'est que des blabla sans aucune action. Que fait l'U. E. Et comment laisse-t-elle faire un tel carnage ? Et au fait, J. M. Ayrault où est-il lui aussi ?