Cette crise sanitaire met particulièrement en danger des milliers de sans abri (Image d'illustration)

Un SDF à Lyon, le 29 décembre 2014

afp.com/PHILIPPE DESMAZES

"Le diplôme ne protège pas systématiquement de la précarité". C'est la conclusion d'une étude publiée mercredi par l'Insee, consacrée aux plus de 140 000 sans-abris vivant en France au cours de l'année 2012. Parmi les adultes francophones SDF, 14% avaient suivi des études supérieures et 10% en étaient sortis diplômés.

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Quelle différence entre ces diplômés et les autres sans-abris? "Un rapport à l'emploi un peu plus dynamique, un état de santé jugé (par eux) plus souvent comme 'très bon', une expérience plus tardive de la sans-domiciliation, et un soutien plus actif de leur réseau de sociabilité (amis, proches, voisins, famille)", rapporte l'étude.

Parmi cette population minoritaire, deux profils se distinguent: les diplômés issus de l'enseignement supérieur français et les diplômés venus de l'étranger. Les premiers sont "plus souvent des hommes, plus âgés, plus seuls, un peu plus souvent issus de classes sociales défavorisées, un peu moins parisiens." Les second "plus souvent femmes, âgées entre 30 et 49 ans, voire moins de 30 ans, avec enfant(s), un peu plus souvent issues de classes moyennes."

"Leur sans-domiciliation est révélatrice d'une trajectoire de déclassement de diplômés nés à l'étranger et dont les conditions de vie suite à leur arrivée en France ont conduit à la pauvreté, faute de valorisation de leur diplôme, d'obtention d'un diplôme français ou d'une équivalence et, souvent, (à cause) de discrimination", notent les auteurs. La part de sans-abris ayant connu une première situation de sans-domiciliation au cours de leurs études supérieures est estimée à 15%.

Plus 50% de sans-abris en 11 ans

Au-delà des diplômés, l'enquête dresse un tableau alarmant de la situation des sans-abris en France: 143 000 personnes étaient sans domicile en 2012, soit une augmentation de plus de 50% en 11 ans. Entre 2001, date de l'étude précédente, et 2012, les SDF nés à l'étranger sont nettement plus nombreux.

Un quart des SDF de moins de 65 ans travaille. Un sur deux se dit chômeur, et un sur dix n'est pas autorisé à travailler (demandeur d'asile ou en congé maladie de plus de trois mois). Le revenu de solidarité active (RSA) est la ressource la plus souvent perçue.

Les chercheurs ont aussi constaté que les utilisateurs de services d'aide (hébergement temporaire et restauration gratuite) ont été plus nombreux à subir un placement en famille d'accueil ou en foyer dans leur enfance: 23% contre 3% dans le reste de la population.

Parmi ces utilisateurs des services d'aide, ceux qui ont connu le placement sont 36% à déclarer un état de santé mauvais ou très mauvais, soit deux fois plus que ceux qui n'ont pas connu cette situation. Ce mauvais état de santé remonte plus fréquemment à l'enfance que pour les autres.

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