Partager
Industrie automobile

La Grande-Bretagne produit plus de voitures que la France

La production auto britannique a accru de 12,3% sa production sur sept mois. Le gouvernement de Londres table sur deux millions de véhicules en 2018-2020. Soit plus que la France l'an dernier. La Grande-Bretagne produit déjà plus de voitures que l'Hexagone, si l'on exclut les utilitaires.

réagir
Essai Toyota Auris Touring Sports (2013)

La Toyota Auris est assemblée en Grande-Bretagne

Image © LQA - N. Meunier

L'industrie auto britannique va-t-elle damer le pion à la française?  La production de voitures particulières au Royaume-Uni s'est encore accrue de 12,3% sur les sept premiers mois de l'année à un peu plus d'un million d'unités, selon les chiffres de la SMMT (association des constructeurs britanniques). Juillet 2016 a même été un mois record.  Les exportations ont crû sur sept mois de presque 14%. "La production annuelle de véhicules devrait atteindre les 2 millions en 2018-2020", pronostiquait même ce mercredi Mark Garnier, sous-secrétaire d'Etat britannique au commerce extérieur, de passage à Paris. A cet horizon, la Grande-Bretagne, qui a fabriqué 1,68 million de véhicules en 2015,  pourrait rattraper, voire dépasser, la France, qui en a produit 1,97 million.

La Grande-Bretagne devant la France

Si l'on prend les seules voitures particulières (hors utilitaires), la Grande-Bretagne dépasse même déjà l'Hexagone,  avec 1,59 million d'unités assemblées l'an passé, contre 1,55 million respectivement, selon l'organisation internationale OICA. Et ce, depuis 2012. Il y a dix ans, pourtant, la France fabriquait… deux fois plus de véhicules (voitures et utilitaires) que le Royaume-Uni. Le problème, c’est que l’industrie automobile tricolore s’est effondrée de moitié entre 2004 et 2014. La Grande-Bretagne a souffert aussi, mais elle a vite remonté la pente.

Ces perspectives optimistes risquent d'être toutefois contrecarrés par les conditions du Brexit. "Le succès futur du secteur dépendra de la capacité du Royaume-Uni à préserver la conjoncture économique et commerciale à laquelle il doit sa compétitivité dans le monde ", a indiqué prudemment ce mercredi Mike Hawes, directeur général de la SMMT, à la veille de l'ouverture du Mondial de l'auto parisien. En référence claire à la sortie de l'Union européenne, choisie par les électeurs britanniques lors d'un référendum fin juin. Le sous-secrétaire d'Etat Mark Garnier a assuré de son côté qu'il "comprend à quel point l'industrie auto est importante pour le Royaume-Uni", mais qu'il "il faut respecter la démocratie" et donc le vote des Britanniques en faveur de la sortie.

Les japonais très implantés

La question du Brexit est d'autant plus sensible que tous les constructeurs implantés outre-Manche sont... étrangers, ou détenus par un groupe non britannique. Aujourd'hui, et malgré ses succès,  la Grande-Bretagne ne fait qu’assembler en effet des véhicules pour Ford, GM, Nissan, Toyota, Honda, BMW). Seul Jaguar Land Rover  conserve son siège social, ses usines et ses centres techniques outre-Manche, mais il est à 100% propriété du… consortium indien Tata. De fait, la moitié de la production britannique est assurée… par les seuls constructeurs automobiles japonais, accueillis à bras ouverts dans les années 80 par Margaret Thatcher. Celle qui était alors Premier ministre leur avait fait un pont d'or pour recréer des emplois, alors que les vieilles marques britanniques (MG, Austin, Morris, Rover, Triumph...) périclitaient, victimes du manque de productivité, d'une technologie dépassée et d'une qualité déplorable. Les aides à l'investissement avaient fonctionné à plein.

Le pionnier fut Nissan, qui, dès 1986, assemblait des berlines Bluebird à Sunderland, près de Newcastle (nord-est de l'Angleterre). Avec l'accroissement du taux d'intégration local, les voitures furent considérées par les pouvoirs publics comme britanniques - donc européennes - dès 1988. L'invasion de l'Europe était lancée. En 1992, Nissan produisait déjà 180.000 véhicules. Cette même année,  Honda démarrait à son tour une production locale à Swindon (sud du pays). Honda avait déjà passé à la fin des années 70 des accords avec Austin Rover, l'ex-conglomérat British Leyland en pleine déliquescence, pour céder des licences de ses propres modèles (Honda Civic Sedan rebaptisée Triumph Acclaim). En 1990, la firme nippone avait carrément pris 20% de la société anglaise, rebaptisée entre-temps Rover Group.  Mais, en implantant un site industriel propre, Honda passait à la vitesse supérieure avec des véhicules sous sa marque. Fin 1992, la première Toyota sortait à son tour des chaînes de Burnaston (Midlands), avec des moteurs fabriqués à Deeside (Pays de Galles). En l'an 2000, le raz-de-marée se précisait: Nissan produisait 327.700 véhicules au Royaume-Uni, Toyota 178.700 véhicules, Honda 75.000.

Heureusement, les constructeurs du Vieux continent se sont ressaisis avec des produits plus diversifiés, innovants et fiables. Les japonais, qui avaient notamment pour eux des usines flambant neuves ultra-compétitives, ont subi à leur tour la concurrence des nouveaux entrants comme les coréens ainsi que la hausse continue de leurs coûts. Aussi, les prévisions pessimistes des experts automobiles qui, tout au long des années 90, redoutaient une grave crise de l'industrie auto européenne sous les coups des Japonais ne se sont pas entièrement avérées. Les firmes nippones n'ont pas pris 20% du marché de l'Union, comme on le pronostiquait alors. Elles en occupent 12,7% (cinq premiers mois de 2016). Il n'empêche. C'est bel et bien le Royaume-Uni qui, en ouvrant les portes aux Japonais pour sauver son industrie,  a introduit le loup dans la bergerie.

 

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications