En Afrique du Sud, une patrouille de femmes combat le braconnage

Les patrouilles des Black Mambas ont fait chuter le braconnage de 76%. [Julia Gunther/Black Mambas]

En Afrique du Sud, 26 femmes non armées sont devenues les anges gardiens de la faune sauvage en faisant fait chuter les chiffres du braconnage dans une réserve privée.

L’initiative de Craig Spencer, directeur de la réserve naturelle de Balule dans le nord-est sud-africain, s’est révélée être la stratégie de lutte contre la chasse illégale la plus efficace du monde.

En 2013, ce précurseur a décidé de faire patrouiller des femmes, sans arme, dans sa réserve, pour décourager les braconniers. Depuis, ce groupe entièrement féminin est devenu une unité spéciale qui attire l’attention et suscite l’admiration du monde entier.

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Engagées contre le braconnage

L’Afrique du Sud abrite le plus grand nombre de rhinocéros à l’échelle planétaire. Il y a seulement quelques années, le braconnage systématique de ces animaux, ainsi que d’autres espèces menacées, en avait largement réduit le nombre. Malgré les militaires et les technologies de surveillance ultra modernes, la chasse illégale proliférait dans la plupart des réserves naturelles. En Afrique du Sud, le braconnage pouvait provoquer la mort d’un rhinocéros toutes les sept heures, selon les périodes.

Les choses ont changé avec l’arrivée de la Black Mambas Anti Poaching Unit, qui porte le nom d’un serpent extrêmement dangereux et est composé de femmes originaires des classes sociales les plus démunies de la population. Ce travail, qui représente souvent la seule source de revenus de leurs familles, permet à ces femmes de subsister, assure le directeur de la réserve.

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Les membres des Black Mambas prennent leur mission très à coeur. Vêtues de treillis et de lourdes bottes aux pieds, elles patrouillent six heures chaque jour le domaine de 40 000 hectares, dans lequel vivent rhinocéros, guépards, girafes et gnous. Elles peuvent parfois parcourir jusqu’à 21 kilomètres dans des conditions climatiques extrêmes.

Leur tâche consiste à relever le moindre détail, pouvant indiquer la pratique de braconnage dans le secteur : elles contrôlent les grillages électriques pour repérer les brèches, et les réparer si nécessaire et guettent des coups de feu.

Leurs efforts sont fructueux puisque depuis la création de la troupe, le nombre d’actes de braconnage a diminué de 76 % dans la réserve de Balule. Les Black Mambas ont détruit un campement de braconnier, ainsi que des pièges et des cuisines, dans lesquelles la viande d’animal sauvage est directement préparée à la vente.

Une source d’inspiration

Aucune de ces femmes n’a de diplôme universitaire. Elles ont toutes suivi une formation de six semaines, à la fois paramilitaire et sur la protection des animaux. Elles sont d’ailleurs tenues de participer régulièrement à des cours de sport.

Pionnières dans un domaine encore largement dominé par les hommes, les Black Mambas sont une source d’inspiration pour de nombreux jeunes. La majorité des jeunes Africains est en effet sans emploi, qui, donc, facilement attirés par les activités de braconnage. Pour modifier la façon de penser des populations locales et leur apprendre la valeur du règne animal, le groupe a lancé le programme « Bush Babies » dans dix écoles locales.

L’objectif est de transmettre leur amour pour les animaux aux élèves et de leur montrer quels dangers sont entraînés par le braconnage. Les Black Mambas espèrent que les informations seront transmises aux parents par le biais de leurs enfants et qu’une culture anti-braconnage se développera dans les écoles.

Les exploits réalisés par le groupe des Black Mambas ne sont pas passés inaperçus. Cette année, ses membres ont été conviées à Londres, pour recevoir le prix « Innovation in Conservation » de l’organisation britannique Helping Rhinos, remis pour la toute première fois.

Ce prix honore les personnes ou les projets qui font preuve d’un engagement extraordinaire et qui contribuent sensiblement à la protection des rhinocéros grâce à des mesures innovantes et inspirantes. L’an dernier, les Black Mambas s’étaient déjà vu décerner le prix « Champions of the Earth », la plus grande décoration en matière de protection de l’environnement, remise par l’ONU pour récompenser leur courage dans la lutte contre le trafic illégal d’animaux à échelle locale.

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Les coups de feu se font de plus en plus rares dans la réserve naturelle de Balule, qui est à présent devenue un exemple pour de nombreuses autres réserves en Afrique du Sud, un pays où le braconnage est encore bien trop présent. Le parc est salué dans la région comme à l’international pour son initiative innovante et durable de recruter des femmes originaires des populations défavorisées, intégrées à la société et impliquées dans la protection des animaux grâce à leur travail.

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