L'ancien président du groupe UMP Jean-François Copé (droite) quitte le siège du parti avec Nicolas Sarkozy, tout juste nommé, le 3 décembre 2014 à Paris

L'ancien président et son ancien ministre s'affronteront au mois de novembre lors de la primaire de la droite et du centre, avant l'élection présidentielle de 2017.

afp.com/Thomas Samson

"Il voudrait que vous l'élisiez pour ne pas aller au tribunal!", assure le député-maire de Meaux. Blanchi dans l'affaire Bygmalion, Jean-François Copé règle ses comptes avec Nicolas Sarkozy, qu'il affrontera en novembre lors de la primaire à droite, rapporte Le Monde publié ce jeudi, quelques heures avant la diffusion sur France 2 d'une interview clé de Franck Attal sur l'affaire Bygmalion.

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"Une fuite éperdue en avant"

Pour le maire de Meaux, "la mise en examen [de Nicolas Sarkozy] n'est pas que technique, elle porte sur une vingtaine de millions d'euros, qui en réalité sont un détournement! C'est une fuite éperdue en avant".

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Jean-François Copé affirme avoir dévoilé ce qu'il savait sur cette affaire à Nicolas Sarkozy en mai 2014, quelques jours après que le responsable opérationnel de Bygmalion, Franck Attal, lui eut révélé la fraude: "J'explique ce que je sais et, et là j'ai un mur de silence. J'ai compris rétrospectivement pourquoi", explique-t-il.

Copé accrédite la piste de versements occultes

Toujours interrogé par le quotidien, le député-maire de Meaux affirme tout ignorer d'un éventuel financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. En revanche, il suggère que des versements occultes ont bien été effectués, en 2012 et peut-être même en 2007.

"Sarkozy dit: 'Je ne comprends pas, ma campagne 2012 ne peut pas avoir coûté plus cher qu'en 2007'." Mais, insiste Jean-François Copé, "elle a coûté plus cher: on sait que les meetings ont coûté 22 ou 23 millions de plus! Donc, puisqu'en 2007 il n'y a pas eu le financement occulte de l'UMP, c'est quoi le financement, alors? Sarkozy se fragilise en voulant mentir", rapporte Le Monde.

Appuyé par Jérôme Lavrilleux, Jean-François Copé postule dans Le Monde que les dépenses effectuées en marge du plafond de campagne autorisé ont pu l'être via des fausses factures en 2012, et peut-être par des valises de billets en 2007.

Contacté par L'Express, l'entourage de Nicolas Sarkozy réplique: "Copé essaye d'agiter la muleta. C'est grotesque de A à Z. La meilleure réaction, c'est de ne pas en avoir." Et d'assurer: "Notre réponse à tout cela, c'est le terrain, le terrain, le terrain... Ça nous galvanise au contraire."

L'amertume de ne pas avoir été soutenu

Outre l'affaire Bygmalion, le candidat à la primaire à droite revient sur sa traversée du désert et sur le peu de soutiens politiques reçus à ce moment là. "J'apparaissais pour chacun d'eux comme le coupable idéal, l'alibi parfait", déplore-t-il.

Nombre de candidats à la primaire, accusés de l'avoir poussé hors de la présidence de l'UMP en 2014, en prennent pour leur grade, comme Nathalie Kosciusko-Morizet -"elle a besoin d'exorciser sa défaite à Paris"-, Alain Juppé -"il prend deux fois la parole pour que je quitte mes fonctions, il ne voit pas que si je pars, c'est Sarkozy qui arrive".

Fillon en prend aussi pour son grade

L'attaque la plus virulente de cette interview au Monde est réservée à l'ancien Premier ministre, François Fillon: "Fillon passe après, (lors du bureau politique) la main sur le coeur: 'Mon éthique, mon sens de la responsabilité, tu dois partir...' Dix jours après, il va bouffer avec (Jean-Pierre) Jouyet pour 'finir' Sarkozy. Assez bête pour penser que Jouyet a la moindre prise sur le parquet. Il est d'une naïveté invraisemblable!", assène Jean-François Copé.

Il fait écho à une publication du Monde fin 2014, selon laquelle François Fillon aurait demandé au secrétaire général de la présidence que l'Élysée influe sur la justice contre Nicolas Sarkozy pour empêcher son retour en politique.

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