« C'est merveilleux d'être à la maison et de retrouver mes amis et ma famille », s'est exclamée en souriant la professeure à la retraite canado-iranienne Homa Hoodfar, de retour à Montréal après près de quatre mois de détention en Iran.

À sa descente de l'avion, ce matin, à l'aéroport Montréal-Trudeau, la professeure canadienne d'origine iranienne ‎a été accueillie par les cris de joie de ses proches et de ses collègues de l'université Concordia.

Accompagnée de sa nièce Amanda Ghahremani, Homa Hoodfar a tenu à remercier lors d'un bref point de presse tous ceux qui ont travaillé à sa libération. « Je veux remercier le gouvernement canadien et le ministère des Affaires étrangères qui ont travaillé fort pour obtenir ma libération. »

‎Homa Hoodfar a exprimé sa gratitude vis-à-vis des autorités d'Oman qui ont joué un rôle dans sa libération et lui ont offert l'hospitalité à sa sortie de prison. Elle a remercié les autorités iraniennes « qui ont facilité » sa libération‎. Elle a tenu aussi à remercier ses collègues, ses étudiants et les militants des droits de la personne qui l'ont soutenue.

Fatiguée et amaigrie, Homa Hoodfar n'a donné que p‎eu de détails sur sa détention. « Le plus difficile, c'était de ne pouvoir communiquer avec personne », a-t-elle dit.

« Je ne crois pas retourner en Iran ; je pense que je vais rester à Montréal pendant quelque temps ! », a-t-elle répondu à une question d'un journaliste. Sa réponse a déclenché plusieurs rires dans la foule.

Elle n'a vraiment cru à sa libération qu'au moment où elle était dans l'avion la menant à Oman. « J'ai alors su que j'étais libre ».

Les retrouvailles avec sa nièce Amanda, qu'elle ne ‎s'attendait pas à voir à son arrivée à Oman, ont été très émouvantes. « Quand je l'ai vue, ce fut le moment le plus merveilleux. Je l'ai serrée dans mes bras et je me suis sentie libre. »

Homa Hoodfar avait été relâchée plus tôt cette semaine et elle avait quitté l'Iran pour se rendre à Oman, un sultanat de la péninsule arabique.

Homa Hoodfar était détenue depuis le 6 juin à la tristement célèbre prison d'Evin pour avoir « baigné dans des activités féministes » et relativement à des allégations en matière de sécurité.

La professeure à la retraite est reconnue pour ses recherches sur les femmes musulmanes. Il semble que les autorités iraniennes aient été froissées particulièrement par ses recherches sur l'homosexualité et sur la sexualité des femmes en territoire musulman.

Mme Hoodfar avait voyagé en Iran au mois de février pour voir sa famille et faire de la recherche, mais elle avait été arrêtée en mars alors qu'elle devait rentrer à Montréal. Elle avait été libérée sous caution avant d'être arrêtée une deuxième fois au début du mois de juin.

Sa famille avait craint le pire dans les dernières semaines, affirmant que sa santé se détériorait. Homa Hoodfar souffre d'un trouble neurologique et certains médias rapportaient qu'elle avait peine à marcher ou à parler.

L'agence de presse officielle du Sultanat d'Oman a publié des photos de Mme Hoodfar lorsqu'elle est arrivée à Muscat, la capitale.

Puisque le Canada ne dispose pas d'une présence diplomatique en Iran, les gouvernements de l'Oman, de l'Italie et de la Suisse avaient prêté main-forte pour assurer sa libération. Le Canada n'a pas d'ambassade en Iran depuis 2012, lorsque le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait rompu toutes les relations diplomatiques avec le pays relativement à son programme nucléaire.

Dans un communiqué publié plus tôt cette semaine, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé que le gouvernement canadien avait travaillé « activement » pour assurer la libération de Mme Hoodfar.

- Avec La Presse Canadienne