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Économie

Agression sexuelle par un Qatari : l’hôtel Park Hyatt condamné

EXCLUSIF. L’hôtel de luxe et son sous-traitant ont été condamnés à verser 57 243 euros à l’ancienne femme de chambre agressée sexuellement par un proche du prince du Qatar en 2010.

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Hayatt HOTEL

Elle attend depuis six ans que justice soit faite. Le 28 septembre, Mariama Diane Diallo a reçu le texte du jugement des prud’hommes de Paris sur son licenciement pour « faute grave ». Après des années de combat, elle a enfin obtenu gain de cause : son ancien employeur, la société française de services, et l’hôtel 5 étoiles Park Hyatt Paris-Vendôme ont été condamnés à lui verser quelque 57 243 euros d’indemnités. Motifs : non respect de l’obligation de prévention de harcèlement sexuel, discrimination et licenciement sans cause réelle et sérieuse.

Une affaire à la DSK

L’affaire remonte au 27 juillet 2010. A l’époque, Mariama Diane Diallo est femme de chambre dans le fameux hôtel Park Hyatt situé 5 rue de la Paix à Paris. Vers 19 h, alors qu’elle nettoie la chambre 327, elle est agressée sexuellement par un client membre de la délégation qui entoure le prince Al Thani du Qatar de passage à Paris. L’agresseur, identifié comme étant un dénommé Ganim Salem est stoppé par l’arrivée de sa famille.

Immédiatement, la femme de chambre alerte le directeur de la sécurité Pierre-Louis Cador et la directrice de l’hébergement Delphine Cravotto. L’employée est en état de choc et les deux cadres l’invitent à rentrer chez elle, mais ni l’un ni l’autre ne songent à prévenir la police. La plainte ne sera déposée que le lendemain au commissariat du premier arrondissement par Mariama Diane Diallo elle-même. Un délai qui laisse le temps à l’agresseur de repartir pour le Qatar par le premier avion... Les responsables du Park Hyatt ont juste formulé par écrit à la délégation du Qatar que « Mr Ganim Salem n’est plus admissible à séjourner dans aucune des propriétés de Hyatt en France ».

Evincée deux mois après son agression

Dans son jugement, rendu le 3 août et publié le 28 septembre, le tribunal estime que le Park Hyatt n’a pas rempli ses obligations en matière de prévention du harcèlement sexuel. A la barre, Mariama Diane Diallo avait déclaré que, deux jours avant son agression, « un membre de la délégation du prince Al Thani résidant dans la chambre 315 s’était mis nu et masturbé devant une de mes collègues. La direction a été avisée de cet «incident» et la seule réponse qui nous a été rapportée est qu’aucune femme de chambre ne devait se rendre dans cette chambre ».

Plus grave, deux mois après son agression, la femme de chambre est évincée de l’hôtel de luxe. Son nom n’apparaît plus sur le planning de nettoyage du 5 étoiles et la gouvernante générale lui signifie qu’elle a eu « l’ordre de ne plus la recevoir à Hyatt ». Le 23 septembre, la société française de service l’informe par courrier qu’elle est mutée dans un autre hôtel, le Burgundy. Le 15 octobre, Mariama Diane Diallo tente de se suicider. « Etat de stress post-traumatique », diagnostique le médecin qui la prend en charge aux urgences et lui prescrit plusieurs arrêts de travail jusqu’en décembre 2015.

"Un licenciement qui ne tient pas la route"

A l’issue de ce congé maladie, Mariama Diane Diallo refuse toujours sa mutation et, le 20 janvier 2011, elle est licenciée par la société française de services pour « refus de mutation », une « faute grave » selon les termes de son contrat de travail. Pourtant, aux yeux du tribunal, ce licenciement ne tient pas la route. « La SA Groupe française de service a préféré, pour garder ses relations contractuelles avec la SASU SASIH [qui chapeaute le Park Hyatt, ndlr], muter Madame Mariama Diane Diallo dans un autre hôtel, alors que deux jours avant sa décision de la licencier, elle lui délivrait une attestation employeur louant ses qualités professionnelles, relève le conseil des prud’hommes de Paris. Ainsi, ce changement d’affectation et le licenciement qui en a découlé étant directement consécutif à la révélation des faits de harcèlement et d’agression sexuels, il est constitutif d’une discrimination. »

La sanction est tombée. Le Park Hyatt et son sous-traitant sont condamnés solidairement à verser 10 000 euros d’indemnités pour harcèlement sexuel et 10 000 euros pour non-respect de l’obligation de prévention du harcèlement sexuel. Mariama Diane Diallo bénéficie aussi d’une créance vis-à-vis de la société française de service, en cours de liquidation, de 27 300 euros, dont 10 000 euros d’indemnités pour discrimination et 10 000 euros pour licenciement injustifié. Le Park Hyatt lui doit en outre 10 000 euros de réparation supplémentaire. Soit un total de 57 243 euros.

Contacté, le Park Hyatt Paris-Vendôme n’a pas souhaité commenter le jugement du conseil des prud’hommes de Paris.

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