Pour mettre fin à l'épidémie de tabagisme qui touche le Canada depuis des décennies, le pays doit se doter d'une stratégie radicale et viser un taux de tabagisme de 5 % d'ici à 2035. Réunis aujourd'hui à l'Université Queen's, 85 experts nationaux et internationaux adopteront cet objectif audacieux et des solutions pour éradiquer le tabagisme au Canada.

Actuellement, 18,4 % des Canadiens de plus de 12 ans fument. Chaque année, plus de 35 000 personnes meurent d'une maladie liée au tabac au pays. « C'est la principale cause de décès et de maladie au pays », note Rob Cunningham, analyste principal des politiques pour la Société canadienne du cancer.

Seule une poignée de pays ont adopté jusqu'à maintenant une stratégie nationale pour éliminer le tabagisme.

Ces pays estiment que les mesures de contrôle du tabac ne sont pas suffisantes. Pour mettre fin à l'usage du tabac, il faut adopter une stratégie visant à l'éradiquer complètement. M. Cunningham reconnaît que le taux de tabagisme a baissé beaucoup au cours des dernières années au Canada.

Mais le nombre de fumeurs est encore trop élevé, selon lui. « Ça prend une vision pour diminuer encore plus ce taux. Car trop de gens en meurent encore », dit-il.

DES SAQ DU TABAC

M. Cunningham indique que de nombreuses pistes de solution seront discutées aujourd'hui et demain. Notamment, le taux de taxation. « Au Québec, le taux de taxation des produits du tabac est le plus faible au pays. Au Manitoba, ce taux est au moins deux fois plus élevé. On discutera de l'impact de cette situation », dit-il.

M. Cunningham ajoute que la façon dont le tabac est vendu sera aussi abordée. « Il y a beaucoup de détaillants au pays qui vendent du tabac. Peut-être aurait-on intérêt à faire comme avec l'alcool et confier la vente à un nombre restreint de détaillants », dit-il.

Finalement, les participants discuteront de la possibilité de faire payer l'industrie du tabac si jamais l'objectif d'atteindre un taux de tabagisme de 5 % n'est pas atteint en 2035.

« Pour atteindre notre objectif ambitieux, nous devrons considérer des solutions nouvelles et osées. Il n'y a pas de recette ou de marche à suivre pour éliminer le tabagisme, mais nous croyons que les conclusions que nous tirerons lors de notre réunion seront une base solide pour que le gouvernement et les groupes concernés travaillent ensemble à réaliser cet important objectif », affirme Elizabeth Eisenhauer, chef du département d'oncologie de l'Université de Queen's.