Premier Marché des indés : directement du producteur à l'amateur de musique

Organisé par la SPPF, en collaboration avec l'Independent Label Market de Londres, l'événement parisien entend donner une visibilité à des structures sous-représentées. Concerts, DJ sets et ventes de vinyles et de CD auront lieu ce samedi 1er octobre jusqu'à minuit.

Par Jean-Baptiste Roch

Publié le 30 septembre 2016 à 15h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 03h03

La France n’en possédait pas, ce n’est désormais plus le cas : ce samedi 1er octobre se tient à Paris le premier marché des indépendants, à l’initiative de la SPPF et de son président Emmanuel de Buretel, soutenus par l’Independent Label Market, qui organise le même événement à Londres depuis 2011. Pour l’occasion, la SPPF, qui gère les droits des producteurs indépendants en France, avoue s’y être pris un peu tard et n’avoir pu dégoter « que » l’ancien marché couvert de la Halle des Blancs-Manteaux, prêté gracieusement par la mairie de Paris. De 11 heures à minuit (permission tardive obtenue grâce à la simultanéité avec Nuit Blanche), les visiteurs pourront venir gratuitement écumer les bacs à vinyles et CD des 60 labels présents, assister à des concerts de Flavia Coelho (Pias), Livingstone (Dixie Frog), Mat Hood & Gaumar (Active Records), Damien Humeau (Pias), ainsi qu’à de multiples DJ sets des labels Vietnam Records (et son boss multi-casquettes Franck Annese, patron de SoFoot, Society…), InFiné (Clara Moto), Kill the DJ... Pléthores de dédicaces sont aussi prévues toute la journée.

« En France, les labels indépendants font face à un déficit criant de visibilité », justifie Valérie Thieulent, responsable de la communication de la SPPF. De fait, on ignore souvent que 80% des albums produits en France aujourd’hui sortent sur des labels indépendants. Mais la concentration des playlists radios, squattées par les artistes des majors (Universal, Sony, Warner), ne leur laisse que 20% d’antenne. « Avec ce marché, l’idée est de faire connaître la diversité des productions issues de ces labels. Ce sont des structures à la taille souvent modeste, qui prennent des risques et dont le travail s’apparente à de l’artisanat. » Pour les plus petites d’entre elles. Car pour les autres, celles qui produisent les Vincent Delerm (Tôt ou Tard), Christine and The Queens, Charlotte Gainsbourg (Because), Breakbot (Ed Banger) ou Zaz (Play On), l’activité va bien au-delà de l'artisanal. Certains de ces labels (les “gros” indépendants) sont d'ailleurs distribués par des majors. A leurs côtés en revanche, au sein de la SPPF comme en dehors, on retrouve de nombreuses structures de taille modeste, pour lesquelles un tel marché a encore plus de sens.

« On est sur du produit frais », assure Valérie Thieulent, qui a travaillé son lexique. De fait, 60 stands seront installés dans la halle aménagée à l’image de l’ancien marché aux fruits et légumes. Sur les étals, les aubergines et les courgettes auront plutôt la forme de galettes vinyle ou numériques (CD), vendues en direct, « sans intermédiaires, du producteur à l’amateur de musique ». Du circuit court pour mélomanes, en somme, comme il en existe déjà dans plusieurs boutiques à Paris. Dans le lot, une majorité de labels français évidemment (environ 75%), des plus connus et influents (Because, Harmonia Mundi, Naïve, Pias, Tôt ou Tard, Believe, Wagram, Ed Banger..) aux plus confidentiels (AT(h)ome, Zamora, Label Laborie, Nota Bene…). Comme l’événement s'inspire de l’Independent Label Market, qui essaime désormais aussi à Berlin, Barcelone, Bristol, Hambourg, Los Angeles et Toronto, des labels britanniques seront représentés, dont les excellents et bien connus Bella Union (Beach House, Mercury Rev, Midlake, Karl Blau…), Heavenly (Temples, King Gizzard and The Lizard Wizard…) ou Warp (Battles, Aphex Twin, Mount Kimbie, Oneohtrix Point Never…). A noter également la présence du label allemand !K7. Rock, pop, chanson, electro, world : tous les styles auront droit de cité, et « au juste prix », promet Valérie Thieulent. Vu la flambée actuelle des prix des vinyles, la promesse n’est pas anodine. « Nous voulons casser l’image du producteur qui s’enrichit sur le dos des artistes ». Dont acte.

Le Marché des labels indépendants, le 1er octobre de 11h à minuit à la Halle des Blanc Manteaux, 48, rue Vieille du Temple, Paris 4e. Entrée gratuite.

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