
RÉFUGIÉS - Le maire d'Allex, une petite commune de la Drôme, a renoncé ce samedi à organiser un référendum local sur l'accueil de migrants de Calais, invalidé vendredi par la justice. "C'est devant l'intransigeance de l’État et par la contrainte que j'annule le scrutin qui était prévu ce dimanche", a déclaré lors d'une conférence de presse Gérard Crozier (SE), qui s'est dit "très amer".
"J'ai outrepassé volontairement mon niveau de compétence, j'ai voulu faire en sorte que la démocratie s'exprime", a poursuivi l'édile, entouré notamment du président du conseil départemental de la Drôme, Patrick Labaune (Les Républicains). "Les Allexois et les Allexoises sont bâillonnés", a-t-il insisté.
Le maire a également dénoncé "un acharnement de la préfecture", rappelant que "trois requêtes dont deux en urgence" avaient été déposées devant le tribunal administratif. "C'est beaucoup pour un maire d'une commune de 2500 habitants", a-t-il fustigé, en précisant qu'il allait "reprendre la consultation avec la population par d'autres moyens".
Le 13 septembre, le conseil municipal d'Allex, où l’État a ouvert un centre d'accueil et d'orientation (CAO) pour 50 migrants dans un château à l'écart du village, avait voté à l'unanimité et à main levée l'organisation d'un référendum sur le sujet. Le tribunal administratif de Grenoble, saisi par la préfecture de la Drôme, s'était opposé vendredi à l'organisation de ce référendum dans la mesure où l'hébergement d'urgence ne relève pas de la compétence de la commune mais de l’État. Onze premiers migrants étaient arrivés la semaine dernière dans la commune, originaires d'Afghanistan, d'Irak et du Soudan.
La droite extrême et l'extrême droite sont vent debout
La décision du tribunal administratif et l'annulation du référendum ont immédiatement été dénoncés par le Front national, à l'origine d'une campagne visant à refuser tout accueil de réfugiés sur le territoire. "Installation de migrants forcée, contre l'avis des habitants, référendum interdit: les socialistes attaquent la démocratie!", s'est emballée la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, oubliant au passage que la justice administrative est indépendante.
Dans un communiqué, le directeur de campagne de Marine Le Pen, David Rachline, a lui-même dénoncé "l'arrivée massive de migrants" dans son département du Var. "L’Etat impose aux collectivités sa folie. Le gouvernement socialiste passe en force et impose son diktat en menaçant directement l'ordre public et la sécurité de nos concitoyens du Var!", s'étrangle le sénateur-maire de Fréjus qui redoute "la création de centaines de mini-Calais à travers notre pays".
Une accusation dont le Front national n'a pas le monopole. Mi-septembre, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et figure de l'aile identitaire des Républicains, Laurent Wauquiez, avait appelé les maires à refuser l’accueil des migrants de Calais, pointant le risque de multiplication de "jungles" sur le territoire. La région Auvergne-Rhône-Alpes doit accueillir 1784 migrants, selon le plan de répartition du gouvernement.