Gabon : les observateurs européens écoutés par les services secrets d'Ali Bongo

Le "Journal du dimanche" révèle que les observateurs européens déployés pour l'élection présidentielle ont été placés sur écoutes par le régime en place.

6MEDIAS

Ali Bongo a été élu pour un mandat de sept ans. 
Ali Bongo a été élu pour un mandat de sept ans.  © AFP

Temps de lecture : 2 min

Le 24 septembre, la Cour constitutionnelle gabonaise proclamait la victoire d'Ali Bongo à l'élection présidentielle du 27 août, une annonce survenue après un mois de controverses et de violences. L'Union européenne avait envoyé des observateurs pour s'assurer de la bonne tenue de l'élection présidentielle, mais comme le révèle le Journal du dimanche, non seulement ces observateurs ont été largement écoutés par les services secrets d'Ali Bongo, mais leurs écoutes qu'a pu consulter le JDD révèlent des suspicions importantes de fraude électorale.

La newsletter international

Tous les mardis à 11h

Recevez le meilleur de l’actualité internationale.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Pendant le mois d'août, une soixantaine d'observateurs de l'Union européenne arrive au Gabon pour "présenter une évaluation précise, détaille et impartiale du processus électoral". Le jour de l'élection, le 27 août, les observateurs de l'UE ne peuvent assister aux opérations de dépouillement dans la province du Haut-Ogooué, fief de la famille Bongo, ce qui provoque les premières hésitations des observateurs. Le 30 et le 31 août, pendant que les Gabonais attendent la proclamation des résultats, l'inquiétude des Européens devient palpable quant à des manipulations électorales : "Bongo sait qu'il a perdu, mais comment il va faire pour annoncer qu'il a gagné", questionne l'un des membres de la mission. Le responsable de la sécurité de la mission européenne, Pierre B., signale pour sa part des "modifications" sur Wikipédia pendant la nuit : "Ils ont gonflé la population du Haut-Ogooué ! C'est pas un signe encourageant."

Menaces de mort

Alors que les services secrets gabonais sont parfaitement au courant des doutes émis par les observateurs européens, des rumeurs propagées par les médias se mettent à courir sur les membres de la délégation. Sur les réseaux sociaux, l'un des membres est menacé de mort et doit être exfiltré du pays. Les 5 594 voix d'avance pour Ali Bongo, annoncées par le ministère de l'Intérieur le 31 août,  confirment les craintes des observateurs : le Haut-Ogooué a voté à 97 % pour le président sortant et déclenchent une vague de violences dans le pays. Dans les jours qui suivent, les écoutes vont permettre aux services secrets de prendre connaissance des échanges des Européens avec des opposants, notamment à propos d'originaux de procès-verbaux des opérations de vote. Alors que les observateurs quittent le pays, Pierre B. pronostique : "Franchement, ici, vu le volume de mécontents, une asphyxie du pays. Les gens ne vont pas jouer la force, ils vont jouer l'asphyxie."

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (2)

  • Skyrunnernumber1

    Vous croyez qu'en France les Services n'espionnent personne, ne mettent pas sur écoute. Demandez à Sarkozy si lui et son avocat n'ont pas été écoutés. Tout le monde écoute tout le monde, français, allemands, chinois, britanniques, russes, américains. , etc. , etc. C'est la règle. Les journalistes semblent surpris. Ils viennent de découvrir quelque chose ou ils jouent aux vierges effarouchées ?

  • ragtime

    C'est la routine.