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Analyse

Réfugiés : les Français les bras à demi ouverts

Tandis que l’Etat veut accélérer la prise en charge des migrants, «Libé» a vu sur le terrain de la sérénité, mais aussi beaucoup de crispations.
par Sylvain Mouillard
publié le 2 octobre 2016 à 20h11

«La France est parfaitement capable d'accueillir les demandeurs d'asile.» Dix-huit mois après l'apparition au grand jour en Europe d'une crise migratoire sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, rarement le gouvernement français avait, du moins dans ses paroles, assumé une politique d'accueil des exilés fuyant les conflits. Les mots du Premier ministre, Manuel Valls, prononcés jeudi lors de la visite d'un centre d'accueil et d'orientation (CAO) à Epernay (Marne), témoignent de la volonté d'accélérer la prise en charge de ces migrants. L'Etat s'est notamment fixé comme objectif de démanteler d'ici la fin de l'année la «jungle» de Calais, où vivent entre 7 000 et 10 000 personnes. Celles-ci, qui peuvent dans 80% des cas prétendre à l'asile, doivent être relogées dans des centres d'accueil répartis sur l'ensemble du territoire métropolitain. Il s'agit en fait du prolongement et de l'accentuation d'une politique entamée à l'automne 2015, ayant abouti à l'ouverture de 163 CAO, sans incident notable.

Pourtant, depuis l'annonce par le ministre de l'Intérieur d'évacuer Calais le 1er septembre, le pays semble se crisper. D'un côté, des élus locaux et responsables associatifs qui expliquent qu'avec préparation et concertation, tout se passe bien. De l'autre, des politiques de droite et d'extrême droite qui instrumentalisent les craintes. Laurent Wauquiez, président par intérim de LR, a lancé une pétition pour s'opposer au projet des autorités, agitant le spectre d'une multiplication de «jungles» dans le pays. Ce que réfute le ministère de l'Intérieur : «Près de 6 000 personnes de Calais ont déjà été orientées vers des CAO depuis le 27 octobre 2015, parfois même dans la région de Laurent Wauquiez, sans même qu'il s'en aperçoive !» Il n'empêche, le mal semble fait. Ces dernières semaines, de nombreuses réunions publiques de préparation à l'arrivée des migrants ont été perturbées, avec le FN souvent à la manœuvre. Nos reportages, réalisés dans plusieurs régions, témoignent de cette dualité entre une France qui accueille, majoritaire et discrète, et une autre plus vindicative. Face à des «inquiétudes» qu'il a assuré «comprendre», il faut «expliquer», a martelé Manuel Valls dimanche.

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