Opinel, c'est plus de 300 millions de couteaux vendus dans le monde

    C'est une entreprise familiale plus que centenaire, née en Savoie à la fin du XIXe siècle. A la suite du décès de son père cet été, Denis Opinel, directeur général, a été nommé président de la société familiale créée par son arrière-grand-père en 1890, Joseph Opinel, inventeur du célèbre couteau. Il accorde au "Parisien-Aujourd'hui en France" sa première interview comme numéro 1 de cette pépite française.
    Retour sur l'incroyable succès de l'Opinel qui s'est vendu à plus de 300 millions d'exemplaires.

    Depuis 126 ans, petits et grands ont pratiquement tous eu un jour un Opinel dans leur poche. Comment expliquez-vous un tel succès ?
    C'est Joseph Opinel mon arrière-grand -père, taillandier à Albiez-le-Vieux, en Savoie, qui a dessiné et mis au point ce petit couteau fermant de poche en 1890. Pour satisfaire le plus grand nombre, il a une l'idée de génie de le fabriquer en plusieurs tailles ce qui ne s'était jamais fait dans le monde de la coutellerie. Très vite, tout le monde veut son Opinel et pour répondre à la demande, mon arrière-grand-père va monter son propre atelier qui sera délocalisé par la suite à Chambéry. C'était très important pour lui de proposer un couteau d'une très grande qualité et avec un rapport qualité-prix imbattable. C'est toujours inscrit dans les gênes de la société. Notre produit phare, le numéro 8, est vendu à moins de 10 €.

    Aujourd'hui, Opinel c'est bien plus que le seul couteau pliant !
    Opinel c'est désormais près de 300 références. Des couteaux pour les activités de plein air, mais aussi la cuisine, la table ou encore des outils pour le jardinage. Si l'entreprise est devenue ce qu'elle est aujourd'hui, c'est que notre famille a toujours innové et a su inventer de nouveaux modèles pour répondre aux besoins des consommateurs. Si l'Opinel pliant traditionnel représente plus de 60 % de nos ventes, les trois autres secteurs se sont fortement développés ces dernières années. Tous les ans, nous sortons deux nouveautés, récemment nous avons lancé un sécateur, et en octobre, est lancée la nouvelle collection « Bon Appétit », des couteaux de table en manches synthétiques pour pouvoir les passer au lave-vaisselle.

    Vous dirigez le groupe depuis 1998. Suite au décès de votre père cet été, vous êtes devenu le numéro 1. Opinel reste une société familiale ?
    Plus que jamais. Nous sommes une entreprise 100 % familiale dont la qualité est la marque de fabrique. Nous ne sommes pas obsédés par les volumes de ventes. Nous avons toujours maîtrisé notre développement et notre croissance, sans pression extérieure, c'est essentiel. Nous avons eu des propositions de rachat, on aurait pu ouvrir notre capital mais nous voulons garder le contrôle de l'entreprise. Chez Opinel, on a ainsi toujours fortement investi dans l'outil industriel pour proposer des produits d'une qualité toujours plus grande. Nos ateliers sont régulièrement modernisés, comme récemment notre usine de Chambéry.

    Que pèse l'entreprise Opinel ?
    Elle a toujours été en croissance, avec une forte accélération ces dernières années. Notre chiffre d'affaires est en effet passé de 10 M€ en 2009, à plus de 20 M€ l'an passé et progressera encore fortement cette année. Nous employons une petite centaine de salariés, dont 65 % d'ouvriers et une équipe dédiée à la recherche développement qui planche sur les nouveautés.

    Quels sont les enjeux à l'international ?
    Les couteaux Opinel sont vendus dans 70 pays et nous réalisons environ la moitié de notre activité à l'export, essentiellement en Europe. Mais nous voulons passer à la vitesse supérieure, notamment aux Etats-Unis. Nous sommes présents depuis de nombreuses années dans ce pays et nos produits plaisent. Pour aller plus loin, nous avons fait le choix, il y a quelques mois, d'ouvrir une filiale à Chicago pour mieux maîtriser le réseau de distribution. Et que nos ventes aux Etats-Unis, qui représentent 5 % de notre activité, passent à 10 % d'ici 5 ans.

    Où sont fabriqués vos produits ?
    Opinel, c'est 4,5 millions de pièces par an dont près de 3 millions d'Opinel pliants classiques. Toutes les grandes séries (85-90 % des volumes) sortent de notre usine en Savoie. Les petites séries et les couteaux droits sont eux sous-traités au Portugal. Mais quand ces petites séries deviennent grandes, elles sont rapatriées en France. Notre circuit de distribution est très diversifié puisqu'on trouve nos produits chez des milliers de détaillants (coutelleries, magasins de déco...) mais aussi dans des chaînes de magasins spécialisés (jardineries, bricolage, sport), dans les grands magasins parisiens, ou encore sur les marchés !

    Et la vente en ligne ?
    Nous sommes bien sûr présents sur Internet mais ce n'est pas le principal enjeu pour notre groupe. L'achat d'un couteau reste un achat plaisir, d'impulsion, on aime le toucher, le prendre en main.

    Etes-vous touchés par la contrefaçon ?
    Peu, mais notre famille a toujours été très active, dès 1909, pour lutter contre la contrefaçon et nous sommes propriétaires de la marque qui est notre nom. Les dépôts de marque, modèles, brevets, sont suivis de près dans le monde entier. Et puis nos couteaux ne coûtent pas cher. Les faussaires préfèrent s'attaquer à des produits moins bien protégés ou plus chers  !