Bonne nouvelle pour le marché de l’automobile : le seuil symbolique des 2 millions d’immatriculations a été dépassé en 2016 pour la première fois depuis cinq ans, selon les données publiées le 1er janvier par le comité des constructeurs automobiles français. C’est le groupe Renault qui profite le plus de cette embellie, avec une hausse de 8 % de ses ventes, grâce au succès de sa marque low cost Dacia.
Mais ces 2 millions de voitures ne représentent qu’un peu plus de 6 % du total des voitures en circulation en France, puisque le parc automobile français s’élève à 32 millions de véhicules particuliers.
Lorsque l’on scrute leurs caractéristiques, on s’aperçoit que les modèles flambant neufs, aux motorisations à la fois puissantes et écologiques mises en avant par les constructeurs sont loin de correspondre à la voiture de M. Tout-le-monde, qui reste plutôt d’entrée de gamme, assez vieille et roulant encore majoritairement au diesel.
L’hybride et l’électrique restent anecdotiques
Les constructeurs insistent sur leurs innovations en termes de motorisations écologiques. Malgré les primes accordées par le gouvernement, les voitures hybrides essence ou diesel ne représentent que 2,9 % des véhicules neufs vendus aux particuliers en 2016 et les voitures électriques seulement 1,1 % des nouvelles immatriculations.
La tendance la plus notable de ces dernières années est la désaffection pour les motorisations diesel, notamment à la suite des scandales sur leurs niveaux d’émissions et en raison des nouvelles normes antipollution. Les voitures fonctionnant au gazole représentent toutefois encore 59 % des ventes en 2015 et 68 % du parc existant.
La berline n’est plus hégémonique
Jusqu’à la fin du XXe siècle, les Français ne juraient que par les berlines, véhicules de moyenne et haut de gamme à la ligne classique (quatre portes, toit fixe, silhouette allongée) qui représentaient 93 % des ventes en 1990. Mais cette suprématie a été remise en cause d’abord par l’arrivée de voitures aux formes moins effilées et au profil plus utilitaires : breaks, mais surtout monospaces dans les années 2000, suivis des véhicules « tout terrain » – 4 × 4 et Sport utility vehicle (SUV) – qui représentent désormais 25 % des ventes
Le haut de gamme en perte de vitesse
Dans un marché automobile en perte progressive de vitesse depuis vingt-cinq ans (malgré un léger rebond en 2016), le recul des voitures haut de gamme est important. Elles ne représentent que 8 % des ventes, contre 11,1 % en 1990. Les Français se sont tournés massivement vers les modèles plus petits ou de gamme moyenne.
Trois voitures sur quatre sont vendues d’occasion
Pour les Français, s’acheter une nouvelle voiture n’est plus synonyme d’investir dans une voiture neuve. Le marché de la revente tourne à plein régime : pour un véhicule acheté à la sortie d’usine en 2015, presque trois seront acquises d’occasion, contre deux seulement en 1990.
Les véhicules sont toujours plus âgés
Au fil des reventes d’occasion, les consommateurs se retrouvent au volant de véhicules toujours plus vieux : l’âge moyen d’une voiture est passé de 5,8 ans en 1990 à 8,9 ans en 2015. Corollaire logique, le kilométrage moyen ne cesse d’augmenter, selon l’enquête annuelle parc auto de TNS-Sofres.
Les Français rognent sur le budget auto
Comme le montrent les volumes de vente en baisse, les Français semblent limiter depuis plusieurs années leurs dépenses liées à l’automobile, qui sont passées de 11 % à 8 % de leur budget. Selon les enquêtes de l’Insee sur la consommation des ménages, certains postes semblent immuables : assurance, stationnement, frais liés à l’entretien… Les consommateurs réduisent donc les frais liés à l’achat du véhicule.
En comparant les montants consacrés à l’acquisition des véhicules avec le nombre d’immatriculations, on peut calculer qu’en moyenne, les Français dépensent :
- 4 880 euros pour une voiture d’occasion ;
- 13 150 euros pour une voiture neuve.
Pourtant, toujours plus de jeunes
Moins d’achat neuf, des véhicules moins chics… la voiture serait-elle en perte de vitesse en France ? Les chiffres disent pourtant le contraire. Plus de quatre foyers sur cinq (82,9 % en 2015) sont « motorisés », c’est-à-dire qu’ils disposent d’une voiture, soit quatre points de plus qu’en 1990. La plus forte progression concerne les plus jeunes, dont le taux de motorisation a grimpé de près de 50 % sur cette même période.
Bientôt deux voire trois voitures dans chaque foyer ?
Interrogés sur leur rapport à la voiture, les Français sont 72 % à l’utiliser « tous les jours ou presque », et 52 % pour « le trajet domicile-travail », selon TNS-Sofres. Dans des ménages composés de plusieurs actifs, il n’est plus rare d’avoir non pas une mais plusieurs voitures. Le nombre de foyers disposant de deux véhicules a doublé depuis 1990, passant de 15 % à 29 %.
La carte de France montre que l’équipement des foyers en voitures est inversement proportionnel à la densité de population et au regroupement urbain. Le taux de motorisation est sans surprise beaucoup plus faible à Paris (37 %), mais aussi autour de Lyon et des départements du Nord-Est.
Ce décalage est encore plus notable lorsqu’on étudie la proportion de ménages disposant de deux voitures ou plus.
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