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Opérée du cerveau en étant réveillée : une patiente du CHRU de Besançon raconte

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C'était il y a neuf mois, en janvier 2016. L'équipe de neurochirurgie du CHRU de Besançon a opéré une patiente atteinte d'une malformation artério-veineuse, grâce à une technique qui n'existe que depuis une dizaine d'années : la chirurgie éveillée.

Bérangère avec le chef du service de neurochirurgie, Laurent Thines, et le docteur Antoine Petit
Bérangère avec le chef du service de neurochirurgie, Laurent Thines, et le docteur Antoine Petit © Radio France - Magali Fichter

Ce n'est pas Grey's Anatomy, c'est la vraie vie. Bérangère, 39 ans, avait une véritable épée de Damoclès au dessus de la tête : une malformation dans le cerveau qui risque, à terme, de lui coûter la vie. On lui propose alors une opération... un peu particulière : elle sera réveillée pendant une petite heure, avec le crâne ouvert !

Cette technique existe déjà depuis plusieurs années pour les tumeurs au cerveau, mais pour la pathologie de Bérangère, c'est une première en France. Le taux de réussite est de 90% : elle accepte. "Cela n'a pas été facile, mais j'ai été très bien encadrée. J'ai travaillé aussi sur moi, j'ai pensé à ma famille, et je me suis dit que j'allais me battre."

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La chirurgie éveillée, à quoi ça sert ?

Dans le cas de Bérangère, la malformation se trouvait tout près de la zone du langage. Le but de l'opération, c'était de réveiller Bérangère après lui avoir ouvert le crâne sous anesthésie générale, puis de lui présenter des images qu'elle devait décrire. "Je faisais les phrases qu'il fallait, ceci est une passoire, ceci est une girafe... Et au bout d'un moment, je me rendais compte que je n'arrivais plus à prononcer les mots".

Ceci est une girafe

En fait, pendant ce temps-là, une petite sonde envoyait des décharges électriques dans certaines zones du cerveau de Bérangère. Quand elle touchait la zone du langage, elle n'arrivait plus à parler. C'est ce qui a permis aux chirurgiens d'avoir une localisation beaucoup plus précise, et donc de pouvoir ensuite enlever la malformation sans risquer d'abîmer cette fameuse zone du langage, comme l'explique le docteur Antoine Petit, qui a participé à l'opération : "C'est un outil thérapeutique qui permet de pouvoir assurer quasiment à 100% au patient qu'il ne se réveillera pas avec un déficit neurologique. Ce qui, pour nous, est irremplaçable".

Est-ce que ça fait mal ?

La chirurgie éveillée n'est pas douloureuse. Même quand vous n'êtes plus endormi, il reste toujours l'anesthésie locale. Mais l'idée d'avoir le cerveau à ciel ouvert est quand même perturbante. Bérangère raconte qu'elle était trop concentrée pour y penser : "Je ne sentais pas réellement ma tête, je ne les entendais pas vraiment au dessus de moi. Je savais ce qui se passait, mais j'avais autre chose à penser." Les fameuses images à décrire... Cela dit, le professeur Laurent Thinès, le chef du service de neurochirurgie, tient à souligner le courage de sa patiente : "Tous les patients ne peuvent pas accepter ce type d'intervention. C'est vrai que dans ces procédures-là, le patient devient un peu le héros de sa propre guérison, et c'est ça qui est magnifique".

Neuf mois plus tard, Bérangère va bien. Quant à l'équipe de neurochirurgie, elle a pratiqué depuis d'autres opérations en chirurgie éveillée, pour des tumeurs au cerveau notamment.

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