Une nouvelle ligne blanche a été franchie : les autorités russes ne discuteront plus avec l’administration américaine sortante. La nouvelle Douma [issue des législatives du 18 octobre] peut inaugurer son mandat par la “loi sur le plutonium”, qui pose des conditions clairement impossibles à remplir pour la relance de l’accord avec Washington sur le recyclage des volumes excédentaires de plutonium à vocation militaire. Parmi ces dernières, l’annulation de la loi Magnitski, la levée des sanctions et, ce qui ne manque pas de piquant, un dédommagement pour les pertes occasionnées par les contre-sanctions [embargo russe sur les produits occidentaux en guise de mesure de rétorsion contre les sanctions].

Les griefs à l’égard des États-Unis, et donc de l’Occident, sont si sérieux que cette tentative d’estocade peut être qualifiée de déclaration de “guerre froide 3.0” – la “guerre froide 2.0” ayant de facto commencé après l’annexion de la Crimée en 2014 et l’adoption des sanctions contre les personnes et les compagnies russes.

Naturellement, le plutonium n’est qu’un prétexte. Sinon, la Russie n’aurait pas exigé la réduction des contingents militaires dans les nouveaux pays de l’Otan – l’ancienne zone d’influence de l’URSS, pour appeler les choses par leur nom. Le style et le contenu de cette démarche ne servent qu’à placer les dirigeants russes en position de maîtres d’une superpuissance.

Un message facile à déchiffrer

Ce signal envoyé par-delà l’océan Atlantique signifie la chose suivante : le pouvoir russe met littéralement ses relations avec les États-Unis en veille jusqu’à l’arrivée du prochain président, quel qu’il soit. Le message est facile à déchiffrer : il s’agit d’un châtiment infligé au pays clé de l’Alliance atlantique pour son dernier rapport sur le crash du Boei