Déjà en proie à un déficit chronique de précipitations, le sud-ouest des États-Unis est menacé d'une «mégasécheresse» d'ici la fin du siècle à cause du réchauffement climatique, selon une étude publiée dans la revue américaine Science Advances.

Les «mégasécheresses» sont des périodes sévères d'aridité qui durent plus de trente ans, précisent les chercheurs dont les travaux ont été publiés mercredi.

De tels phénomènes climatiques extrêmes sont rares mais se sont déjà produits dans le sud-ouest américain et dans d'autres régions du globe, comme au Sahel, pendant le dernier millénaire.

Ils ont été liés au déclin de plusieurs civilisations préindustrielles, rappellent les chercheurs.

Des indices montrent ainsi que le peuple Anasazi a été forcé d'abandonner ses terres dans le sud-ouest américain au 13e siècle en raison d'une longue sécheresse.

Selon une analyse des cercles de croissance des arbres et d'autres indications, les mégasécheresses des siècles passés dans cette région ont duré de 20 à 35 ans.

Avec l'accélération du changement climatique, une mégasécheresse sera encore plus torride et plus brutale, mettant à rude épreuve les ressources déjà limitées en eau du sud-ouest américain, mettent en garde ces scientifiques.

Une modélisation par ordinateur montre que si rien n'est fait pour réduire les émissions de CO2 dans l'atmosphère, le réchauffement dans cette région se poursuivra accompagné d'une aridité croissante.

Une telle mégasécheresse créerait «une pression sans précédent sur les ressources en eau déjà limitées» en Californie, dans le Nevada, au Nouveau-Mexique, dans l'Utah et le Colorado, écrivent ces chercheurs, dont Toby Ault de l'université américaine Cornell qui a mené ces travaux.

Le bassin du Colorado, qui s'étend entre l'Arizona, la Californie, le Nouveau-Mexique, le Nevada, l'Utah et le Wyoming, connaît une sécheresse depuis seize ans.

En Californie, qui entre dans la sixième année d'une sécheresse exceptionnelle, les autorités ont imposé des limites strictes sur la consommation d'eau en 2015.

Selon les chercheurs, il est encore possible de diviser par deux le risque d'une mégasécheresse durant ce siècle en réduisant nettement les émissions de CO2.

Mais il faudrait pour cela que les pays aillent beaucoup plus loin que l'objectif de l'accord de Paris sur le climat (COP21) qui prévoit de maintenir la hausse de la température moyenne du globe sous le seuil de 2°C par rapport au niveau préindustriel.