Drame à Villejuif : double suicide pour trois mois d'impayés

Un couple de Coréens dans l'incapacité de régler un trimestre de loyers s'est pendu chez lui à Villejuif.

C’est dans cet immeuble bien entretenu du boulevard Maxime-Gorki à Villejuif que le couple a mis fin à ses jours dans son studio.
C’est dans cet immeuble bien entretenu du boulevard Maxime-Gorki à Villejuif que le couple a mis fin à ses jours dans son studio. LP/DENIS COURTINE

    Ils sont morts comme ils ont vécu. Seuls, sans se plaindre et en s'excusant. Un couple de Coréens a été retrouvé pendu lundi après-midi dans leur studio de Villejuif. Sur la table du salon, cet homme de 60 ans et sa femme de 49 ans ont laissé une lettre écrite à l'encre noire dans un français hésitant. « Chers. On n'a pas d'une famille, des amis à contacter. La caution (1 350 €) est laissée à M. Z. (NDLR : le propriétaire de l'appartement) pour le loyer et des immeubles se laissent pour les autres. On voudrait enterrer partout en France. SVP. Désolée. »

    A côté du courrier, une bague, un téléphone et 68 centimes d'euros. Sans doute tout l'argent qu'il restait à cette famille. Depuis trois mois, le couple ne pouvait plus payer son loyer. C'est du reste pour cette raison que les corps des époux ont été découverts. Le propriétaire de l'appartement s'était décidé à appeler une compatriote du couple, qui s'était portée solidaire pour la caution.

    2 500 € de dette

    Ce lundi à 13 heures, accompagnés tous les deux d'un serrurier, ils pénètrent dans le studio situé au neuvième étage d'un immeuble bien entretenu, au 36, boulevard Maxime-Gorki. Les deux époux se sont pendus sur les gonds de deux encadrements de portes. Dans la pièce à vivre, une chaise pliante et très peu de meubles. Quand se sont-ils suicidés ? Difficile à dire pour l'heure. L'analyse du téléphone retrouvé sur la table révèle que le dernier appel passé date du 13 septembre. Mais un habitant de l'immeuble assure les avoir vus « partir au supermarché la semaine dernière ». Une autopsie va de toute façon être pratiquée à l'Institut médico-légal de Paris.

    « C'est incompréhensible ce qui s'est passé, lâche, sous le choc, le gardien de l'immeuble. Ils étaient tellement gentils. Ils parlaient mal le français, mais à chaque fois qu'ils me croisaient ils se courbaient pour me saluer. Ils étaient toujours bien habillés. La femme était très élégante. » « Ils étaient très polis mais ne parlaient jamais. On ignorait même s'ils travaillaient », témoigne un voisin.

    Savait-on dans l'immeuble qu'ils ne pouvaient plus payer leur loyer ? « Oui, le propriétaire avait appelé, se souvient le gardien. Mais se suicider pour trois mois d'impayés, c'est incroyable. D'autant plus qu'à la fin de l'année ils n'oubliaient jamais les étrennes. » D'après un agent immobilier, le loyer des studios de cet immeuble serait compris entre 800 € et 900 €. Les époux, qui y vivaient depuis au moins six ans, se seraient donc tués pour une dette d'environ 2 500 €. Et, selon nos informations, aucune procédure d'expulsion n'avait été ordonnée.

    Sur la table de la pièce à vivre, près du mot en français, une autre lettre avait été écrite. Mais cette fois dans une langue étrangère. Une lettre avec des chiffres et une adresse mail. Peut-être le dernier lien que ces époux gardaient avec leur famille en Corée du Sud.