Vu de Munich, vouloir devenir la présidente d’un pays qui n’a toujours pas tranché la question de savoir comment nommer une hypothétique femme à la tête de l’État, c’est un défi de taille. “Madame le président” ou “madame la présidente” ? Aux yeux de la Süddeutsche Zeitung (SZ) de ce 6 octobre, ce dilemme résume à lui seul le fait qu’en France “la présence de femmes aux plus hautes fonctions de l’État n’est pas prévue”.

Pourtant, “Marine le Pen y pense”, écrit le quotidien de Munich, et elle compte rameuter un groupe précis d’électeurs pour conquérir l’Élysée : les électrices.

Ainsi, elle a cité Simone de Beauvoir, affirmé le droit à l’avortement et l’égalité des sexes ; “des sujets qui, à première vue, ne sont pas évidents pour une femme d’extrême droite”, note la SZ. Et qui n’ont pas eu le succès escompté auprès de leur cible. “Les Françaises sont irritées”, dit le journal. “Le discours féministe se fait instrumentaliser pour diffuser du racisme et de la xénophobie”, déclare dans le quotidien Suzy Rojtman, porte-parole du collectif national pour les droits des femmes. Elle ajoute :

Il est vrai que le Front national défend des positions extrêmement conservatrices au sujet de l’égalité des sexes, de l’avortement ou de la gestation pour autrui. La ‘famille’ occupe une place centrale dans le programme du parti. Certes, l’image de la femme s’est modernisée depuis que Marine Le Pen a succédé à son père à la tête du parti il y a cinq ans. Mais malgré tout le rôle de la femme dans la société continue à être interprété de manière traditionaliste.”


Et il existe un autre canal pour Marine Le Pen pour faire campagne avec “la femme en elle”, écrit la SZ : son slogan aux airs maternels, “La France apaisée”. “Mais, conclut le quotidien, elle se garde bien de dévoiler quel rôle démodé elle prévoit pour les femmes dans ce pays.”