EN IMAGES. De Hitler à Santos : 8 choses à savoir sur le Nobel de la paix

1Qui est Juan Manuel Santos ? 

C'est un geste historique : le président colombien, Juan Manuel Santos, sert la main du chef des Farc, Timoleon Jiménez. La scène se déroule le 26 septembre dernier dans la ville de Carthagène des Indes, où les deux dirigeants vont signer le lendemain un accord de paix. Celui-ci, espère-t-on alors, mettra fin à 52 ans de conflit armé entre l'État et la guérilla.

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En fait, l'officialisation de la paix devra attendre encore un peu. Dimanche 2 octobre, les Colombiens ont rejeté cet accord par référendum, estimant qu'il faisait la part trop belle aux Forces armées révolutionnaires. 

Cet échec n'a pas dissuadé le comité Nobel norvégien d'accorder la récompense au chef d'État colombien. D'après la présidente du jury, Kaci Kullmann Five, "le fait qu'une majorité des votants ait dit non à l'accord de paix ne signifie pas nécessairement que le processus de paix est mort". Par son choix, l'institution lance donc un message d'encouragement.

2Qui étaient les autres favoris ?

La liste des nommés comportait pas moins de 376 personnes, proposées par un panel de milliers d'anciens lauréats, de politiciens, d'universitaires... Malheureusement pour les pronostiqueurs, la tradition réclame que cette liste demeure secrète pendant 50 ans. Les médias en étaient donc réduits aux suppositions.

De gauche à droite : 

- Les Grecs qui aident et accueillent les migrants

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- Denis Mukwege, gynécologue congolais engagé contre les viols et l'excision

- Edward Snowden, l'Américain qui a révélé la surveillance de masse menée par la NSA

- Nadia Murad, jeune Yézidie qui a échappé à Daech

Citons également un insolite. D'après une fuite, le nom de Donald Trump aurait été soumis par quelqu'un au jury norvégien, pour "son idéologie vigoureuse de paix par la force" (sic). Nous n'en aurons hélas la confirmation officielle que dans un demi-siècle.

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3 Les hommes écrasent le palmarès (mais cela évolue)

Depuis sa création en 1901, le prix Nobel de la paix a été décerné à 129 lauréats, dont 26 organisations et 103 personnes. Parmi ces personnes, on relève une écrasante majorité de vainqueurs masculins, rejoints cette année par Juan Manuel Santos :

La tendance très récente est toutefois au rééquilibrage : depuis 2003, on recense huit hommes récompensés pour six femmes. 

4Un palmarès très occidental (mais cela évolue aussi)

Selon les chiffres continentaux indiqués sur le site web de l'institution, l'Europe occidentale a réalisé la plus importante moisson de prix Nobel de la paix, devant l'Amérique du Nord et l'Asie (qui comprend le Moyen-Orient). Se greffent à la deuxième place les organisations internationales, menées par l'ONU.

Mais là encore, le palmarès "historique" ne reflète pas les choix récents des jurés norvégiens, ni les bouleversements de l'actualité. Si l'on se base sur les gagnants depuis l'an 2000, c'est l'Asie qui truste les prix Nobel de la paix, grâce notamment à l'opposant chinois Liu Xiaobo (2010), ou encore au Bangladais Muhammad Yunus (2006), l'inventeur du microcrédit. Juan Manuel Santos, quant à lui, apporte à l'Amérique du Sud sa première "victoire" au XXIe siècle.

5 Les seniors ont la cote 

À l'image du président colombien, âgé de 65 ans, les sexagénaires et les septuagénaires sont les personnes les plus en vue au prix Nobel de la paix. Moyenne d'âge des vainqueurs : 61 ans. La plus jeune primée est la Pakistanaise Malala Yousafzai, 17 ans en 2014, pour son combat en faveur des femmes. Le plus âgé est le Polonais Joseph Rotblat, engagé contre les armes nucléaires, distingué en 1995 à l'âge de 87 ans.

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6Des gagnants mythiques...

La large majorité des lauréats sont aujourd'hui inconnus du grand public, mais certains noms résonnent dans l'histoire. De gauche à droite : 

- Martin Luther King, le défenseur des droits civiques aux États-Unis, salué par l'institution norvégienne en 1964

- Mère Teresa, qui s'est vouée à la protection des démunis en Inde, récompensée en 1979

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- Aung San Suu Kyi, l'icône birmane, était en détention lorsqu'on lui attribué le prix Nobel de la paix en 1991

- Nelson Mandela, symbole de l'apartheid, récompensé en 1993, trois ans après sa libération, avec le président sud-africain Frederik de Klerk

7... et des grand oubliés

Étrange paradoxe : on peut être une icône de la protestation pacifique, bénéficier d'une aura planétaire, et ne jamais recevoir le prix Nobel de la paix. Tel est le sort de Gandhi, nommé cinq fois de 1937 à 1947, mais jamais récompensé. Cette injustice manifeste ne pourra jamais être réparée, puisque l'institution Nobel interdit les sacres posthumes (seule exception à cette intransigeante règle : le diplomate suédois Dag Hammarskjöld, mort entre la délibération et la remise du prix).

Helmut Kohl, le chancelier qui a su mener à bien la réunification allemande, aurait également pu prétendre rejoindre le club des "nobélisés".

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8Dictateurs en lice

Adolf Hitler a été nommé au prix Nobel de la paix en 1939. Son parrain ? Un certain E.G.C. Brandt, parlementaire suédois, décidé à faire de la provocation pour dénoncer la neutralité de la Suède face à l'Allemagne. Devant le tollé causé au sein de l'institution, il fut contraint de faire machine arrière et de retirer le nom du chancelier allemand.

Benito Mussolini a été nommé en 1935 par l'universitaire français Gilbert Gidel, futur membre du Conseil national du gouvernement de Vichy.

Staline a été nommé deux fois, en 1945 et 1947, au motif de sa victoire contre l'Allemagne nazie. 

 

 

Cyril Bonnet

Crédits photo : AFP, Sipa