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Toujours plus bio

Ce n'est plus un marché de niche, un «truc» de militants ou de bobos. Ça ressemble désormais à une marée verte. Neuf Français sur dix consomment des produits bio. Grands et petits, les acteurs de l'agroalimentaire l'ont bien compris. Et multiplient les initiatives.

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Par Stefano Lupieri

Publié le 7 oct. 2016 à 01:01

Un dimanche matin à La Belle Verte. En dépit du jour chômé, l'activité bat son plein dans ce Biocoop parisien donnant sur la petite place arborée du Général Beuret (XVe). Près d'une dizaine de personnes font déjà la queue à la caisse. Mais l'ambiance est détendue. Chacun prend son temps. «C'est la journée que je préfère, affirme Véronique Jeannin, la propriétaire des lieux. Je laisse de côté la paperasse administrative pour me dédier entièrement à mes clients.» Et d'expliquer à l'un d'eux comment elle a déniché ce petit producteur italien de pâte à tartiner «absolument délicieuse» et à un autre pourquoi, chez elle, on ne vend que des fruits de saison. Cette énergique femme de 53 ans a ouvert son magasin il y a tout juste un an. Cadre chez Bouygues Telecom pendant dix-sept ans, elle a profité d'un plan de départs volontaires pour faire le grand saut. Une manière pour elle de ne pas laisser son ancien employeur décider de la fin de sa vie professionnelle. Déjà cliente de l'enseigne, elle a posé comme une évidence sa candidature pour devenir sociétaire de cette coopérative de distribution. D'autant que ses deux filles, avec qui elle s'est associée, y avaient déjà travaillé en tant que vendeuses. Sa prime de départ de 33 mois de salaire y est passée. Et ses journées de travail ont explosé. Mais, aujourd'hui, elle a l'impression de revivre. «Tous les matins, je me lève en sachant que je vais faire du bien aux gens», souligne-t-elle.

Le fruit de vingt ans de crises alimentaires

Son bonheur est d'autant plus grand qu'en dépit d'une vive concurrence à proximité, avec un Naturalia, un Bio C'Bon et un La Vie Claire, son magasin a démarré sur les chapeaux de roues: 1,2 million d'euros de chiffre d'affaires en neuf mois. Tout comme les 33 autres nouveaux adhérents Biocoop qui ont ouvert un point de vente l'an dernier et les 40 prévus pour cette année, Véronique Jeannin profite à plein du boom de la consommation de produits bio. Avec près de 20% de croissance sur les six premiers mois de l'année, le record de l'an dernier (+15%) devrait être pulvérisé en 2016. Certes, voilà dix ans qu'on dit le marché «en forte progression». Mais on est en train de franchir un seuil. Désormais, neuf Français sur dix consomment ce type de produits. Dont 65% au moins une fois par mois. Affaire de militants à l'origine, puis «truc de bobos», le bio s'est généralisé. Même les acteurs conventionnels de l'agroalimentaire en prennent le chemin. À commencer par Danone qui, après avoir longtemps louvoyé, a déboursé 12,5 milliards de dollars, début juillet, pour s'offrir le roi américain des laitages biologiques WhiteWave. «Il s'agit du moment opportun pour réaliser une telle opération», a alors souligné le président du groupe, Franck Riboud. Plus tôt cette année, le groupe espagnol Ebro (Panzani, Lustucru, Taureau ailé...), géant du négoce mondial de riz et de pâtes, a pris le contrôle de Celnat, l'un des fleurons et des pionniers du bio français.

Pourquoi cet emballement? «Aucun événement exceptionnel ne l'explique, observe Charles Pernin, délégué général du Synabio, le syndicat national des entreprises bio. C'est juste le résultat de vingt ans de crises alimentaires. La tolérance du consommateur à la présence de pesticides dans son alimentation a atteint un point de bascule.» Et les révélations continuent de tomber. Juste avant l'été, l'association Agir pour l'environnement a dénoncé la présence de nanoparticules de dioxyde de titane dans des blanquettes de veau William Saurin ou des biscuits LU - il n'en est fait aucune mention sur les paquets.

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La conversion des terres s'accélère

À chaque nouvelle «affaire», le bio, vu comme un refuge, recrute de nouveaux adeptes. Mécaniquement, les ventes de denrées conventionnelles reculent de mois en mois. Ce qui se remarque à la source de la filière, chez les agriculteurs. Même si la FNSEA n'a pas encore viré sa cuti, une profonde mutation se dessine depuis la base. L'an dernier, quelque 200000 hectares de cultures sont entrés dans un processus de conversion bio. C'est deux fois plus qu'en 2014. Depuis janvier, chaque jour, ce sont 21 nouvelles fermes qui se convertissent au bio. D'après l'Agence Bio, organisme public de promotion de la filière, on comptera d'ici à la fin de l'année plus de 1,5 million d'hectares de terres «bio», soit quasiment 6% de la surface agricole utile. «Le mouvement s'est fait en plusieurs vagues, mais depuis 2015 on assiste à une nouvelle accélération qui concerne, fait nouveau, les grandes cultures et le lait», explique Christophe Lecuyer, président de la commission filières biologiques chez Coop de France.

Nouveau converti, Wigbold Hofstede n'a pas hésité à sauter le pas avec sa ferme de 380 hectares, dans la région de Bourges, qu'il exploite avec sa femme. La chute des cours du blé «conventionnel» a joué pour beaucoup dans sa décision: «En trois ans, la tonne de blé est passée de 200 à 130 euros», précise-t-il. Mais, pour cet agriculteur d'origine néerlandaise, arrivé en France avec ses parents, c'était aussi une manière de retrouver de l'autonomie dans son travail, dicté, jusque-là, par les programmes de traitement établis par les fabricants de produits phytosanitaires. Pour lutter contre la pyrale, un lépidoptère vicieux qui s'en prend aux tiges de maïs, ce jeune père de 35 ans utilise désormais des insectes prédateurs placés dans les champs grâce à des dispositifs ad hoc. Il a aussi doublé le nombre de cultures, «en veillant à commencer par les légumineuses, qui captent l'azote dans l'air, avant de passer aux céréalières, qui l'extraient du sol», explique-t-il. L'exploitant travaille beaucoup plus qu'avant, pour un rendement... moitié moindre: 3,5 tonnes de blé à l'hectare, contre 7 tonnes en conventionnel. Mais, pour la première fois cette année, après les trente-six mois de transition imposés par les normes bio, il vend à un cours d'au moins 400 euros la tonne. Un prix stable depuis dix ans. «Financièrement, on s'y retrouve», assure-t-il.

Frédéric Mallet, qui exploite avec ses trois associés 150 vaches sur 210 hectares, dans le Cher, a fait le même chemin. «En lait, les rendements sont de 30 à 40% inférieurs, mais nous vendons les 1000 litres à 440 euros contre environ 300 euros pour le conventionnel.» Certifié bio depuis 2013, cet agriculteur de 41 ans a dû remettre en question tous ses principes d'élevage. Fini, par exemple, de donner des antibiotiques à la moindre inflammation! Il s'est mis à l'homéopathie animale. «Pour un panaris à la patte, je traite avec de l'Hepar sulfur, qui favorise le mûrissement de l'abcès», indique-t-il.

Des rayons de plus en plus garnis

Paradoxalement, la seule vraie crainte, pour ces exploitants, tient au... succès de la filière bio. Le mouvement est tel que les aides prévues par le gouvernement ont vite fondu. «Il ne faudrait pas que les cours chutent pour cause de surproduction», s'inquiète Wigbold Hofstede. Une hypothèse assez improbable. Non seulement au vu de la mauvaise récolte de cette année, mais aussi, et surtout, compte tenu de la croissance actuelle du marché. Car, en aval, de plus en plus de transformateurs pensent bio. Souvent, ce sont des jeunes pousses emmenées par une nouvelle génération d'entrepreneurs, dont beaucoup sont issus de la «grande entreprise», qui viennent rivaliser avec les marques pionnières.

Ancien directeur du marketing chez Lesieur et Rémy Martin, Sébastien Loctin a eu l'idée de créer une gamme d'huiles biologiques en préparant les repas pour ses jeunes enfants. Mélanges savants de colza, lin, tournesol, olive, bourrache et autres pépins de courge, les produits Quintesens pallient les carences en oméga-3, vitamine E et autre DHEA, chez les enfants de moins de trois ans, les femmes enceintes ou les adultes de plus de 50 ans. «J'ai voulu construire une marque utile et sincère», précise ce père divorcé de 44 ans. Commercialisées en supérette biologique depuis 2014, ses huiles ont renouvelé le rayon et réalisent déjà près de 1 million d'euros de chiffre d'affaires. On voit aussi des jeunes diplômés se lancer sur ce marché. Issu de l'EM Lyon après un mastère en maths, fort d'une expérience de quatre ans dans un cabinet de conseil, Charles d'Oléon a décidé de tenter l'aventure à 28 ans avec une gamme d'encas à base de fruits bio. «Ce sont bien plus que de simples mélanges, souligne-t-il. Nos bananes, gojis, noix du Brésil ou graines de lin sont cuisinées avec des herbes aromatiques selon des recettes conçues par un chef, puis séchées et découpées en petites bouchées.» Sur le marché depuis moins d'un an, ces «Fruits détendus» sont déjà référencés dans une trentaine de points de vente individuels. Mais Charles d'Oléon sait bien que, pour assurer son développement, il doit vite décrocher un contrat «en centrale» avec une enseigne. Sa chance: le paysage de la distribution est lui aussi en plein bouleversement.

Les enseignes pionnières Biocoop et La Vie Claire, qui comptaient l'an dernier respectivement 383 et 272 points de ventes, font toujours la course en tête. Mais elles sont concurrencées par de nouveaux venus. Rachetés en 2008 par Monoprix, Naturalia et ses 130 magasins emmènent un peloton de plus en plus hétérogène, dans lequel on retrouve de sérieux challengers comme Bio C'Bon et NaturéO, mais aussi des transfuges de Biocoop comme Les Nouveaux Robinson ou Queues de cerises. Ces réseaux spécialisés, qui inaugurent chaque année des dizaines de nouveaux points de vente, pèsent 36% du marché (avec les magasins indépendants), mais, depuis 2009, les grandes surfaces les ont dépassés en volume (45%). Pionnier, Carrefour a lancé ses premières marques bio de distributeur en 1998. Depuis le Grenelle de l'Environnement, toutes les grandes enseignes s'y sont mises. Bien sûr, tous les circuits n'affichent pas, tant s'en faut, la même philosophie. Avec des prix de 10 à 15% inférieurs, les grandes et moyennes surfaces jouent la carte de la démocratisation. «Sur certains segments de base comme les oeufs, la part du bio peut avoisiner 20% des ventes», indique Richard Vavasseur, directeur des marques premium chez Carrefour. À l'inverse, le réseau Biocoop reste, lui, dans une démarche très militante. «Notre projet est politique, insiste Claude Gruffat, son président. Nous faisons passer nos valeurs avant les enjeux du commerce.»

De nouvelles filières s'organisent

Mais quid des produits? Beaucoup de consommateurs soupçonnent encore la grande distribution de faire du «faux bio». D'apposer un peu trop facilement un logo. «Le label AB, qui fait foi, est le même pour tout le monde», assure Richard Vavasseur (voir page 24). Pour Biocoop, les critères AB, qui autorisent une petite marge d'additifs, ne constituent qu'un minimum minimorum. «Dans les produits que nous référençons, on ne tolère, par exemple, aucune trace d'OGM ou de pesticide», précise Claude Gruffat. Les consommateurs, eux, naviguent entre les rayons en fonction de leur degré d'exigence. Même chez Biocoop, on reconnaît que seuls 10% des clients consomment 100% bio. Les nouveaux convertis adoptent souvent des démarches qu'on pourrait qualifier d'opportunistes, favorisant tantôt le prix, tantôt la proximité. Ces stratégies «mixtes» incitent les grands fabricants du secteur à jouer sur tous les tableaux à la fois. Distriborg, la filiale française du groupe néerlandais Wessanen, est présent tant en grande surface, avec des marques comme Bjorg ou Alter Eco, qu'en magasin spécialisé, avec Bonneterre. Idem pour le groupe Léa Nature (Jardin Bio, So'Bio, Floressance...). «Aujourd'hui, la majorité des transformateurs travaillent pour des marques actives dans les deux circuits», souligne Daniel Tirat, directeur général de Distriborg, qui s'est rebaptisé à l'été Bjorg, Bonneterre et Cie. Toute cette effervescence favorise la création de nouvelles filières. Les fabricants cherchent à sécuriser l'approvisionnement en matières premières, sur lesquelles il y a souvent pénurie. Biocoop vient de créer un réseau de fournisseurs de lait de chèvre pour sa marque propre Ensemble. Triballat Noyal a fait de même pour les fruits de ses yaourts Vrai.

La demande vient aussi de la restauration collective. Aux petits soins pour leurs salariés, de nombreuses entreprises passent au bio. Même s'il faut parfois leur donner un coup de pouce. En Rhône-Alpes, l'impulsion est venue de Corabio, l'antenne régionale de la Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB). Elle a facilité des accords entre quinze gros donneurs d'ordre comme Orange ou La Poste (20000 convives en tout) et leurs prestataires, pour porter la part du bio dans chaque restaurant à 20%. «Grâce à cette démarche, nous avons pu donner naissance à quatre grands groupements de producteurs, un pour chaque département, qui ont facturé en 2015 pour 900000 euros de marchandises», indique la chargée de mission, Mathilde Azzano.

Les cantines scolaires, enjeu stratégique

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La tendance est encore plus marquée dans les collectivités locales. Très active sur le sujet, la Ville de Paris veut parvenir à 50% de bio dans ses restaurants d'ici à 2020, contre 30% aujourd'hui. «Nous sommes le plus gros acheteur public de bio en France», souligne Célia Blauel, adjointe au maire chargée de l'environnement. Plus des deux tiers des cantines parisiennes en question sont en milieu scolaire, un créneau particulièrement stratégique. «Beaucoup de jeunes adultes viennent au bio après la naissance de leur premier enfant», précise Claude Gruffat. Une préoccupation qui n'échappe pas aux élus. «Alors qu'il n'y a pas si longtemps, le bio faisait hurler les maires d'arrondissement, aujourd'hui on constate une vraie volonté d'y aller et pas seulement à gauche», assure Célia Blauel.

Dans certaines municipalités, le bio à l'école a même enclenché un vrai cercle vertueux. Depuis 2012, à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), les menus des trois cantines scolaires sont 100% bio. La mairie est allée jusqu'à placer en régie une exploitation maraîchère de quatre hectares qui fournit 80% des légumes pour les 1000 repas quotidiens. Le prix du ticket-repas n'a pas pour autant augmenté. Le secret: la diminution du gaspillage. «En fonction de leur faim, les enfants ont le choix entre une grosse et une petite portion. Avec l'assurance de pouvoir se resservir, explique l'adjoint au maire Gilles Pérole. Nous sommes ainsi passés de 147 g à 30 g de déchets par repas.» Surtout, l'initiative a eu un impact hors des écoles. «85% des parents ont reconnu avoir modifié, depuis, leurs habitudes alimentaires, en préférant notamment les produits de saison, à cuisiner eux-mêmes, aux produits transformés.» Ce qui, accessoirement, leur fait réaliser des économies. Tout compte fait, le bio n'est pas aussi coûteux qu'on le prétend. En attendant, le Biocoop de Mouans-Sartoux est devenu l'un des plus rentables de France!

Label AB: un assouplissement contesté

Pour la majorité des consommateurs, les produits bio se reconnaissent au label AB. Quelles garanties apporte-t-il? Depuis 2009, la Commission européenne a harmonisé les cahiers des charges des labels en vigueur dans les différents États-membres - ils étaient auparavant assez disparates. Dans le processus, le «AB» français s'est fait un peu moins exigeant. Il assure que 95% des ingrédients d'origine agricole d'un produit transformé sont eux-mêmes certifiés bio. Le label tolère donc jusqu'à 5% d'additifs et autres auxiliaires. La réglementation accepte également jusqu'à 0,9% d'OGM. Pas très satisfaisant pour les puristes, qui se rabattent depuis sur d'autres labels «privés» plus exigeants, comme Nature et Progrès ou Bio Cohérence. Le fossé pourrait se creuser encore plus à l'avenir. Car une bataille est en cours à Bruxelles autour de la révision du règlement européen sur la production biologique. Et, pour beaucoup d'eurodéputés, il ne faut pas faire peser trop de contraintes sur les agriculteurs bio, sous peine de freiner le grand mouvement actuel de conversion.

Vin bio aux... sulfites

Au restaurant ou à la maison, nous sommes de plus en plus nombreux à trinquer «bio». Avec plus de 16 millions de cols vendus en 2015 pour un chiffre d'affaires de 646 millions d'euros, ce marché affiche une croissance annuelle de 13%. À tel point que la production ne suit pas... Jusqu'à 2012, seuls les raisins étaient certifiables. Les étiquettes se contentaient donc de mentionner «vin issus de raisins de l'agriculture biologique». Depuis cette date, la définition de nouveaux critères portant sur la vinification a fait apparaître la dénomination beaucoup plus «vendeuse» pour le grand public de «vin biologique». Bon à savoir: les règles en vigueur autorisent une liste restreinte d'additifs et l'utilisation «contrôlée» de sulfites.

Le boom du bio en chiffres

9 Français sur 10 consomment des produits bio, dont plus de 6 sur 10 au moins une fois par mois. 93% d'entre eux ont l'intention de maintenir ou d'augmenter le niveau de leurs achats.Le marché était en croissance de 14,7% en 2015 et de 20% sur les six premiers mois de 2016.Le chiffre d'affaires total était de 5,7 milliards d'euros en 2015 (6,9 milliards attendus pour 2016).1,3 million d'hectares étaient cultivés en bio en 2015 (1,5 million prévus d'ici à la fin de l'année, soit 5,8% de la surface agricole utile).Près de 6 restaurants collectifs sur 10 servent des produits bio et plus de 7 cantines scolaires sur 10.

Par Stefano Lupieri

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