Des Casques blancs fouillent les décombres d'immeubles détruits par des frappes à la recherche des victimes dans le quartier de Bustane al-Bacha à Alep le 4 octobre 2016?

Des Casques blancs fouillent les décombres d'immeubles détruits par des frappes à la recherche des victimes dans le quartier de Bustane al-Bacha à Alep le 4 octobre 2016

afp.com/THAER MOHAMMED

Candidats au prix Nobel de la paix, ils ne l'ont finalement pas remporté malgré une pétition signée par des milliers de personnes. Mais pour ces 3.000 secouristes, "sauver une vie reste le prix le plus important" qu'ils puissent recevoir, selon les propos de leur chef Raed Saleh.

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Tous volontaires et bénévoles, ils sont sortis de l'anonymat grâce à des vidéos poignantes relayées sur les réseaux sociaux, les montrant, casques sur la tête, se ruer sur les lieux bombardés pour extraire des survivants, notamment des enfants, ensevelis dans les décombres des immeubles détruits.

Ils n'ont parfois que leurs mains nues pour creuser.

Parmi ces vidéos les plus marquantes figure celle du Casque blanc Khaled, qui réussit miraculeusement à sortir vivant Mahmoud, un bébé de deux mois, après 12 heures de travail dans les ruines d'un immeuble d'Alep en 2014.

Khaled a été tué en août dans une frappe aérienne. Ce peintre et décorateur avait 31 ans et laisse derrière lui sa femme et ses deux enfants.

Au total, 142 Casques blancs ont perdu la vie depuis que le groupe a vu le jour en 2013, deux ans après les manifestations pacifiques pro-démocratie de mars 2011, réprimées dans le sang par le régime de Bachar al-Assad.

C'est en 2014, alors que leurs efforts commencent à être reconnus à l'étranger, que les équipes de la Défense civile sont surnommées les Casques blancs.

- 'Impartiaux' -

Les quelque 3.000 volontaires, dont 78 femmes, opèrent dans 120 centres dans huit provinces syriennes, uniquement en territoire rebelle. Ils affirment n'avoir pas le droit de travailler en zone gouvernementale.

Leur slogan, "Qui sauve une vie sauve toute l'Humanité", est tiré d'un verset du Coran. Ils insistent toutefois sur la neutralité des volontaires, qui volent au secours de toutes les victimes, indépendamment de leur religion.

"Nous sommes indépendants, neutres et impartiaux, nous ne sommes affiliés à aucun groupe politique ou armé", a récemment affirmé à l'AFP leur chef, Raed Saleh. "Nous sommes prêts à sauver des personnes, quelles que soient leurs affinités politiques ou religieuses".

Le groupe n'est pourtant pas épargné par ses détracteurs, partisans du régime syrien ou de la Russie.

Certains l'accusent d'être une marionnette aux mains des gouvernements soutenant la rébellion. D'autres affirment que des combattants ou même des jihadistes font partie des secouristes volontaires, faisant circuler des images de prétendus Casques blancs en civil portant des armes.

- 'Courage exceptionnel' -

Mais ces critiques restent minimes par rapport à la vague de soutien dont bénéficient ces volontaires, récompensés fin septembre par le prix suédois Right Livelihood, qui se veut un "Nobel alternatif". Ce dernier a loué "leur courage exceptionnel, leur compassion et leur engagement humanitaire".

Cette compassion a récemment été illustrée par un jeune Casque blanc qui, sur une vidéo ayant fait le tour du monde, éclate en sanglots en tenant dans ses bras une fillette de quatre mois sortie des décombres à Idleb.

"Nous avons mis deux heures pour l'extraire, et grâce à Dieu elle est vivante", dit-il. Ses larmes se mêlent aux plaintes, plus discrètes, de Wahida, le bébé blessé et couvert de poussière qui s'agrippe à ses vêtements.

Les enfants représentent une part importante des plus de 300.000 personnes tuées depuis le début de la guerre, qui a également provoqué un véritable exode de Syrie et engendré une grave crise humanitaire.

Certains Casques blancs ont reçu une formation à l'étranger, prenant ensuite la relève en Syrie pour à leur tour former d'autres volontaires aux techniques des opérations de recherche et de sauvetage.

La recherche d'abris, la lutte contre les incendies ou la réparation des réseaux d'eau ou d'électricité font partie de leurs autres missions.

Le groupe est financé par plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Japon ou les Etats-Unis. Il reçoit également des dons de particuliers pour l'achat de matériel, dont leurs fameux casques qui coûtent 144,64 dollars (129 euros) l'unité.

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