L'ancien président Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite, le 1er octobre 2016 aux Sables-d'Olonne

Pour asseoir son discours, Nicolas Sarkozy s'appuie souvent sur des informations erronées.

afp.com/JEAN-FRANCOIS MONIER

Répéter un mensonge n'en fera jamais une vérité. Chez Nicolas Sarkozy, ce n'est pourtant pas faute d'essayer. Depuis plusieurs semaines, malgré les vérifications scrupuleuses faites par la presse de nombre de ses propos sur ses démêlées avec la justice, l'immigration ou encore les retraites, l'ex-chef de l'Etat qui aspire à le redevenir, candidat à la primaire à droite, répète des affirmations erronées. La preuve par cinq.

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Non, Nicolas Sarkozy n'a pas bénéficié de cinq non-lieux

Pour mettre le plus de distance entre lui et ses démêlées avec la justice à l'approche de la primaire, l'ancien chef de l'Etat affirme en boucle qu'à chaque fois que son nom apparaît dans une affaire, il en ressortirait blanchi. Pour asseoir sa probité, il assure qu'il a bénéficié de cinq non-lieux.

Un argument énoncé mercredi, sur Radio classique -"Vous pourriez dire que j'ai obtenu encore un non-lieu, le 5e, mais ça personne n'en parle"- qui avait déjà été entendu une semaine auparavant sur Europe1 et plus tôt sur France 2. Problème: c'est faux.

Comme l'explique L'Obs, Nicolas Sarkozy a bénéficié d'un non-lieu dans le volet abus de faiblesse de l'affaire Bettancourt et un non-lieu général a été prononcé dans l'affaire des pénalités imposées, mais payées par l'UMP, pour le dépassement de son plafond de dépenses de campagne en 2012. Nicolas Sarkozy, présumé innocent, reste mis en examen dans l'affaire des "écoutes" et dans le dossier Bygmalion, pour "financement illégal de campagne électorale". Le parquet a requis son renvoi devant le tribunal correctionnel.

Les centres de déradicalisation existent déjà

Depuis des mois, Nicolas Sarkozy réclame l'ouverture de centres de déradicalisation pour lutter contre les djihadistes et le terrorisme. "Il faut créer [ces] centres", tonne-t-il au lendemain des attentats du 13 novembre. L'idée, déjà dans les cartons depuis plus d'un an, est officialisée le 25 janvier 2016: des quartiers de déradicalisation seront mis en place dans certaines prisons. Le 9 mai, Manuel Valls annonce la création de centres de déradicalisation dédiés -à terme un par région- en France. Le premier a ouvert ses portes en Indre-et-Loire en septembre

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Pourtant, Nicolas Sarkozy continue de réclamer des centres de déradicalisation. Sur TF1, après l'attentat de Nice, il se désolait qu'aucun centre "n'ait été ouvert en 18 mois". Lors de son passage dans L'émission politique, il réclamait à nouveau la création de tels centres. Le premier a donc ouvert ses portes en septembre et treize autres sont prévus.

Il est toujours impossible d'enfermer les fichés S

Entre la volonté vaine et l'injonction impossible à mettre en oeuvre, Nicolas Sarkozy répète pourtant à l'envie -au JT de TF1 en juillet dernier, sur France 2 en septembre- qu'il veut placer en rétention administrative, sans contrôle judiciaire a priori, les personnes fichées S au nom du "principe de précaution".

Une demande qui est, en l'état actuel du droit, parfaitement inapplicable comme l'a démontré L'Express, Le Monde ou encore l'Obs mais aussi le Conseil d'Etat, en novembre 2015. Nicolas Sarkozy n'a pas pu passer à côté.

Non, un lycéen sur deux ne sera pas centenaire

C'est l'argument massue pour justifier l'allongement de la durée du travail voulu par Nicolas Sarkozy à 64 ans à l'horizon 2025: "Presque un lycéen sur deux sera centenaire!", assure-t-il sur France 2, en septembre. Comprenez: comme l'être humain vivant plus longtemps, il doit travailler plus longtemps. CQFD.

Problème: l'argument est "farfelu" assure Libération qui l'a décortiqué... en 2011. Il provient d'un malentendu qui remonte aux débuts des années 2000. D'après l'Ined, l'Institut national d'études démographiques, 11% des enfants nés en 2000 pourraient devenir centenaires. Pas un sur deux.

Non, 5% des délinquants ne font pas 50% de la délinquance

C'est une des affirmations préférées de Nicolas Sarkozy, qu'il a toutefois mise de côté depuis quelques mois, non sans l'avoir usée jusqu'à la corde depuis 2007. Selon lui, la moitié des crimes et des délits sont le fait d'une toute petite partie des délinquants. Une contre-vérité imprimée noir sur blanc dans son livre La France pour la vie, paru au début de l'année.

Comme l'explique Libération et Le Monde, cette statistique est issue d'une étude déclarative, et non pas d'une enquête chiffrée, menée par un sociologue en 2001 et qui ne concernait que des mineurs, que Nicolas Sarkozy a ensuite généralisée puis répétée, malgré les explications apportées par la presse. Un mensonge parmi 17 autres qui lui vaudra d'être sacré "meilleur menteur en politique" début 2015.

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