“L’Éthiopie sous loi martiale”, titre Addis Fortune. Dans un discours à la télévision nationale EBC, dimanche 9 octobre, le Premier ministre Hailemariam Desalegn a décrété l’état d’urgence pour une période de six mois. Il a notamment déclaré :

 
L’état d’urgence est nécessaire parce que la stabilité de notre pays est compromise.”

Voilà près d’un an que ce pays d’Afrique de l’Est est en proie à un mouvement de contestation antigouvernementale sans précédent depuis la chute de la dictature communiste de Mengistu Haïlé Mariam en 1991. Cette révolte, née en réaction à un projet d’expropriation, est menée par les communautés oromo et amhara, majoritaires dans le pays mais qui s’estiment marginalisées par le gouvernement largement dominé par des Tigréens du nord.

“La loi martiale est une mesure extrême que le gouvernement est obligé de ne prendre qu’en temps de guerre ou de troubles gravissimes. C’est une prise de pouvoir de l’armée et surtout une restriction des libertés civiles. Les forces de l’ordre ont un droit de perquisition et de saisie déraisonnables, et toute la liberté de réunion et de mouvement est mise en veilleuse”, précise le journal d’Addis-Abeba.

“Le gouvernement opte pour la répression”, note Simon Allison dans le Daily Maverick. Ce fin connaisseur de l’Éthiopie prédit des jours sombres pour le parti unique au pouvoir :

Pour la première fois en une décennie, les mouvements d’opposition en Éthiopie se sont ragaillardis et ne se laissent pas décourager par les tactiques répressives du gouvernement.”

La peur s’est estompée et la dictature voit son autorité “s’éroder rapidement et être fragilisée par chaque nouvelle série de manifestations”. D’ailleurs, le journaliste rappelle : “L’an dernier, il était impensable que des centaines d’Éthiopiens puissent se rassembler, bravant la terreur de la dictature en criant des slogans anti-gouvernement et en croisant les bras au-dessus de leur tête dans un geste de défi !”