L'autodestruction du Parti Socialiste espagnol racontée par les internautes

Pedro Sánchez, protagonista de una crisis política vivida con enorme intensidad en las redes sociales

Pedro Sánchez, protagoniste d'une crise politique intensément vécue sur les réseaux sociaux. Photo : eldiario.es sous licence CC BY-SA

[Billet d'origine publié en espagnol le 3 octobre] Ces dernières semaines ont vu l'accélération de la crise interne du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), en gestation depuis des mois. Le blocage de la vie politique en Espagne et les mauvais résultats obtenus par le PSOE aux élections de cette dernière année ont provoqué la fracture définitive du parti, dont une faction de contestataires, le courant plus conservateur, attribue la succession de revers au secrétaire général, Pedro Sánchez.

Les élections autonomes du 25 septembre au Pays Basque et en Galice, qui ont confirmé la tendence à la baisse pour le PSOE, ont sans doute été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour les opposants. Ceux-ci ont attribué le désaveu des électeurs au refus obstiné de Pedro Sánchez de faciliter l'investiture de Mariano Rajoy et la formation d'un gouvernement d'union nationale par le Parti Populaire.

Mercredi 28 septembre, un groupe de frondeurs, avec à sa tête le dirigeant historique Felipe González et la présidente de l'Andalousie Susana Díaz, donna un coup de volant en démissionnant de ses postes dans l'Exécutif Général du parti, dans le but de forcer la dissolution de l'organe directeur et la démission de son secrétaire général. Si au début le groupe des proches de Pedro Sánchez campa sur ses positions, au comité fédéral du samedi 1er octobre les frondeurs s'imposèrent, ce qui déboucha sur la démission du secrétaire général et la création d'une structure provisoire chargée de gérer le parti jusqu'à la réunion d'un congrès extraordinaire qui élira les nouveaux dirigeants.

Sur ce thème, tous les Espagnols et pas seulement les militants du PSOE, ont leur mot à dire, et les premiers à exprimer leurs opinions furent les internautes, qui ont fait de ce sujet le plus commenté du réseau dans la semaine qui a suivi. Il s'agit quand même du naufrage d'un parti à l'histoire plus que centenaire, et de la possibilité d'une « pasokización », en référence à la quasi disparition du parti socialiste grec (PASOK) en 2015.

Le blogueur Aldros, qui se définit comme « libéral, conservateur, pro-vie », dans son article «¿Y si desapareciera el PSOE? » [Et si le PSOE disparaissait ?] dissèque cette éventualité :

Si le PSOE disparaissait il ne se passerait rien. Rien. Les partis sont des outils, utiles pendant qu'ils existent. C'est tout. Je ne dis pas qu'il serait souhaitable qu'il disparaisse, ni l'inverse. Mais que s'il n'était plus là, il ne se passerait rien d'autre que cela. Et qu'il naîtrait un ou plusieurs autres partis… Une société n'est pas un organisme statique. Les individus qui la constituent la font évoluer. Si les partis ne s'adaptent pas, ils meurent. C'est tout.

L'écrivain Lorenzo Silva, dans une tribune du journal El Español intitulée El fusible évoque « la violence de l'attaque, la perte de toute tenue et l'abandon de toutes les manières les plus élémentaires », avant de conclure :

Ce que cette semaine a fini de détruire, et pour longtemps, c'est le crédit que conservera le parti qui fut la référence de la gauche espagnole.

Sur Twitter, le déluge de commentaires a fait de « PSOE », « Ferraz » (adresse du siège national du parti), « Pedro Sánchez », « Susana Díaz » et des mots-dièses comme #SauverlePSOE les tendances parmi les plus populaires de la semaine sur les réseaux sociaux. Certains Twittos s'en sont pris à ce qu'il considèrent comme une trahison des frondeurs du parti :

“Le plus triste dans la Trahison est qu'elle ne vient jamais de ses ennemis”

Je ne sais pas si je vais me mettre un épisode du Trône de Fer ou suivre les Lannister de la chaux vive dans l'#EpopéepsoecriseARV

D'autres ont signalé les bénéfices que les autres forces politiques tireront de l'instabilité du PSOE :

Humour | Merci, le PSOE !

Volatilisé ! [ Ciudadanos : “pop-corn ?” Podemos : “une petite bière ?”]

Même le compte officiel de « House of Cards », la série télévisée qui dépeint la manipulation politique du pouvoir, a eu quelques mots pour Pedro Sánchez :

Des moments comme ça exigent que quelqu'un agisse et se charge de faire ce qui est désagréable, et nécessaire. Si tu as besoin de moi, demande DM.

Le journaliste britannique Owen Jones a demandé aux Twittos espagnols de lui expliquer ce qui s'est passé au Parti Socialiste :

Quelqu'un en Espagne peut m'expliquer ce qui arrive au juste au PSOE ?

La réponse des Twittos espagnols a été aussi caustique que généreuse :

Il semble qu'il y a une différence d'opinion entre les deux courants principaux du PSOE. Différence de dimension plus ou moins galactique.

Vous vous rappelez le Cirque Volant des Monty Python ? Eh bien, c'est le même cirque.

Ils font « La mort de Julio César : le remake »

Et, tout compte fait, il y a des choses plus importantes dans la vie :

La crise du PSOE ne m'a pas empêché de manger un sandwich d'omelette à la saucisse long comme mon avant-bras. !!!

La démission de Pedro Sánchez ouvre une période d’incertidude pour le PSOE et la gauche espagnole. Nombreux sont les militants et les électeurs socialistes qui ne partagent pas le tournant à droite apparemment pris par leur parti, ni ne souhaitent que soit facilitée la formation d'un gouvernement conservateur menée par Mariano Rajoy, considérée comme un fait accompli. C'est ce que résume dans un tweet Alberto Garzón, coordinateur général de Izquierda Unida [Gauche Unie] :

Le PP a remporté l'élection rue Ferraz.

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