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Amazon est-il un si gros employeur que ça en France?

Un entrepôt Amazon (image d'illustration)

Un entrepôt Amazon (image d'illustration) - Denis Charlet - AFP

Alors qu'il vient d'annoncer le recrutement de 6.500 saisonniers pour Noël, Amazon est depuis quelques années l'un des plus gros recruteurs de France. Pourtant, par rapport à des entreprises comparables en termes de chiffre d'affaires, l'américain emploie beaucoup moins de monde.

Amazon va battre des records d'embauche pour Noël. Le e-commerçant vient en effet d'annoncer qu'il allait devoir pourvoir 6.500 postes pour la fin d'année. Des postes répartis dans ses différents entrepôts français. Ils seront ainsi 2.750 de plus à Saran (Loiret), 2.050 à Lauwin-Planque (Nord), 950 à Montélimar (Drôme) et 750 à Sevrey (Saône et Loire). Évidemment, il s'agira pour la majorité d'emplois saisonniers afin de suivre la cadence des commandes de Noël. Mais un millier de CDI tout de même seront concernés. 

En quelques années, le site de e-commerce est ainsi devenu un gros recruteur dans l'Hexagone. À la différence des autres géants américains de l'internet (Facebook, Google, Apple...) qui ne disposent en France que d'un bureau et de quelques dizaines de cadres, Amazon devient un acteur important de l'emploi en France. La firme qui a investi 1,5 milliard d'euros dans le pays depuis 2010 comptera d'ici la fin de l'année quelque 4.000 salariés. Soit 33% de plus qu'il y a un an. Et l'ouverture prochaine d'un nouveau centre de distribution à Amiens ainsi que le développement de celui de Lauwin-Planque devraient permettre la création de 750 emplois dans les Hauts-de-France. Des employés plutôt bien rémunérés si l'on en croit Amazon puisque "après 6 mois en CDI, le salaire des employés se situerait au-dessus de la moyenne du secteur et plus de 23% au-dessus du Smic", assure l'américain dans un communiqué.

Amazon emploie trois fois moins que Darty ou la Fnac

Pour autant, cette montée en puissance d'Amazon est-elle profitable pour l'économie française et l'emploi? C'est là que ça se complique. Car par rapport à des entreprises du secteur du commerce de chiffre d'affaires comparable, l'américain est un petit employeur. Selon les estimations du Journal du Net, Amazon aurait réalisé en France en 2014 entre 1,8 et 2,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Vu la croissance annuelle du géant qui se situe autour de 20%, cela représenterait un chiffre d'affaires pour 2016 estimé entre 2,5 et 3,7 milliards d'euros. Le tout donc avec 4.000 salariés. Ce qui est bien en-dessous des standards pour une entreprise de commerce à l'activité équivalente. Voici le chiffre d'affaires réalisé en France en 2015 ainsi que les effectifs de quelques entreprises du secteur selon LSA:

-Fnac: 2,78 milliards d'euros - 12.000 salariés

-Darty: 2,95 milliards d'euros - 12.000 salariés

-Castorama: 2,92 milliards d'euros - 12.600 salariés

-Decathlon: 3,2 milliards d'euros - 15.000 salariés

-Galeries Lafayette: 3,4 milliards d'euros - 15.000 salariés

Ces entreprises concurrentes d'Amazon et qui ont une activité commerciale équivalente à celle du géant américain emploient donc en moyenne plus de trois fois plus de personnes. Elles disposent elles de magasins et proposent donc toutes sortes de métiers inutiles pour Amazon (hôte de caisse, commercial en magasin, étalagiste-décorateur etc.). Pour rendre un service "équivalent" (vendre des produits à des clients), Amazon emploie donc trois fois moins de gens. Certes, Amazon ne vend pas que les produits de ses entrepôts. Des milliers de commerçants vendent des produits sur la marketplace du géant pour un volume d'affaires qui représenterait entre 40 et 45% du chiffre d'affaires du site. Une activité que le site a complété en ouvrant récemment une boutique consacrée à l'artisanat "Made in France". Autant d'activités qui contribuent certainement à l'emploi en France. Mais dans quelle proportion? Impossible à chiffrer. 

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco